Everest : les Sherpas
atteignaient le sommet de l'Everest à 8 848 m. Aujourd'hui, les flancs de l'Everest sont presque devenus une autoroute où l'on fait la queue pour avancer. La plus haute montagne se banalise peu à peu grâce aux sherpas. Leur vie a été bouleversée par cette nouvelle activité qui en a fait des hommes riches.
Ce fut pendant des millénaires le domaine réservé des dieux, inaccessible aux simples mortels. 8 848 mètres imprenables, cernes d'une forteresse de glace. Il y a 60 ans, une expédition menée par le Néo-Zélandais Edmund Hillary arrivait sur le Toit du monde. Derrière le géant blanc, il y avait les capacités de Tenzing Norgay et de sa communauté, les Sherpas.
Là, vous avez Hillary, là Tenzing, moi je suis là.
Kancha Sherpa est le dernier survivant des 1 200 porteurs népalais, qui rendirent possible ce miracle.
On se demandait ce qu'ils allaient chercher là-haut. Tenzig nous disait d'être courageux et ce serait bien pour les sherpas.
La prophétie était juste. Cette ethnie de montagnards nomades, parmi les plus pauvres du Nepal, a vu son mode de vie transformé en quelques années avec l'arrivée d'aventuriers fortunes. L'Everest coûte jusqu'à 65 000 euros.
Si j'emmène un étranger jusqu'au sommet, je peux toucher jusqu'à 11 O00 dollars. C'est 200 fois le salaire moyen au Népal.
Encore faut-il y parvenir. Chaque année, entre 5 et 10 sherpas meurent en accompagnant des alpinistes étrangers.
C'est dans ces montagnes indomptables et meurtrières que la communauté des sherpas a conquis ses lettres de noblesse. Aujourd'hui, c'est en redescendant à Katmandou, dans la vallée, que les dernières générations ont donné un coup d'accélérateur à cette ascension sociale.
Dans un pays qui survit péniblement grâce au tourisme, les héritiers des sherpas ont su tirer leur épingle du jeu. A 29 ans, Namgyal dirige 2 O00 employés dans le tourisme et l'aviation civile. La montagne lui a beaucoup donné mais lui a aussi enlevé sa mère, première Nepalaise à avoir conquis l'Everest, disparue il y a 18 ans.
A l'époque, ils n'avaient pas d'autre choix que d'être porteurs. Les temps changent, les Sherpas ne veulent plus de ces métiers. Ils ont désormais la possibilité d'étudier, d'aller à l'université.
Thundu Sherpa n'est pas allé à la fac. Il est pourtant à la tête d'une entreprise florissante qui fabrique des montres de luxe. C'est le fondateur de la marque qui en a fait un maître horloger. Il y a 2 ans, Thundu lui a sauvé la vie dans l‘Everest. Il voulait lui offrir en échange un métier moins dangereux.
Avant quand je partais en montagne, je ne savais jamais si j'allais revenir vivant. C'est 65 jours d'angoisse pour ma famille. Aujourd'hui, tout le monde est rassuré.
Peu à peu, les 150 000 Sherpas désertent leur montagne. Beaucoup émigrent aux États-Unis. Mais l‘afflux de touristes ne faiblit pas. Ce sont d'autres Népalais qui prennent le relais, plus pauvres et moins expérimentés. Nouveaux forçats de l'Everest.
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