Amal Bentounsi, qui dénonce les violences policières, passe une nuit en garde à vue après avoir filmé une interpellation
La fondatrice du collectif Urgence notre police assassine a assisté à un contrôle de police à Meaux (Seine-et-Marne) et a décidé de le filmer, mercredi soir. Elle a été interpellée, puis relâchée jeudi 8 juin.
Militante contre les violences policières, Amal Bentounsi a été arrêtée, mercredi 7 juin, dans la soirée, puis placée en garde à vue à Meaux (Seine-et-Marne) pour avoir filmé et diffusé les images d'une interpellation. Elle a été relâchée jeudi. Le parquet de Meaux doit maintenant "apprécier l'opportunité des poursuites", a précisé une source policière à l'AFP. D'après Sihame Assbague, une autre militante, un agent la poursuit pour "outrage" et "rébellion", tandis que de son côté, Amal Bentounsi a porté plainte pour violences et menaces de mort.
Amal Bentounsi est la fondatrice du collectif Urgence notre police assassine, qui vient en aide aux personnes qui se disent victimes de violences policières. Elle a créé ce collectif après la mort de son frère, Amine Bentounsi, un homme recherché par la police pour des braquages, qui a été tué d'une balle dans le dos par un policier en 2012, alors qu'il tentait de fuir. En mars, ce policier a été condamné en appel à cinq ans de prison avec sursis. Le tribunal a estimé qu'il n'avait pas agi en état de légitime défense.
"J'ai le droit de filmer"
Amal Bentounsi est soupçonnée d'avoir "capté et transmis" les images d'une arrestation, qui a eu lieu mercredi vers 20 heures à Meaux (Seine-et-Marne), "sans avoir flouté le visage des fonctionnaires", a ajouté cette source. Selon une proche de la militante contactée par le Bondy Blog, Amal Bentounsi a eu connaissance de l'arrestation d'un jeune dans le quartier de la Pierre Collinet à Meaux, où elle a grandi et où elle rendait visite à sa mère. Elle a alors assisté au contrôle de police et a décidé de le filmer.
Un policier est venu lui parler au bout de trois minutes, selon le Bondy Blog qui retranscrit l'échange, mis en ligne sur la page Facebook du collectif Urgence notre police assassine. "J'ai le droit de filmer", lui lance-t-elle. "Oui vous avez le droit mais j'ai le droit de vous contrôler aussi, vous allez le mettre sur internet, c'est un délit", affirme le policier, lui demandant alors une pièce d'identité qu'elle lui tend.
"Un policier ne peut pas, en principe, s'opposer à l'enregistrement"
"Je fais partie d'un collectif, l'Observatoire national des violences policières, je filme au cas où, c'est par sécurité, explique Amal. Dans l'exercice de vos fonctions, j'ai le droit de diffuser la vidéo et je ne vous filme pas le visage". De fait, elle prend soin de ne filmer que le buste du policier qui lui parle. Mais d'autres policiers apparaissent un peu plus loin dans le champ de son portable. Or, les policiers peuvent demander le floutage de leur visage, mais seulement s'ils estiment que la vidéo porte atteinte à leur anonymat et à leur sécurité, ou qu'elle perturbe le bon déroulement de l'enquête.
Car "un policier ne peut, en principe, s'opposer à l'enregistrement ni à la diffusion d'images ou de sons", comme le rappelle une circulaire qui date du 23 décembre 2008. "Il est donc exclu d'interpeller pour cette raison la personne effectuant un enregistrement, qu'elle appartienne à la presse ou non, ainsi que de lui retirer son matériel ou de détruire l'enregistrement ou son support : une telle action exposerait son auteur à des poursuites disciplinaires et judiciaires", précise la circulaire.
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