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Hommage au policier tué : il faut des "réformes de fond" avec "une remise à plat des moyens" et des "missions"

A l'occasion de la cérémonie qui s'est tenue, mardi, en mémoire du policier tué lors de l'attaque sur les Champs-Elysées, le docteur en sciences politiques Mathieu Zagrodzki estime qu'"il y a une réflexion à mener sur l'insertion de la police dans la société"

Article rédigé par franceinfo
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Cérémonie de l'hommage national rendu mardi 25 avril 2017 au policier tué lors des attentats sur les Champs-Elysées. (BERTRAND GUAY / AFP)

Lors de la cérémonie mardi 25 avril en mémoire de Xavier Jugelé, le policier tué jeudi dernier lors de l'attaque sur les Champs-Elysées, François Hollande a lancé un message aux Français, mais aussi aux élus, alors que Marine Le Pen et Emmanuel Macron assistaient à cet hommage. "Aux élus ici présents qui auront à décider pour demain, je leur demande d'accorder les ressources budgétaires nécessaires, pour recruter les personnels indispensables à la protection de nos concitoyens, et pour leur fournir les moyens d'agir encore plus efficacement", a déclaré le chef de l'État.

Mathieu Zagrodzki, docteur en sciences politiques et chercheur associé au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions, a pointé sur franceinfo "une évolution des missions policières depuis quelques années" avec "une surcharge dans les tâches qui sont peu valorisantes". Pour lui, "il y a une réflexion à mener sur l'insertion de la police dans la société"

franceinfo : Le rôle du policier aujourd'hui, c'est d'abord de protéger les Français du terrorisme ?

Mathieu Zagrodzki : C'est sûr qu'il y a une évolution des missions policières depuis quelques années. Il y a tout un tas de changements qu'on a pu observer et certains sont visuels. Notamment dans l'équipement des policiers qui sont maintenant équipés de gilets très lourds qui font une trentaine de kilos. On a des policiers, notamment ceux des brigades anti-criminalité et des unités de voie publique, qui généralement s'occupent de moyenne et petite délinquance, qui désormais sont dotés de fusils d'assaut pour pouvoir réagir à une attaque terroriste pour être les primo-répondants dans ce genre de situation. Il y a un changement dans les missions, dans l'équipement, des évolutions dans la formation et une surcharge dans les tâches qui sont peu valorisantes.

Xavier Jugelé, quand il a été abattu, il était en sécurisation devant l'office du tourisme de Turquie

Mathieu Zagrodzki, docteur en sciences politiques

à franceinfo

Et ce genre de mission de protection de sites sensibles, d'écoles ou de logements de personnalités, s'est démultiplié ces dernières années.

L'attentat de jeudi dernier a montré que les forces de l'ordre étaient des cibles. L'avait-on oublié ?

Je ne sais pas si on l'avait oublié. En tout cas c'est une évidence, que les porteurs d'uniformes sont des cibles. Au Louvre et à Orly, ce sont des militaires de l'opération Sentinelle qui ont été visés. Là, c'était un policier.

Au moment de l'attentat de Charlie Hebdo, on oublie souvent qu'une jeune policière municipale de Montrouge, Clarissa Jean-Philippe a été abattue. Elle n'était pas armée, mais elle portait un uniforme.

Mathieu Zagrodzki, docteur en sciences politiques

à franceinfo

Il y a eu les attentats terroristes certes, il ne faut pas oublier non plus ce qui s'est passé à Aulnay-Sous-Bois il y a deux mois, et surtout la grogne des policiers à l'automne. Il y a donc un continuum de l'actualité liée à la place des policiers dans la société française. Il y a des policiers qui se plaignent déjà d'être surmenés. Il y a 19 millions d'heures supplémentaires qui ont été accumulées dans la police. Il y a une fatigue évidente et un malaise qui a explosé après l'affaire de Viry-Châtillon quand un véhicule de police avait été incendié avec deux blessés extrêmement graves parmi les forces de l'ordre.

Quel est l'état d'esprit dans la police dans ce contexte ?

Les policiers se plaignent de ne pas être respectés, de ne pas avoir de moyens matériels suffisants avec des véhicules qui ne marchent pas, des bâtiments vétustes. Et donc au-delà de la question terroriste qui est essentielle, il y a besoin d'avoir un débat sur l'organisation des forces de l'ordre dans ce nouveau contexte, du renseignement pour que le terrorisme soit stoppé. Il y a une réflexion à mener sur l'insertion de la police dans la société, son rapport à la population, le respect que cette police reçoit de la population et qu'elle accorde à la population.

Il faut espérer que les dix jours qui viennent soient féconds en bonnes idées et en débat constructif en la matière.

Mathieu Zagrodzki

à franceinfo

J'aime bien penser que quelque chose de positif va ressortir de ce drame, ce serait par exemple avoir une forme de remise à plat des moyens de la police et de la gendarmerie de leurs missions et de ne pas être dans les polémiques, dans la récupération, pour avoir une discussion apaisée et des réformes de fonds.

Mathieu Zagrodzki : "J'aime bien penser que quelque chose de positif va ressortir de ce drame"

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