: Vidéo Présidentielle : "Il ne faut pas exclure" une surprise lors du second tour, affirme le politologue Jean Petaux
Selon le politologue, les tendances baissières ou haussières peuvent se renforcer le jour du scrutin.
"Il ne faut pas exclure" une surprise lors du second tour de l'élection présidentielle ce dimanche, affirme le politologue Jean Petaux vendredi 22 avril sur franceinfo, d'autant que les sondages - qui donnent Emmanuel Macron en avance sur Marine Le Pen - peuvent avoir une "dimension de prophétie autoréalisatrice, mais presque inversée" qui démobilise les électeurs du candidat donné gagnant. "La promesse d'une victoire ou d'un succès peut amener une surprise finale", répète-t-il.
franceinfo : Les derniers meetings des candidats à la présidentielle peuvent-ils encore convaincre de nouveaux électeurs ?
Jean Petaux : Ils servent peut-être à rassurer les candidats eux-mêmes sur le fait qu'ils auront fait campagne jusqu'au bout et qu'ils se seront, comme on dit, battus sans répit. Mais en termes de déplacement de voix, on voit bien que désormais - d'ailleurs Marine Le Pen a consacré sa journée de jeudi post-débat à cela - il faut essayer d'aller chercher les derniers abstentionnistes. Et puis, il reste encore une proportion qu'on estime aux environs de 15% de personnes qui se déterminent au dernier moment dans l'isoloir. Dans les sondages, elles se disaient sûres d'aller voter, mais sans avoir fait de choix. Ce n'est quand même pas rien.
Le vote des Français est-il déjà cristallisé ou une surprise est-elle encore possible, comme pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour ?
Il ne faut pas l'exclure. En 2017, les sondages ont été autorisés à être publiés en France jusqu'au dernier moment, ce qui n'était pas le cas depuis la mise en place d'un dispositif en 1974. Avant, avec ce dispositif, pendant une semaine, les pronostiqueurs et les observateurs étaient un peu dans le flou même si ça fuitait parce que s'il n'était pas possible de publier les sondages, il était possible d'en faire. Et puis ce verrou a sauté et en 2017 on a des sondages qui ont été réalisés le 2, le 4 mai, le 5 mai, pour une élection le 7 mai. Et là, on a constaté effectivement que, par exemple, après le débat organisé le 3 mai il y a cinq ans, Emmanuel Macron a progressé de deux points dans la quasi-totalité des sondages, il est passé de 60% à 62% ou 63% le 5 mai et au final, deux jours plus tard, le dimanche, il faisait 66% des voix. Les choses peuvent évoluer et les tendances baissières ou haussières peuvent se renforcer le jour du scrutin, alors qu'elles étaient mesurées à un niveau un peu plus bas, deux jours avant. Le plus important, bien sûr, ce sont les tendances. Actuellement, Emmanuel Macron est dans une tendance qu'on a qualifiée de haussière par rapport à Marine Le Pen. Un sondage Ipsos Sopra Steria pour franceinfo et Le Parisien/Aujourd'hui en France publié jeudi le mettait à 57,5% et elle à 42,5%. Le risque est de penser que la messe est dite, que le match est joué, et ça, ça démobilise au contraire les électeurs de celui qui est en tête.
Le second tour a lieu pendant les vacances scolaires. Pensez-vous que des électeurs d'Emmanuel Macron puissent finalement ne pas aller voter, pensant que la victoire est déjà assurée ?
Oui, bien sûr, puisque d'une certaine façon, le barrage n'a son utilité que si la menace de la submersion est là. Si vous êtes un électeur de Jean-Luc Mélenchon au premier tour, vous pouvez accepter de faire contre mauvaise fortune bon coeur, c'est-à-dire essayer de mettre sous l'éteignoir un peu votre refus, votre rejet d'Emmanuel Macron pour faire obstacle au Rassemblement national et à l'extrême droite. Mais s'il n'y a plus véritablement de menace de l'extrême droite, à ce moment-là, vous reprenez votre liberté en vous disant : pas la peine que je fasse un effort. C'est là qu'on constate que les sondages peuvent avoir une dimension de prophétie autoréalisatrice, mais presque inversée. C'est-à-dire que la promesse d'une victoire ou d'un succès peut amener une surprise finale, en effet, consécutivement à la démobilisation.
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