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Comment Sarkozy peut brouiller les vidéos des tueries de Merah

Le président a promis d'empêcher par tous les moyens la diffusion par des télés des images filmées par le "tueur au scooter". De quels moyens le chef de l'Etat dispose-t-il pour cela ? FTVi en fait le tour.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Nicolas Sarkozy s'est dit prêt, mardi 27 mars 2012, à bloquer le signal des télévisions qui diffuseraient les images des tueries de Mohamed Merah. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Le brouillage, c'est la menace brandie, mardi 27 mars, par Nicolas Sarkozy à l'adresse des chaînes de télévision qui décideraient de diffuser les images des tueries de Toulouse et Montauban de Mohamed Merah. Une mesure radicale envisageable pour un État, mais qui comporte des risques. 

• "Tout ce qu'il faut pour empêcher la diffusion du signal"

En marge d'un déplacement de campagne à Guérande (Loire-Atlantique), le président de la République a salué la décision "raisonnable" de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera de ne pas montrer les images des tueries du Sud-Ouest en sa possession. Il a également promis d'empêcher leur diffusion éventuelle par d'autres chaînes. Si "des télévisions appartenant ou proches d'organisations propageant des idées terroristes" décidaient de retransmettre la vidéo, "nous n'hésiterons pas à faire ce qu'il faut pour empêcher la diffusion du signal", a menacé Nicolas Sarkozy.

• Les techniques possibles

Seul un Etat a les capacités de brouiller le signal d'une chaîne de télévision. Une fois la fréquence identifiée, il faut pouvoir être en mesure d'envoyer au satellite qui la diffuse un signal suffisamment puissant pour écraser l'original. Les Etats possèdent des antennes de cette taille mais la méthode reste interdite par les lois internationales. 

D’autres techniques existent, comme celle consistant à brouiller localement le signal au niveau de la réception en installant par exemple des antennes dédiées dans les tours d’une ville. Les Iraniens l’ont utilisée mais seule la capitale Téhéran a été touchée, rappelle le quotidien suisse Le Temps

• Des précédents 

Les exemples de brouillage d'ondes par des Etats sont fréquents. Ainsi, la principale chaîne d'informations en continu en arabe, Al Jazeera, a affirmé en février 2011, que ses émissions avaient été interrompues sur un satellite relevant du gouvernement égyptien et subissaient aussi des brouillages sur d'autres satellites diffusant dans tout le monde arabe. L'Egypte était alors en pleine révolution.

Plus récemment en Iran, la chaîne de télévision BBC Persian, qui émet en farsi, aurait été perturbée par des "cyber-attaques de haut-vol" lancées par la République islamique d’Iran, a annoncé le 16 mars le directeur général de la BBC, qui ne peut cependant rien prouver. Elles se seraient produites le 1er mars et auraient empêché les journalistes de la chaîne de faire leur travail, bloquant leur accès internet et leurs boîtes mails. Ces attaques auraient atteint les serveurs de la chaîne alors qu’au même moment, deux de ses satellites auraient subi une tentative de brouillage.

• Des risques de dégâts collatéraux

Selon un ancien chef d'un service de renseignement français interrogé par l'AFP et s'exprimant sous couvert de l'anonymat, "il est possible de brouiller partiellement le signal d'un satellite sur une zone de diffusion mais avec des risques de dégâts collatéraux". Ainsi, il y a quelques années, les Américains avaient perturbé le signal d'un satellite qui diffusait des images d'une chaîne de télévision islamiste. Mais, du même coup, ils avaient également coupé pendant près de 24 heures les services de dépêches et de photos de l'Agence France Presse à destination d'une partie de ses clients au Proche-Orient.

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