Erbil : témoignages de réfugiés
De nombreux habitants, chrétiens ou musulmans, ont fui la ville. Ils se sont réfugiés à Erbil. Massés dans des camps, ils racontent ce qu'ils ont vécu.
Au bout de cette route coupée, Mossoul, 2 millions d'habitants, aux mains de l'Etat islamique. Ceux qui ont réussi à s'enfuir ces dernières semaines sont rares. Ils ont souvent trouvé refuge dans ce camp de plus de 3.000 personnes. Ils racontent la main de fer avec laquelleles islamistes administrent la ville. Ce père de famille est toujours térrorisé à l'idée qu'ils le retrouvent, et il préfère rester anonyme.
Ils patrouillent dans les rues et utilisent des hauts-parleurs pour annoncer les règles de vie qu'il faut suivre désormais. Les femmes doivent être couvertes de la tête aux pieds, habillées avec des vêtements amples, des gants, et le visage couvert. Les cigarettes sont interdites et détruites, comme l'alcool bien sûr, et même chose pour le maquillage. Ils ont fouillé le souk et détruit la marchandise.
Dans les rues, une police des bonnes moeurs distribue le coran, et surveille les habitants. Il a également, dit-il, assisté à l'exécution sommaire d'une femme, dont le seul crime était d'avoir laissé dépasser ses cheveux. Cette jeune maman confirme que la vie quotidienne est devenue un enfer pour les femmes de Mossoul.
Les femmes ne sont plus autorisées à sortir seules. Je n'avais même plus le droit d'être seule sur le pas de ma porte. Impossible d'emmener mes enfants chez le médecin, ou même d'aller a la maternité, alors que j'étais enceinte.
Sa fille est finalement née à Erbil, loin de la folie des extrémistes, mais la famille pleure toujours la mort de son premier fils tué dans les combats.
A Mossoul, les enfants eux aussi ont vu leur vie changer radicalement.
Dans les écoles, ils ont mis en place de nouveaux programmes. Au-delà de 14 ans, les filles n'ont plus le droit d'aller en cours. lls ont interdit l'anglais et n'enseignent que la loi islamique.
Dans le programme de l'Etat islamique, pas de place pour la culture ou la tolérance. Les statues des poètes ou des chanteurs sont déboulonnées, les maisons des chrétiens pillées et les musulmans ne sont pas épargnés. Destruction des lieux de culte chiite, l'autre grand courant de l'islam, exécution des anciens policiers, disparition de ceux qui contestent. Le quotidien de Mossoul : une vie sous le signe de la terreur.
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