Emploi : témoignages de petits patrons
Une reprise qui ne se fera pas sans les petites entreprises qui s'estiment souvent oubliées des politiques. Voici plusieurs témoignages rares, de petits patrons qui se sont retrouvés asphyxiés. Ils espèrent rebondir et nous racontent leur combat.
Chaque jour, depuis 17 ans, il construit des maisons. Thierry est artisan-maçon dans la région de Saintes.
Il ne pleut pas, ne fait pas chaud ni froid. Une journée sans bonne météo est une journée sans argent. Que l'on puisse travailler ou pas, on doit payer nos charges quand même.
Il y a 5 ans, date de sa mise en redressement judiciaire, Thierry s'est vu contraint de réduire son activité. Il emploie aujourd'hui son fils Rémy et Jérémy, un apprenti. Avec son entreprise, Thierry a connu de belles années. Il a employé des ouvriers, investi, jusqu'au jour où il a été victime de son propre succès.
On achète du matériel, parce que plus il y a de gars, plus il faut de matériel. Donc on tombe dans un système d'emprunts et de frais, ce qui oblige ensuite à dégager énormément d'argent. A ce moment-là, si vous enchaînez les coups durs, c'est la chute. Notre défaut, c'est qu'on croit tout le temps que demain va être meilleur. Mais on ne se rattrape jamais.
Aujourd'hui, il lui reste 5 ans pour s'acquitter de ses 35.000 euros de dettes, avec un salaire qui s'élève à 1.300 euros par mois. C'est à sa femme qu'il doit la bouffée d'oxygène qui lui a permis de survivre sur ses chantiers. Véronique est à la tête de sa petite entreprise et pour aider Thierry, elle a vendu son salon de coiffure de Saintes pour acheter un local plus petit dans un village voisin.
Quand on décide de créer une entreprise, on se dit que l'on va être beaucoup plus libre, mais non. Si j'étais salariée, je serais beaucoup plus détendue.
Malgré les concessions, leur vie d'économies, Véronique a décidé d'épauler Thierry dans l'épreuve du redressement judiciaire et de se battre à ses côtés.
Il ne faut pas oublier que Véronique a payé des salaires à mes gars, avec son argent propre. Je l'ai remboursée, bien sûr. Mais sans la trésorerie de Véronique, je ne pouvais pas payer mes gars.
Est-ce que vous vous payiez à cette époque-là.
Vous savez, quand vous n'avez pas de sous à donner à vos gars, vous n'en avez pas pour vous.
Sandra, elle, a connu la faillite il y a tout juste un an. Elle était à la tête d'une entreprise familiale spécialisée dans les enseignes lumineuses.
Durant toute la période post-faillite, il fallait que tous les matins je me lève très tôt, et que j'aie ce rituel de maquillage et de mise en beauté, par dignité.
Si Sandra a réussi à se relever en septembre dernier, c'est grâce à 60.000 Rebonds.
Quand j'ai rencontré Philippe et certains d'entre vous, j'étais dans un état lamentable. Paraît-il que j'étais même courbée, alors que maintenant, je me tiens droite.
Une association qui s'est lancé le défi de réparer les milliers de patrons qui font faillite chaque année. Grâce à elle, Sandra a retrouvé un emploi en tant que salariée, mais elle travaille aujourd'hui sur son nouveau projet d'entreprise, avec des coachs et des bénévoles.
La peur de se casser la figure existe encore, parfois.
Je crois connaître quand même les mesures à prendre pour limiter la casse. Si on retombe, on retombe. On sait même comment ça se passe après.
Faire de l'échec une force pour mieux rebondir, c'est ce que l'association propose aux chefs d'entreprise comme Sandra, à ceux qui, comme elle, pensaient un jour avok avoir perdu la foi.
L. Delahousse : François, on parlait il y a un instant avec vous d'une éventuelle reprise. Est-ce que Manuel Valls avec ses 60% d'opinion favorable, est aujourd'hui un atout pour le chef de l'Etat? Pourrait-il être un accélérateur?.
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