Emploi : paraplégique et camionneur
Il prendra la route pour manifester demain.
Guillaume Levaillant est le premier chauffeur paraplégique de poids lourd. Privé de l'usage de ses deux jambes depuis 15 ans après une erreur médicale, il n'a jamais renoncé à son rêve.
Au volant de son semi-remorque de 40 tonnes, Guillaume Levaillant, 37 ans, ne compte ni les kilomètres, ni les heures. Ce chauffeur routier, paralysé des jambes, vient de monter sa société. Depuis un an, il conduit un camion aménagé pour son handicap. Le fauteuil roulant n'est jamais très loin.
Quand je suis au volant du camion ou d'un tracteur, je me sens à la même hauteur que tout le monde. J'ai un volant dans les mains, je ne pense à rien d'autre. Les gens ne me croient pas quand je dis que je suis paralysé des jambes. Pour eux, on ne peut pas retravailler. Pour eux, c'est un frein par rapport au travail. Je suis obligé de leur faire voir l'installation.
Pour monter et descendre seul de la cabine du camion, il a conçu avec ses amis cette plateforme pour son fauteuil. Entièrement automatisée et fixée à son camion. Des commandes manuelles au volant remplacent les pédales.
On a installé une double manette pour l'accélérateur. Je peux accélérer à droite ou à gauche. Ensuite, on a un système de freinage.
Ce matin, il vient chercher du gravier à la carrière voisine. Sortir du camion et déplier la plateforme prend de longues minutes. Les employés s'adaptent, comme cette secrétaire qui se déplace.
Quand je vois les chauffeurs qui descendent pour voir les personnes sur le chantier ou ouvrir leur porte, j'ai qu'une envie : sauter du camion. Avant j'étais le premier à sauter du camion pour aller discuter.
Ce chauffeur n'a pas toujours été paralysé. Une tumeur à la moelle épinière, des opérations à répétion, cet ancien ouvrier agricole a 22 ans quand il se retrouve paraplégique. Il remonte très vite sur les tracteurs, ses amis imaginent des mécanismes ingénieux pour le hisser. Une première étape avant de réaliser son rêve de gosse, après 5 années de démarches: posséder son propre camion. Ce matin, véréfication des freins. Des banquiers et des entrepreneurs comme ce concessionnaire on cru en son projet, sa force de travail et son énergie.
Sa performance au quotidien fait que son boulot est bien fait. On peut démarrer par un plaisir, après il faut être efficace. Si ça fait un an que ça dure, c'est un bon début.
Les revenus de Guillaume Levaillant lui permettent déjà de rembourser l'emprunt du camion. Un investissement lourd: 100.000 E et 25.000 d'équipements. Pour ce chauffeur routier, le prix d'une nouvelle vie, celle de son autonomie.
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