"Il y a viol et viol" : au procès de Dominique Pelicot et de ses 50 coaccusés, la défense déclenche la colère de la victime et de sa famille

Article rédigé par Juliette Campion
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Gisèle Pelicot, entourée par ses avocats, Antoine Camus (à gauche) et Stéphane Babonneau (à droite), au tribunal judiciaire d'Avignon, le 10 septembre 2024. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)
L'audience de mardi a été marquée par l'absence du principal accusé. Mais surtout par une phrase d'un avocat de la défense qui a fait bondir les parties civiles.

L'audience était sur le point de se terminer, mardi 10 septembre, au septième jour du procès des viols de Mazan, devant la cour criminelle départementale du Vaucluse. Mais la tension est brutalement montée d'un cran à la fin de l'audition de Stéphan Gal, l'un des directeurs d'enquête de la police judiciaire d'Avignon ayant chapeauté les investigations sur Dominique Pelicot et l'ensemble des coaccusés. Les échanges portaient sur l'utilisation du terme "viol" pour qualifier leurs agissements. 

"Vous avez déclaré qu'il s'agissait avec certitude d'une scène de viol", a pointé Guillaume De Palma, avocat de la défense, concernant les vidéos de deux des accusés qu'il représente. "Cette certitude n'était-elle pas un peu hâtive ?", a-t-il demandé au policier. Réponse de Stéphan Gal : "Pour préparer ce procès, j'ai revisionné les vidéos, à froid. C'est toujours le même ressenti : il n'y a pas de consentement, les faits sont perpétrés sur une personne inconsciente." Pour appuyer son argumentation, l'enquêteur cite l'exemple des affaires de règlements de comptes. "Dans ce cas, le suspect est poursuivi pour meurtre. Il y aura un procès, mais le terme 'meurtre' est employé", avant même que l'affaire soit jugée, "et ce n'est pas choquant pour autant", estime-t-il.

L'avocat acquiesce, tout en glissant : "Il y a viol et viol et, sans intention de le commettre, il n'y a pas viol". Le ton monte, les parties civiles montrent des signes d'agacement. Le débat se tend encore au sujet de clichés intimes (et consentis) de Gisèle Pelicot qui n'auraient pas été versés au dossier, argue la défense. Sous-entendant qu'en se laissant prendre en photo par son mari, elle aurait donné un accord tacite. Les avocats des parties civiles, Stéphane Babonneau et Antoine Camus, tentent de prendre la parole, mais le président refuse qu'ils s'expriment. Caroline Darian, la fille de Dominique et Gisèle Pelicot, sort alors précipitamment, visiblement très énervée. "C'est une honte !", lance-t-elle.

"Une forme de gratuité dans la violence"

A la sortie de l'audience, face aux journalistes, Guillaume De Palma explicite sa déclaration polémique. "A partir du moment où, effectivement, il y a une intention coupable, à partir du moment où on arrive à apporter la preuve du fait que la personne qui a commis les actes avait conscience de commettre des actes de viol, il y a viol. Sinon, il n'y a pas viol", déclare-t-il. C'est toute la ligne de la défense qui est résumée là.

Les accusés, par la voix de leurs avocats, affirment s'être rendus au domicile du couple, à Mazan, persuadés, assurent-ils, que Gisèle Pelicot faisait semblant de dormir car elle participait à un "scénario libertin", voulu par le couple. "On a considéré que, parce qu'il y avait des vidéos, parce qu'il y avait des déclarations de Monsieur Pelicot" – qui a assuré aux enquêteurs que l'ensemble des hommes filmés savaient parfaitement que son épouse était sédatée  –, "la cause était entendue", regrette Guillaume De Palma.

De son côté, Antoine Camus a redit qu'"il n'y avait pas à transiger avec les droits de la défense" et que la "présomption d'innocence devait être exercée jusqu'au bout". Mais il a surtout déploré "une forme de gratuité dans la violence infligée" à sa cliente par les mots "insupportables" qui ont été employés par la partie adverse. L'audience se poursuivra mercredi avec le retour de Dominique Pelicot après deux jours d'absence pour des raisons médicales.

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