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Régionales : quelle stratégie pour le PS, région par région ?

Les partis avaient jusqu'à mardi 18 heures pour déposer leurs listes définitives. 

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Claude Bartolone, la tête de liste socialiste en Ile-de-France, aux élections régionales, le 6 décembre 2015. (MAXPPP)

Retrait forcé, maintien coûte que coûte et tractations. Le PS, qui espère toujours remporter "de nombreuses victoires", au second tour des élections régionales, avait jusqu'au mardi 8 décembre à 18 heures pour déposer ses listes, dans les régions où il se maintient. Francetv info fait le point sur les accords passés ou non par le PS avec ses alliés, région par région.

Nord-Pas-de-Calais-Picardie : retrait

Pour faire barrage au FN mené dans la région par Marine Le Pen, arrivée loin devant au premier tour (40,64%), le candidat PS Pierre de Saintignon se retire de la course. Une décision soutenue par la direction du parti, mais considérée comme une trahison par une partie des militants.

Provence-Alpes-Côte d'Azur : retrait

"La couleuvre a été particulièrement dure à avaler", pour le candidat socialiste Christophe Castaner, raconte Libération. Mais il a fini par accepter, tard dimanche soir, de retirer sa candidature, comme le lui demandait Jean-Christophe Cambadélis, pour laisser Christian Estrosi (LR) affronter Marion Maréchal-Le Pen.

Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine : maintien

Arrivé en troisième position, avec 16,11% des voix, derrière Philippe Richert (LR, 25,83%) et le Front national de Florian Philippot (36,06%), Jean-Pierre Masseret a décidé de se maintenir coûte que coûte. Il avait déposé sa liste lundi, 24 heures avant la date limite. Jusqu'au bout, la rue de Solférino a fait pression sur chacun des 189 colistiers pour qu'ils retirent leur candidature. A 18 heures mardi, seuls les retraits de 71 candidats ont été actés, un nombre insuffisant pour annuler le dépôt de liste. Selon les informations de francetv info, l'investiture du PS lui a été retirée mardi matin. Et de nombreux dirigeants socialistes ont appelé à voter pour le candidat de la droite et du centre, dont le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et le Premier ministre, Manuel Valls. 

Si l'eurodéputé Edouard Martin a promis de "voter Masseret", plusieurs ténors socialistes du Grand Est se sont eux aussi rapidement désolidarisés de lui. A l'instar du maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, et de celui de Metz, Dominique Gros, qui a appelé à voter pour Philippe Richert afin de "tout mettre en œuvre pour éviter l'arrivée aux responsabilités régionales du Front national".

Bourgogne-Franche-Comté : maintien

Gauche et droite sont au coude-à-coude, derrière la candidate Front national, Sophie Montel (31,48%). Et ni Marie-Guite Dufay (PS), qui a obtenu 22,99% des voix, ni François Sauvadet (LR), qui a enregistré un score de 24%, n'ont l'intention de se retirer, encore moins de fusionner. Or, tous deux disposent d'un faible réservoir de voix. Surtout, aucune liste de gauche n'est en mesure de fusionner avec le PS, faute d'avoir atteint les 5% requis. Les têtes de liste écologiste Cécile Prudhomme (3,91%) et Front de gauche Nathalie Vermorel (4,62%) ont toutefois appelé à voter PS.

Ile-de-France : fusion avec EELV et le Front de gauche

Les négociations ont été longues en Ile-de-France, mais ont abouti à un rassemblement large des listes PS, Front de gauche et EELV. "Nous partageons un bilan, des valeurs et maintenant un projet", a annoncé Claude Bartolone. Au premier tour, la liste PS conduite par Claude Bartolone a enregistré 25,19% des voix, le Front de gauche mené par Pierre Laurent (Front de gauche), 6,63%, et EELV d'Emmanuelle Cosse, 8,03%. 

Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : fusion avec EELV

Les négociations se sont achevées lundi matin, selon France 3 Midi-Pyrénées. La candidate socialiste, Carole Delga, et la tête de liste écologiste et Front de gauche, Gérard Onesta, ont trouvé un accord pour fusionner leurs listes composées de candidats socialistes, radicaux de gauche, membres du Mouvement républicain et citoyen, de Génération écologie, d'EELV, mais aussi de communistes et de membres du Parti de gauche… Les deux partis ont donc négocié toute la nuit pour trouver de la place à tout le monde, "tout en respectant la parité", précise France 3.

Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes : fusion avec EELV

Françoise Coutant et Alain Rousset, têtes de liste EELV et PS, ont annoncé une liste commune pour le second tour. Les écologistes obtiennent 17 places éligibles et deux vice-présidences, précise France 3 Aquitaine. Les écologistes avaient posé une condition non négociable à la fusion : ils ne veulent pas entendre parler de financement de la LGV (ligne ferroviaire à grande vitesse). Alain Rousset a accepté, tout en précisant qu'il était "toujours favorable à la LGV", pour laquelle il souhaite revoir le mode de financement.

Auvergne-Rhône-Alpes : fusion avec EELV et le PC

Après de très longues tractations, les représentants de Jean-Jack Queyranne (PS, 23,93%), Jean-Charles Kohlhass (Rassemblement écologiste et citoyen, 6,9%) et Cécile Cukierman (PC-Front de gauche, 5,39%) ont abouti à un accord de fusion pour le second tour, annonce Le Progrès. Dans cette grande région, Laurent Wauquiez (LR) est arrivé nettement en tête (31,73%) devant le candidat FN Christophe Boudot (25,52%).

Normandie : accord avec le Front de gauche et EELV

A l'issue du premier tour, le candidat des Républicains, Hervé Morin, arrive en tête, avec 27,91% des suffrages, devant son adversaire du Front national, Nicolas Bay (27,71% des suffrages). Mais rien n'est joué. S'il apparaît distancé, avec 23,52% des voix, le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol a des raisons d'espérer, car le PS, à la tête des conseils régionaux de Basse-Normandie et de Haute-Normandie, pourrait l'emporter au second tour, grâce aux voix de l'ensemble de la gauche. Un accord a en effet été trouvé entre le PS, le Front de gauche et Europe Ecologie-Les Verts, annonce Paris Normandie.

Pays de la Loire : fusion avec EELV

En Pays de la Loire, Bruno Retailleau (LR) est arrivé en tête avec 33,49% des voix, devant Christophe Clergeau (PS), avec 25,75%. Le FN de Pascal Gannat pointe en troisième position avec 21,35%. Face à la nécessité "de faire un front commun tant face au FN qu’à une droite régionale dure" le PS a annoncé lundi une fusion avec la liste EELV de Sophie Bringuy (7,82%), rapporte 20 Minutes.

Socialistes et écologistes ont donc réussi à dépasser leur désaccord sur le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. "Il est nécessaire de prendre en compte les années supplémentaires d’exploitation de Nantes Atlantique [l’aéroport existant], expliquent Christophe Clergeau et Sophie Bringuy dans un communiqué commun. Une étude indépendante sur son optimisation sera décidée par la région."

Centre-Val de Loire : fusion avec EELV

La triangulaire s'annonce très serrée en Centre-Val de Loire, mais, malgré sa troisième place au premier tour, François Bonneau (24,31%) est tout de même en mesure de l'emporter, selon France 3 Centre, face à Philippe Loiseau (FN, 30,49%) et Philippe Vigier (LR, 26,25%). D'autant que les socialistes sont parvenus à un accord de fusion avec la liste EELV-Nouvelle Donne (6,6%), lundi soir. Nicolas Sansu (PC, 4,59%), qui n'était pas en mesure de fusionner, avait d'ores et déjà appelé à voter PS au second tour.

Bretagne : pas d'accord avec EELV

Arrivé largement en tête, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian (PS, 34,92%), a refusé mardi 8 décembre une fusion avec la liste d'EELV, faute d'un accord cohérent. Le candidat écologiste, René Louail (6,7%), souhaitait pourtant ce rapprochement et avait entamé des discussions en ce sens, dimanche soir. 

"Les exigences d'Europe Ecologie n'ont pas permis d'aboutir à une entente équilibrée au regard des scores obtenus au premier tour", a précisé l'équipe de campagne de Jean-Yves Le Drian, mardi. L'ambition du ministre de la Défense reste toutefois "le rassemblement le plus large possible des forces de progrès, régionalistes et écologistes", au second tour.

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