"Un membre de notre famille qu'on n'oubliera jamais" : au lendemain de l'attaque terroriste à Arras, l'hommage des élèves et de ses collègues à l'enseignant tué vendredi
Des élèves et des professeurs sont venus samedi matin dans l’établissement, accueillis par les professionnels de la cellule psychologique. Parmi eux, Antoine, en classe de première, pas encore 16 ans, vient justement pour parler, se décharger. Il est en état de choc après ce qu’il a vécu hier : "Lorsque les vidéos ont tourné, c'était vraiment la panique pour tout le monde. On s'est réfugiés dans les classes et on a pris toutes les tables, toutes les chaises, on les a mises contre la porte, qu'on a fermée à clé. On a mis d'autres tables contre les fenêtres et on a attendu."
"C'était horrible. Je pense que c'était les trois heures les plus longues de ma vie."
Antoine, lycéen à Arrasà franceinfo
Il parle sans hésitations ni trémolos dans la voix. Mais c’est à l’intérieur qu’il est traumatisé. D’autres élèves sont eux, en pleurs. Marie et Lilou sont émues, mais aussi en colère face aux commentaires sur internet qu’elles observent depuis hier. En colère contre "tous les gens qui parlent alors qu'ils n'étaient pas là..." "Ils ne savent pas ce qu'on a vécu".
Quelques professeurs sont également rentrés dans le lycée, souvent à plusieurs, pour se soutenir. Au-delà des élèves et enseignants du lycée, de nombreux habitants d’Arras tiennent à rendre hommage au professeur tué. La plupart se recueillent quelques instants, déposent des fleurs. Les bouquets s'accumulent devant les portes du lycée.
L'hommage des anciens élèves et des collègues enseignants
Plusieurs anciens élèves, qui gardent de très bons souvenirs de leurs années dans l'établissement, ont également fait le déplacement, voulant témoigner de leur solidarité. "C'était un professeur très gentil, toujours très bienveillant envers ses élèves, d'une grande écoute", témoigne une jeune femme qui a eu Dominique Bernard comme professeur de français au collège.
Parmi les habitants, les enseignants sont forcément particulièrement émus. Une professeure d’économie-gestion, qui travaille dans un autre lycée, juste à côté, est venue déposer un gros bouquet de fleurs jaunes : "J'ai besoin de montrer notre soutien. Au nom de notre profession, c'est extrêmement important de lui rendre hommage. Comme Samuel Paty, c'est un membre de notre famille qu'on n'oubliera jamais. Je ne sais pas comment je vais me comporter lundi devant ma classe, trouver les mots pour leur expliquer ce qui se passe..."
C’est une onde de choc qui traverse aujourd’hui cette petite ville paisible d’Arras.
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