Mort de Nahel : "Rage", "profondes fractures", "défi pour Macron"... Les émeutes en France commentées par la presse étrangère
Trois jours après la mort de Nahel tué par un policier à Nanterre mardi, la France fait la une. Pour la troisième nuit consécutive, des bâtiments publics ont été dégradés, des magasins pillés, des véhicules incendiés... Ces émeutes, qui mettent l'exécutif sous pression, interviennent à près d'un an des JO de Paris 2024 et les médias étrangers sont nombreux à suivre ces violences urbaines.
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Les événements en France sont ainsi à la une du site du quotidien britannique The Guardian qui pointe notamment "les relations sociales fracturées" et la "profonde méfiance à l'égard de la police". Et le journal de Londres d'estimer que ces émeutes sont surtout le langage de ceux qui ne sont pas entendus : "La rage est cumulative". Même chose pour le quotidien suisse Le Temps, qui analyse ces émeutes comme une "addition de colères" : des gilets jaunes, aux banlieues des grandes villes, en passant par la réforme des retraites.
La mort filmée de l'adolescent a "ravivé de profondes fractures dans le pays", rapporte de son côté le quotidien espagnol El País, et pas n'importe laquelle : "Une de ces fractures qui ne se referment jamais tout à fait : celle des banlieues". La Vanguardia, elle, parle de "l'éruption du volcan français".
"Situation électrique"
"Même la célérité de l'enquête n'a pas calmé les esprits" rapporte Le Soir, en Belgique, et "l'atmosphère explosive" des émeutes semblent s'être propagée jusqu'à Bruxelles. La Libre parle ainsi d'une "situation électrique" dans le quartier Anneesens avec une "forte présence policière". D'après la police, "des messages ont circulé sur les réseaux sociaux appelant à des émeutes à Bruxelles en analogie avec les événements en France."
"Le président Macron envoie chaque nuit davantage de policiers antiémeute dans les banlieues", écrit le quotidien autrichien Der Standard qui conclut : "Les perspectives ne sont pas bonnes". Et beaucoup de journaux étrangers s'interrogent, comme la Repubblica en Italie : le président Emmanuel Macron va-t-il instaurer l'état d'urgence, alors que la France "bouillonne", selon l'expression du quotidien italien.
Die Zeit, en Allemagne, pointe la contradiction entre la droite et l'extrême droite françaises, pour qui "les émeutes récurrentes dans les banlieues ne sont rien d'autre que le résultat d'un État trop faible" alors même que "la raison de l'escalade actuelle était exactement l'inverse : une opération policière manifestement disproportionnée au cours de laquelle un officier a tiré sur un garçon de 17 ans parce qu'il avait tenté de s'enfuir sous ses yeux dans une voiture." L'hebdomadaire libéral pointe une "insoutenable condescendance" à l'égard des banlieues et de leurs habitants.
Le Süddeutsche Zeitung, lui, estime que pour la France, "il est temps de changer d'avis" sur les violences policières. Les forces de l'ordre "protègent l'État, pas ses citoyens", selon le quotidien. Toujours en Allemagne, Bild relève pour sa part que "40 000 policiers n'arrivent pas à maîtriser le chaos".
Changement de ton, le New York Times parle d'un "défi" pour Emmanuel Macron, alors que la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier blanc à Minneapolis en 2020, "a laissé une impression indélébile en France".
Pour le New York Times, le président français est confronté à un délicat "exercice d'équilibriste". Le quotidien pointe ainsi un paradoxe. Ces émeutes interviennent alors que l'économie française va mieux, comme en témoigne une croissance robuste et un taux de chômage historiquement bas, relève le journal américain. "La France, plus que toute autre sociétés occidentales, est fracturée entre ses élites urbaines qui profitent de la croissance et les banlieues pauvres, racialement mélangée où les écoles manque de moyens et les horizons sont bouchés."
"Et pendant ce temps..."
De son côté, la plateforme russe Smotrim estime que "l'ampleur de ces émeutes" a déjà "dépassé toutes celles de ces dernières années", sans manquer de mettre en avant que pendant ce temps, "Emmanuel Macron et son épouse ont assisté à un concert d'Elton John à Paris".
D'autres courts articles véhiculent des fausses informations, comme cette capture d'écran, indiquant que "pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, des sirènes d'alarme retentissent en France", ce qui est faux.
Enfin, vendredi, la Norvège a appelé ses ressortissants actuellement en France à éviter les rassemblements de foule. "Il y a eu ces derniers jours des émeutes dans plusieurs endroits en France, y compris à Paris", écrit le ministère norvégien des Affaires étrangères dans un SMS envoyé aux voyageurs norvégiens qui se sont enregistrés sur une application des autorités. "Les voyageurs norvégiens sont invités à prendre toutes les précautions nécessaires, de même qu'à se tenir à l'écart des grands rassemblements de foule et des manifestations", précise-t-il.
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