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Vidéo Affaire Grégory : "J'espère qu'un jour on retrouvera le coupable et qu'ils nous laisseront enfin tranquilles", confie Murielle Bolle

Publié Mis à jour
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Article rédigé par franceinfo, David Di Giacomo - Édité par Thomas Pontillon
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Plus de trente ans après la mort de Grégory Villemin, Murielle Bolle s'exprime dans un livre où elle dit livrer "sa vérité". 

"J'espère qu'un jour on retrouvera le coupable et qu'ils nous laisseront enfin tranquilles", a confié à franceinfo Murielle Bolle, qui publie jeudi 8 novembre un livre intitulé Briser le silence, aux éditions Michel Lafon, sur l'affaire du petit Grégory. L'enfant, âgé de 4 ans avait été retrouvé mort, pieds et mains attachés, dans la Vologne, le 16 octobre 1984 dans les Vosges.  

"Cette affaire m'a détruite"

Lors de sa garde à vue en 1984, Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans, avait accusé son beau-frère Bernard Laroche d'avoir enlevé Grégory Villemin, avant de se rétracter. Bernard Laroche avait été incarcéré, puis relâché, avant d'être tué d'un coup de fusil par son cousin Jean-Marie Villemin, le père de l'enfant, en 1985. "Je pense qu'avec ce livre les gens comprendront maintenant que je suis innocente, que je n'ai rien à voir dans tout ça. Cette affaire m'a détruite. J'essaye de survivre", a déclaré Murielle Bolle à franceinfo, dans l'appartement de sa nièce, dans les Vosges.  

Je vais continuer à me battre jusqu'au bout de toute façon, jusqu'à prouver mon innocence

Murielle Bolle

à franceinfo

Trente-quatre ans après les faits, elle maintient que les enquêteurs lui ont dicté ses aveux. "Je n'en pouvais tellement plus des hurlements des gendarmes. Ils m'ont insultée de menteuse, ils ont dit que Bernard Laroche avait avoué, qu'il était venu me chercher au collège. Ils m'ont menacée de maison de correction. Et il y en a un qui est entré en furie, en tapant les poings sur la table, en disant que j'avais couché avec Bernard, que j'étais sa maîtresse. C'était inimaginable d'entendre ça", raconte Murielle Bolle, qui affirme avoir ensuite répondu "oui" aux questions des gendarmes. "Je voulais juste rentrer chez moi, fatiguée de toutes ces questions, de tous ces hurlements. C'est ma parole contre la leur. Pour eux ils sont irréprochables", ajoute-elle.  

"Ce sont les gendarmes qui m'ont forcé à dire ça"

Cinq jours plus tard, Murielle Bolle est revenue sur ses accusations. Mais elle assure que ce n'est pas lié à une raclée, contrairement à ce qu'ont affirmé des témoins : "Je n'ai pas été frappée. J'étais chez ma soeur Marie-Thérèse, et mon beau-frère avait acheté le journal. Il a vu que Bernard avait été arrêté, et mon témoignage qu'avaient fait les gendarmes. Et là j'ai fait voler tout ce qu'il y avait devant moi, je suis partie dans la chambre. Ma sœur m'a dit : 'Qu'est-ce qu'il y a ?' Je lui ai dit : 'C'est pas vrai, c'est pas moi. Ce sont les gendarmes qui m'ont forcé à dire ça.' Et on a été revoir le juge Lambert. Je m'en voudrai toujours, parce que si je n'avais pas eu peur des gendarmes, Bernard serait encore là en ce moment."

Après de nombreux rebondissements judiciaires, Murielle Bolle et Marcel et Jacqueline Jacob, le grand-oncle et la grand-tante de Grégory Villemin, ont été mis en examen en 2017 pour enlèvement et séquestration suivis de mort. Murielle Bolle a passé 38 jours en prison. "Cela m'a détruite complètement. Tout s'écroulait. J'ai été insultée de tous les noms, de tueuse d'enfant, de monstre", dit-elle.

Murielle Bolle s'adresse aux parents de Gregory

Ces mises en examen ont été levées pour "des points de procédure" en mai dernier, ce qui permet à Murielle Bolle de prendre la parole, et de s'adresser aux parents du petit Grégory. Elle dit les comprendre. "Je suis une maman aussi maintenant. Je comprends qu'ils continuent à chercher. Qu'ils arrêtent de s'acharner contre nous, parce que ce n'est pas nous. Qu'ils cherchent ailleurs, c'est tout. J'espère qu'un jour on retrouvera le coupable et qu'ils nous laisseront enfin tranquilles. Même si ça avait été Bernard, cela pouvait m'arracher le cœur, mais je l'aurais dit. Je n'aurais jamais caché un tel crime", assure Murielle Bolle.  

Le 16 novembre prochain, le Conseil constitutionnel doit dire si les droits fondamentaux de Murielle Bolle ont été respectés lors de sa garde à vue de 1984.

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