Maison close, boisson, film : DSK fait-il vendre ?
Le 14 mai 2011, une femme de chambre du Sofitel, Nafissatou Diallo, accusait de viol Dominique Strauss-Kahn. Près de trois ans et un non-lieu au pénal plus tard, des entrepreneurs surfent encore sur l'image sulfureuse de DSK.
"C’est un clin d’œil et ça m’apporte de la publicité. Commercialement, c’est excellent, c’est fabuleux parce que tout le monde en parle, de DSK." "Dodo la Saumure" a raison. En baptisant du nom de l'ancien patron du FMI sa "maison de plaisir" (sic) en Belgique, à quelques minutes de Valenciennes (Nord), Dominique Alderweireld (son vrai nom) a offert à son établissement une promo digne d'une ouverture de Burger King.
Trois ans après l'éclatement de l'affaire du Sofitel, les sulfureuses initiales continuent-elles à faire vendre ?
Sa réputation : toujours rentable pour "Dodo" et ses "Sex Klub"
Condamné pour proxénétisme à cinq ans prison avec sursis par la justice belge, prêt à comparaître, peut-être avant la fin de l'année, dans le procès dit "du Carlton de Lille", Dodo la Saumure a de la suite dans les idées. Son nouveau bar à hôtesses, le cinquième pour l'entrepreneur, a ouvert mercredi 30 avril à la frontière franco-belge. "A l’intérieur trône une photo de (...) Dominique Strauss-Kahn, où l’ancien président du FMI a le regard perdu et fatigué. Elle a été prise entre la prison de Rikers Island et le tribunal de New York", rapporte La Voix du Nord. Un hommage à cet homme qu'il maintient n'avoir jamais rencontré, bien qu'il soit soupçonné par la justice de lui avoir fourni "des filles" à l'occasion de virées lilloise.
Dodo assure lui devoir ses ennuis judiciaires, mais il peut remercier DSK pour l'entretien de sa petite entreprise : dans un documentaire qui lui est consacré, In Bed with Dodo (La Saumure), le même portrait apparaît sur le mur du Low Cost, son "bordel" de Tournai. Toujours comme un clin d'œil, il compte ouvrir prochainement un sixième établissement en Belgique. Son nom : le Carlton Club.
Mercredi, les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont indiqué qu'ils avaient l'intention de saisir la justice contre l'utilisation des initiales de leur client. Mais la loi penche plutôt en faveur de Dodo, note Christian Hollier-Larousse, l'avocat de l'association Eponymes, interrogé par Le Figaro.fr. "Si Dominique Strauss-Kahn peut établir que 'DSK' fait forcément référence à lui pour les consommateurs et donc que ça lui porte préjudice, il pourrait attaquer. Mais seulement à cette condition", explique-t-il. Or, le site du quotidien rappelle que l'Institut national de la propriété intellectuelle "recense 23 marques dont le nom est, au moins partiellement, DSK. Très difficile donc de prouver que le signe ne se rapporte qu'à l'ancien homme politique."
Son histoire : un coup de poker osé à l'écran pour Abel Ferrara
En 2013, Dominique Strauss-Kahn avait fait une apparition remarquée au festival de Cannes. Le 17 mai 2014, c'est son histoire qui fera jaser la Croisette. Welcome to New York, l'adaptation de l'affaire du Sofitel par le réalisateur américain Abel Ferrara, y sera présentée, avant la mise en ligne (payante) du long-métrage sur internet.
Dès l'été 2011, soit quelques semaines après l'arrestation du directeur du FMI, romanciers et scénaristes se sont emparés du scandale. Thématique oblige, le porno s'est empressé d'adapter l'affaire, dans DXK (si vous tenez vraiment à voir la bande-annonce). Puis ce fut la télévision, dans un épisode de la série Law and Order. Et le théâtre, avec Suite 2806, une pièce jouée à Paris à l'été 2012, brièvement et devant un public aussi clairsemé que circonspect, à en croire les critiques d'alors (de L'Express comme du Figaro.)
L'adaptation d'Abel Ferrara va-t-elle lui rapporter gros ou lui coûter cher ? "Pendant dix jours, le film sera exposé sur les pages d'accueil de toutes les plateformes internet, iTunes, Free, Orange... : on touchera 20 millions de visiteurs par jour", assurent les producteurs, qui ont fixé à 7 euros le prix du visionnage. A moins que son sujet "trop sulfureux" ne rebute le spectateur ? Il a déjà été "boycotté par les banques, exclu des circuits officiels, trop dérangeant, trop subversif, 'trop chaud'", explique Le Nouvel Obs dans une enquête sur la genèse du film. Par ailleurs, Welcome to New York pourrait donner lieu à des poursuites sur le terrain judiciaire. Début avril, Dominique Strauss-Kahn a attaqué le romancier français Régis Jauffret pour diffamation. Oeuvre de fiction largement inspirée du fait divers new-yorkais, son roman, La Ballade de Rikers Island (Seuil, 2014) met en scène le dirigeant d'une institution internationale accusé de viol.
Ses initiales : une marque qui survit tranquillement au buzz
Avec leur Drink Safran Kiwi (la "DSK"), présentée à son lancement à l'été 2012 comme un aphrodisiaque, les Creusois Stéphane Briault et Patrice Guillard ont su surfer sur l'image sulfureuse de l'homme politique. Un bon tremplin médiatique pour un produit (un soda au safran et au kiwi) qui a survécu à la disparition de la sphère publique de celui qui lui a donné son nom. "Les nouveaux distributeurs, tout comme des safraniers intéressés, se présentent petit à petit", écrivait en septembre le site du Populaire.fr. Les deux patrons assurent au quotidien régional que 80 000 bouteilles se sont écoulées dans une trentaine de points de vente. "Le seuil de 150 000 bouteilles par an permettra de salarier deux personnes", assurait alors l'un d'eux.
Si les T-shirts de soutien et les slogans lourdingues ont aujourd'hui disparu, les initiales de l'ancien président du FMI ont durablement intégré l'imaginaire collectif. Leur dernière apparition marketing remonte au mois d'octobre, sur les T-shirts du Rébus nouveau : la mythique DS de Renault et un K. Une voiture présidentielle pour le plus connu des ex-futurs candidats.
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