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Ce que l'on sait (et ce que l'on ignore encore) sur le crash du Boeing 737 Max d'Ethiopian Airlines

Plus d'une semaine après le drame, qui a causé la mort de 157 personnes en Ethiopie, les premières circonstances du crash sont connues. Mais de nombreuses zones d'ombre demeurent. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les opérations pour retrouver les débris de l'appareil d'Ethiopian Airlines qui s'est écrasé le 10 mars 2019, près de Debre Zeit, à 50 kilomètres d'Addis-Abeba (Ethiopie), le 15 mars.  (MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY)

Après le drame, l'heure est aux investigations. Dimanche 10 mars, le vol 302 d'Ethiopian Airlines en partance d'Addis-Abeba (Ethiopie) s'est écrasé quelques minutes après son décollage. La carcasse de l'appareil a été retrouvée à une cinquantaine de kilomètres de la capitale éthiopienne. Une semaine après le crash, une enquête est en cours.

Les boîtes noires ont été retrouvées et ont livré les premières indications.  Franceinfo revient sur ce que l'on sait et ce que l'on ignore encore de ce crash, au sujet duquel une enquête est ouverte.

Ce que l'on sait

• Il n'y a aucun survivant. Le Boeing 737 Max 8 a décollé d'Addis-Abeba (Ethiopie) le 10 mars à 8h38, avec 157 personnes à bord. Six minutes plus tard, l'avion a disparu des radars puis s'est écrasé dans un champ, près de Debre Zeit, à 50 kilomètres au sud de la capitale, tuant tous ses passagers et les huit membres d'équipage.

• 35 nationalités parmi les victimes. Neuf Français sont morts dans l'accident, selon le Quai d'Orsay. Parmi les autres nationalités figurent 32 Kenyans, 18 Canadiens, neuf Ethiopiens, huit Italiens, huit Chinois, huit Americains, sept Britanniques, six Egyptiens, cinq Néerlandais, quatre Indiens, quatre Slovaques, trois Autrichiens, trois Suédois, trois Russes, deux Marocains, deux Espagnols, deux Polonais et deux Israéliens. La Belgique, l'Indonésie, la Somalie, la Norvège, la Serbie, le Togo, le Mozambique, le Rwanda, le Soudan, l'Ouganda et le Yémen comptaient chacun un ressortissant à bord.

• Les boîtes noires ont été retrouvées. Le lendemain de l'accident, les deux boîtes noires ont été localisées, récupérées et envoyées en France, l'Ethiopie ne disposant pas du matériel nécessaire pour les analyser.

• Les conditions de l'accident rappellent un autre crash. Le 29 octobre 2018, le vol 610 de Lion Air s'écrasait au large de l'Indonésie en tuant 189 personnes. L'appareil en question était déjà un Boeing 737 Max 8. Ces deux accidents se sont déroulés dans des circonstances similaires. "Lors de l'enquête sur l'enregistreur des paramètres (FDR - Flight data recorder), des similarités claires ont été notées entre le vol 302 d'Ethiopian Airlines et le vol 610 de Lion Air", a déclaré la ministre éthiopienne des Transports, Dagmawit Moges, au cours d'une conférence de presse. "On est dans la même phase, on a un pilote qui essaie de lutter contre son avion, qui en est conscient, et qui annonce à sa tour de contrôle qu'il a besoin de revenir se poser", confirme l'expert aéronautique Xavier Tytelman sur France 3L'expert explique aussi que, selon des informations "disponibles en sources ouvertes", on observe "une évolution, une vitesse et des changements d'altitude" du vol Ethiopian Airlines qui ne sont pas cohérents "par rapport à une montée".

• Des soucis techniques identifiés. Les enquêteurs ont trouvé un morceau de stabilisateur dans l'épave du biréacteur, dans une position inhabituelle semblable à celle de l'avion Lion Air, ont indiqué deux sources proches du dossier, indique Reuters

• Il n'y a pas encore de plainte déposée. Pour l'instant, aucune poursuite n'a été engagée, avance Reuters. Mais certains avocats des plaignants ont déclaré s'attendre à ce que l'avionneur américain soit poursuivi en justice aux Etats-Unis. 

Ce que l'on ne sait pas encore

• L'identité de toutes les victimes. Samedi 16 mars, Ethiopian Airlines a annoncé que des tests ADN allaient être pratiqués afin d'identifier avec certitude tous les passagers. Ces analyses ADN pourraient prendre jusqu'à six mois.

 Les causes et les circonstances exactes de l'accident. L'enquête sur l'accident du vol Lion Air a mis en évidence, pour le moment, un dysfonctionnement sur le système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l'avion, le MCAS (Manoeuvering Characteristics Augmentation System). Après cet accident, Boeing avait envoyé à toutes les compagnies une directive mettant en avant le "risque de piqué" lorsque l'appareil est en décrochage afin de regagner de la vitesse. Pour l'instant, les premiers éléments recueillis ne permettent pas de dire que l'appareil d'Ethiopian Airlines s'est écrasé pour les mêmes raisons. L'analyse des données des boîtes noires doit avoir lieu dans les semaines qui viennent. Un rapport préliminaire sur les causes du crash sera publié dans 30 jours, selon le BEA et les autorités éthiopiennes.

• La responsabilité de Boeing. Dennis Muilenburg, le PDG de l'avionneur américain, a certifié que ses Boeing 737 Max étaient sûrs, tout en suspendant la livraison des appareils, mais pas la fabrication. "Les enquêteurs continuent à travailler pour établir des conclusions définitives", a-t-il ajouté. Outre-Atlantique, la société est pointée du doigt par une enquête du Seattle Times. Elle remet en cause l'autorité américaine de régulation, la FAA, et la procédure de certification du Boeing 737 Max et du fameux système MCAS. Selon le journal, la FAA, réputée indépendante, aurait "délégué une grande partie de la certification du 737 Max et de son logiciel MCAS à des ingénieurs de Boeing", indique 20 Minutes.

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