Crash dans les Alpes : ce que les boîtes noires peuvent nous apprendre
Une des deux boîtes noires de l'A320 de la compagnie Germanwings a été retrouvée, mardi, dans les Alpes. Il s'agit de celle qui enregistre les sons du cockpit. Elle est "endommagée mais exploitable", selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
L'une des deux boîtes noires de l'Airbus A320 de la compagnie Germanwings qui s'est écrasé dans les Alpes françaises a été retrouvée, mardi 24 mars. "La boîte noire retrouvée est le CVR (cockpit voice recorder)", qui enregistre les sons et les conversations à l'intérieur du cockpit, a indiqué, mercredi, une source proche de l'enquête. "Le CVR a été endommagé, a précisé cette source. Il est transféré à Paris, ce matin, au Bureau d'enquêtes et d'analyses." Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, elle est "exploitable". La seconde boîte noire enregistrant les données du vol est toujours recherchée.
Mais que contiennent ces boîtes noires ? Pourront-elles lever les zones d'ombre qui subsistent sur le crash du vol 4U9525 ? Francetv info vous en dit plus sur ces équipements-clés dans l'enquête sur la catastrophe.
Une boîte noire, c'est quoi ?
Déjà, les boîtes noires ne sont pas noires, mais orange. Et recouvertes de bandes réfléchissantes, histoire d'être visibles au fond de l'océan. Un avion en a toujours deux, localisées dans la queue de l'appareil, la partie qui résiste le mieux aux accidents. En plus de la fameuse balise, les boîtes noires se composent d'une partie qui enregistre des données et d'une partie qui les stocke.
Cette dernière, la plus importante en cas de crash, est entourée d'un blindage dur et de plusieurs couches de mousse isolante, conçus pour résister à des conditions extrêmes comme une température de 1 100 °C ou une profondeur de 6 000 mètres en cas d'immersion dans l'océan. Ainsi, les boîtes noires du vol Rio-Paris n'ont été repêchées que deux ans après le crash du 1er juin 2009, mais elles étaient parfaitement utilisables.
La durée pour décrypter une boîte noire est très variable selon son état. Dans le cas de l'accident du Rio-Paris, il avait fallu 48 heures aux enquêteurs du BEA. Dans celui de l'accident de la Yemenia, au large des Comores en 2009, deux semaines avaient été nécessaires, les données ayant été endommagées.
Quelles données enregistrent-elles ?
Toutes deux n'ont pas la même fonction. Le FDR (Flight Data Recorder) enregistre des données techniques sur l'appareil, et ce pendant 25 heures. Les enquêteurs y trouveront plus de 1 300 informations différentes – vitesse de l'avion, altitude, fonctionnement des moteurs, inclinaison des ailes –, qui permettront de reconstituer la trajectoire du vol et de repérer un éventuel problème technique. Le FDR contient aussi des indications sur l'utilisation des commandes de l'appareil, notamment le manche, qui éclaireront peut-être le déroulement du drame du point de vue des pilotes.
L'autre boîte noire, c'est le CVR (Cockpit Voice Recorder). Ce dispositif enregistre toutes les conversations qui ont lieu dans le cockpit ainsi que les échanges entre les pilotes et les contrôleurs. Avec une limite cruciale : elle ne garde en mémoire que les deux dernières heures de vol.
Que peuvent en tirer les enquêteurs ?
Grâce aux boîtes noires, près de 90% des accidents peuvent être expliqués. Les données recueillies pourraient renseigner sur l'état de conscience des pilotes ou une intrusion dans le cockpit, par exemple. Le CVR permettrait d'entendre les conversations entre le commandant de bord et le pilote, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage, les alarmes qui ont pu éventuellement retentir.
Une analyse acoustique poussée permettrait aussi de connaître par exemple le régime des moteurs. Mais, seule l'exploitation des deux enregistreurs permettra de comprendre avec certitude les circonstances exactes de l'accident. Car le FDR enregistre lui, seconde par seconde, tous les paramètres sur une durée de 25 heures de vol (vitesse, altitude, trajectoire, etc.).
En outre, l'étude des impulsions du manche, incluses dans les données du FDR, permettrait au moins de savoir, selon François Nénin, journaliste spécialiste de la sécurité aérienne et auteur de Ces avions qui nous font peur, les dossiers noirs du transport aérien (éd. Flammarion), "s'il y a eu une dispute entre les deux pilotes aux commandes, ou des actions franches" pour réagir à une situation d'urgence.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.