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Vidéo Président et candidat : comment les chefs d'État de la Ve République ont annoncé briguer un second mandat

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Article rédigé par franceinfo - Lou Bourdy
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Emmanuel Macron doit annoncer sa candidature dans une lettre aux Français publiée dans l'ensemble des titres de la presse régionale, jeudi 3 mars. Retour sur la façon dont ses prédécesseurs ont géré ce statut de président-candidat.

Depuis 1958, six présidents ont décidé de briguer un nouveau mandat : Charles De Gaulle, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron. Seuls Georges Pompidou, décédé en fonctions le 2 avril 1974, et François Hollande, qui a renoncé à se représenter le 1er décembre 2016, n'ont pas été candidats à un second mandat.

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1965 : Charles De Gaulle "se tient prêt"

En 1965, pour la première élection au suffrage universel direct, Charles De Gaulle déclare sa candidature 31 jours seulement avant le vote, l’annonce la plus tardive. Il prend la parole depuis l'Elysée, dos à une grande bibliothèque : "Aujourd'hui, je crois devoir me tenir prêt à poursuivre ma tâche, mesurant en connaissance de cause de quel effort il s'agit, mais convaincu qu'actuellement, c'est le mieux pour servir la France." Le discours dure neuf minutes. Pour le fondateur de la Ve République, ce sera forcément un franc succès. Il fait d'ailleurs comprendre dans son discours que ce sera lui ou le chaos. Charles de Gaulle termine finalement en ballotage au second tour et bat François Mitterrand de justesse.

1981 : Valéry Giscard d'Estaing, le "citoyen-candidat"

Autre discours enregistré depuis l'Elysée, 55 jours avant le premier tour : celui de Valéry Giscard d'Estaing en 1981. Le président sortant se présente comme un "citoyen-candidat" et non un "président-candidat". Il l'assure : "Le président de la République continuera sa tâche jusqu'au bout, ce qui est son devoir. Le candidat s'en distinguera entièrement." Pas de traditionnel "Vive la république et vive la France", Valéry Giscard d'Estaing choisit un simple "Bonsoir", qui marquera les esprits.

1988 : François Mitterrand au journal de 20h

Annoncer sa candidature en un seul mot, c'est possible aussi. François Mitterrand le fait sur Antenne 2, le 22 mars 1988. 33 jours avant le premier tour, le journaliste Henri Sannier lui pose la question : "Ma première question est simple et directe à la fois [...], êtes-vous à nouveau candidat à la présidence de la République ?" François Mitterrand répond alors : "Oui." Une annonce discrète, au détour d'une question. La campagne électorale fut rapide mais victorieuse. Le président sortant l'emporte face à son Premier ministre, Jacques Chirac.

2002 : Jacques Chirac candidat à Avignon

Jacques Chirac innove en 2002. Pas de discours à la télévision, le président sortant, en difficulté dans les sondages, joue la carte de la spontanéité. En déplacement à Avignon, il fait poser la question par la maire UMP de la ville, une amie à lui : "Chère Marie-Josée Roig, vous m'avez posé une question directe et franche. Eh bien, j'y répondrai dans le même esprit : oui, je suis candidat". Il est celui qui annoncé le plus tôt sa candidature, 69 jours avant l’élection.

2012 : Nicolas Sarkozy exclut l'abandon de poste

10 ans plus tard, en 2012, Nicolas Sarkozy s'invite au 20h de TF1, 67 jours avant l'élection. Se décrivant en capitaine qui n'a pas le droit de quitter le navire en pleine tempête, le président déclare : "Oui, je suis candidat", car "ne pas solliciter à nouveau la confiance des Français, ce serait comme un abandon de poste." Il sera finalement battu par François Hollande. 

2022 : Emmanuel Macron dans une lettre aux Français

La crise Covid puis la guerre en Ukraine ont troublé la campagne électorale. Et encore plus celle d'Emmanuel Macron, qui a donc attendu les dernières heures pour faire connaître ses intentions aux Français, avant de formaliser sa candidature auprès du Conseil constitutionnel, avant vendredi 4 mars 18h comme l'exige le délai fixé. Emmanuel Macron doit adresser une lettre aux Français, publiée dans l'ensemble des titres de la presse régionale, jeudi 3 mars dans la soirée. Une formule suffisamment "solennelle", tout en étant "sobre" : le chef de l'Etat souhaitait, par cette voie, éviter l'écueil d'une déclaration orale décalée par rapport au contexte international de la guerre en Ukraine.

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