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Collision mortelle à Millas : "Eviter le croisement des voies ferrées et des routes" est inenvisageable, selon Alain Vidalies

L'ex-secrétaire d’Etat (PS) aux Transports exclut de se passer des passages à niveau en France après la collision mortelle entre un train et un car scolaire à Millas. Selon lui, cela impliquerait "des centaines de milliards qu'on n'a absolument pas". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Alain Vidalies, le 17 juin 2015 à l'Elysée. (AURÉLIEN MORISSARD / CITIZENSIDE.COM / AFP)

Après la collision mortelle de Millas (Pyrénées-Orientales), Alain Vidalies, ancien secrétaire d’Etat chargé des Transports (PS), a exclu la possibilité de se passer des passages à niveau sur notre territoire. Eviter le croisement des voies ferrées impliquerait d'"investir des centaines de milliards qu'on n'a absolument pas", a-t-il notamment déclaré. 

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franceinfo : Comment ce genre de drames est-il encore possible sur un passage à niveau en France en 2017 ?

Alain Vidalies : Cela fait l'objet d'une attention particulière et depuis longtemps puisqu'il y avait déjà eu un drame il y a une dizaine d'années. Et depuis, les pouvoirs publics et la SNCF ont mis en place des mesures spécifiques et on a repéré les passages à niveau dangereux. Il y en avait, en 1997, aux environs de 200 sur lesquels il y a un traitement spécifique, un programme annuel. Certains autres sont classés non-dangereux avec un comportement habituel pour les automobilistes ou les transports en commun. C'était le cas du passage à niveau dont on parle aujourd'hui. Tous les ans, on fait le bilan et on investit autour de 40 à 50 millions.

Vous évoquiez le drame d'Allinges en Haute-Savoie, sept enfants morts en 2008. Estimez-vous qu'on en a tiré les leçons ?

Je ne vais pas dire que tout est parfait mais des enseignements en ont été tirés puisque  (...) il y a eu la mise en œuvre de ce programme particulier tous les ans, de ce comité national que je réunissais tous les ans. Les passages à niveau représentent autour d'une trentaine de morts par an et impliquent quasi-exclusivement des voitures particulières. À chaque fois, on fait des enquêtes très précises et, malheureusement, ces dernières années, aucune d'entre-elles n'a révélé de dysfonctionnement des passages à niveau. Mais cela ne veut pas dire que ça ne s'est pas passé cette fois-ci. [À Millas], il n'y a que deux possibilités : soit les barrières n'ont pas fonctionné et là les conséquences peuvent être dramatiques y compris sur la suite des événements et les mesures à prendre, soit on est dans un cas de figure où ce serait une erreur humaine.

Il y a plus de 15 000 passages à niveau en France : celui-là fait partie des 11 000 avec barrière automatique, serait-il illusoire de penser qu'on peut tous les supprimer ?

Tout à fait. La France a un réseau ferré extrêmement important : 30 000 km. C'est notre histoire, il irrigue tout notre territoire. Évidemment, dans des pays qui ont découvert le ferroviaire beaucoup plus tard et qui ne sont irrigués que par des grandes lignes, il n'y a pas ces problématiques. Nous, on a à la fois un réseau ferré et un réseau routier, donc forcément ils se croisent. Aujourd'hui, on ne peut pas dire très sérieusement qu'on va éviter le croisement des voies ferrées et des routes si ce n'est à investir des centaines de milliards qu'on n'a absolument pas. (...) Les radars de passage à niveau sont surtout extrêmement dissuasifs. Il s'agit de faire des contrôles et de vérifier aussi si les gens respectent les barrières ou s'ils utilisent en faisant une manœuvre en chicane. Les autres solutions, sur le plan technologique, ne sont pas aujourd'hui totalement avérées mais il y a un travail d'expérimentation en cours par la SNCF pour renforcer la communication entre le conducteur du train et [la détection] de la présence d'un véhicule sur le passage à niveau, malgré la fermeture des barrières. Mais de ce point de vue-là, à ma connaissance, la France ne souffre pas d'un retard technologique.

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