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Affaire Desnoix résolue 27 ans après : "Les succès sont rares" mais le fruit d'un "travail de long terme", souligne le chef du service enquêteur

Frédéric Courtot se réjouit de la création d'un pôle spécialisé dans les cold cases : "Le fait d'avoir des magistrats référents qui ont une véritable culture de la matière, qui ont la mémoire de ce type de dossier, c'est une énorme plus-value."

Article rédigé par franceinfo
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Archive d'une coupure de presse de l'Union de Reims sur l'affaire Desnoix, le 2 août 2014 (illustration). (MAXPPP)

"Les succès sont rares", mais "c'est un travail de long terme", a expliqué vendredi 3 décembre à franceinfo Frédéric Courtot, chef-adjoint de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), l'un des deux services qui a enquêté sur le meurtre de l'adolescente Nadège Desnoix en 1994 dans l'Aisne. Son meurtrier, qui a reconnu les faits, a été interpellé mardi après que son ADN a été prélevé dans une affaire de violences conjugales. Une affaire de meurtre résolue 27 ans après, appelée aussi "cold-case", est un fait qui a "un petit côté exceptionnel", explique-t-il.

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franceinfo : Ce genre de résolution de cold case, plus de 25 ans après les faits, est-il un fait rare ?

Frédéric Courtot : C'est effectivement, par rapport à la durée, le temps qui est passé entre le fait initial et cette résolution, un petit côté particulier et exceptionnel. Cependant, notre travail au quotidien, c'est d'essayer de résoudre de tels dossiers en association avec les services d'enquêteurs locaux. Effectivement, les succès sont rares, mais ils sont provoqués aussi par le travail et les moyens qui sont mis en œuvre par notre service et par les services territoriaux. Et donc, effectivement, c'est notre objectif que d'arriver à la résolution de ce type de dossier, même 10 ans, 15 ans, 20 ans après les faits.

Ce qui déclenche cette interpellation est un ADN retrouvé dans une affaire de violences conjugales qui correspond avec celui retrouvé sur les lieux du crime. Peut-on parler d'un coup de chance ?

Non, je ne parlerais pas de chance, même si effectivement, la chance est un facteur qui fait partie des enquêtes de police. Je vais vous dire que la chance, ça se provoque. La découverte de cet ADN est aussi la conséquence et le résultat d'un travail sur le long terme. Pour être totalement exact, l'ADN présent sur les lieux du crime a été découvert sur un élément prélevé sur la scène de crime mais c'est un ADN qui n'a été révélé que sur une nouvelle exploitation de scellés qui a eu lieu en 2011, donc déjà bien postérieurement aux faits. Ceci souligne le caractère de pugnacité et de l'investissement des enquêtes, des dossiers au sein des services territoriaux et au sein de notre office.

La création de ce pôle spécialisé dans les cold cases va-t-il dans le bon sens ? Faut-il mettre encore plus de moyens dans la résolution de ces affaires-là ?

C'est quelque chose qu'on appelait fortement de nos vœux puisqu'il y a une perte de mémoire et un effacement de certains éléments de ces dossiers-là avec le temps. En conséquence, l'important, c'est de travailler ce côté mémoire et de centraliser les informations, avoir un traitement coordonné et uniforme sur l'ensemble du territoire. Comme ces dossiers sont disséminés partout en France, il y a déjà une difficulté de remontée d'infos. Le fait d'avoir ce pôle judiciaire avec des magistrats référents qui ont une véritable culture de la matière, qui ont la mémoire de ce type de dossier, c'est une énorme plus-value et effectivement, on voit ça comme une avancée majeure en matière de prise en compte et de traitement de ces dossiers.

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