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Une salariée de la mairie de La Courneuve qualifie l'auteur de l'attaque de Marseille de "martyr" : la polémique en 6 actes

Sonia Nour, collaboratrice et membre du cabinet du maire PCF de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), a été suspendue après avoir publié un message sur les réseaux sociaux qualifiant Ahmed Hanachi de "martyr".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un policier devant la gare Saint-Charles à Marseille (Bouches-du-Rhône), où un homme a attaqué au couteau et tué deux jeunes femmes, dimanche 1er octobre 2017. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Son message a rapidement fait scandale. Sonia Nour, membre du cabinet du maire PCF de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), a provoqué une vive polémique en relativisant les actes de terrorisme et en qualifiant Ahmed Hanachi, l'auteur de l'attaque au couteau à Marseille, de "martyr" sur les réseaux sociaux. 

Cette chargée de mission s'est défendue sur Facebook, mais a depuis été suspendue de son poste. Franceinfo vous détaille cette polémique en six actes. 

Acte 1. Sonia Nour évoque "un martyr" en parlant du meurtrier de Marseille 

Au lendemain de l'attaque sur le parvis de la gare Saint-Charles, à Marseille, Sonia Nour prend la parole sur les réseaux sociaux. La jeune femme évoque l'ampleur donnée à l'acte d'Ahmed Hanachi, qui a tué deux jeunes cousines, dimanche 1er octobre en début d'après-midi. Cette collaboratrice du maire de la Courneuve définit alors l'agresseur comme un "martyr".

"Quand un martyr égorge une femme et poignarde une autre là ça fait du bruit. Terrorisme, du sang, civilisation Bla Bla Bla...", écrit la collaboratrice du maire de La Courneuve sur le réseau social. "Par contre, que le terrorisme patriarcal nous tue tous les deux jours on l'entend moins votre grande gueule", ajoute-t-elle, faisant référence aux violences contre les femmes. 

Acte 2. Le maire de La Courneuve réagit et suspend sa collaboratrice

Mardi, le maire communiste de La Courneuve, Gilles Poux, réagit rapidement aux propos de sa collaboratrice, qu'il qualifie d'"excessivement graves". Il publie un communiqué de presse sur Twitter, dans lequel il annonce la suspension de Sonia Nour. 

"Ces propos qui minimisent et banalisent des actes de terrorisme d'une sauvagerie inouïe ne méritent que la condamnation", défend Gilles Poux dans son communiqué. "Je pense particulièrement aux familles de ces deux jeunes femmes lâchement assassinées à Marseille ce dimanche, qui doivent être légitimement révoltées", poursuit-il. L'élu annonce alors avoir "décidé sans attendre de lancer une mesure disciplinaire accompagnée d'une suspension à effet immédiat à l'encontre de madame Sonia Nour, en attendant que l'instruction administrative aboutisse". 

Acte 3. La chargée de mission se défend

Face aux réactions, Sonia Nour tente de préciser ses propos sur Facebook. "Le mot martyr ne veut pas dire 'le juste'", défend-elle, assurant qu'elle emploie ce mot "dans le sens psychanalytique du terme (...) d'un point de vue narcissique"

"En France, nous avons l'équivalent d'un Bataclan chaque année pour les femmes", poursuit la fonctionnaire territoriale. "En quoi le crime dit 'islamiste' serait plus atroce que le crime de femmes par leur conjoint ou ex... ?"

"Je n'ai jamais fait d'apologie du terrorisme", assure la jeune femme dans un autre post Facebook. Le porte-parole du Front national et conseiller régional, Jordan Bardella, a annoncé avoir saisi le procureur de la République de Bobigny à ce sujet. 

Acte 4. La suppléante de François Ruffin se montre solidaire de Sonia Nour

Mardi 3 octobre, sur son compte Twitter, la suppléante de François Ruffin, Zoé Desbureaux exprime son "soutien total à Sonia Nour, qui subit les pressions de la fachosphère et de la gauche cassoulet".  

Elle dit aussi sa "tristesse de voir que la gauche cède à la propagande et à la désinformation fasciste". "Force à toi, Sonia, tu n'es pas seule", ajoute-t-elle. Cependant, en fin de soirée mardi sur Twitter, elle protège l'accès à ses tweets.

Acte 5. Richard Ferrand interpelle Jean-Luc Mélenchon

Mercredi 4 octobre, le chef de file des députés de La République en marche, Richard Ferrand, demande à son homologue de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, de s'exprimer sur les déclarations de Zoé Desbureaux "banalisant" le meurtre de deux jeunes femmes à Marseille.

"Il n'est pas possible que le président Mélenchon n'ait pas une expression publique pour dire s'il approuve ou désapprouve les déclarations de la suppléante" de François Ruffin, "qui banalisent ce qui s'est passé à Marseille", déclare à l'AFP l'élu du Finistère. Les propos de Zoé Desbureaux sont "extrêmement choquants", ajoute-t-il.

Acte 6. Mélenchon et Ruffin se désolidarisent

Mercredi 4 octobre dans la soirée, les députés de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin se désolidarisent de Zoé Desbureaux. "Je condamne toute ambiguïté sur le sujet, quels qu'en soient les intentions ou les prétextes", a indiqué dans un communiqué le leader de La France insoumise. "J'ai toujours condamné en toutes circonstances le meurtre. J'ai toujours condamné les assassins, les actes terroristes. J'ai toujours condamné l'islamisme politique", poursuit-il.

François Ruffin estime pour sa part qu'il s'agit "pour le moins d'une manière bien maladroite de défendre la cause des femmes". "Je ne peux qu'énoncer des banalités : d'abord, mon évidente solidarité avec les familles des victimes de ces attentats ; ensuite, ma réprobation devant tout propos qui euphémise la violence terroriste. Et bien sûr, un psychopathe de ce genre n'est en rien un 'martyr'", souligne encore le député de la Somme.

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