Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine : le feuilleton socialiste des régionales en huit épisodes
Le candidat socialiste Jean-Pierre Masseret se maintient coûte que coûte, dans la région où le candidat FN Florian Philippot arrive en tête avec 36,06% des voix.
Il refuse de lâcher ses administrés et les 16,11% d'électeurs qui lui ont donné leur voix. Jean-Pierre Masseret, président sortant du conseil régional de Lorraine et tête de liste socialiste dans la grande région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, a déposé sa liste pour le second tour des élections régionales, lundi 7 décembre, alors que le PS réclame son retrait pour contrer le Front national. Et il a proclamé, mardi 8 décembre, sa volonté de "mener le combat jusqu'au bout", malgré le désistement de 71 de ses colistiers.
Francetv info vous raconte le feuilleton Masseret, en huit épisodes.
Episode 1 : le FN écrase la gauche et la droite au 1er tour
Dimanche soir, le numéro 2 du FN devance, de loin, Philippe Richert (LR-UDI). L'actuel président d'Alsace, seule région à droite jusqu'ici, recueille 25,83% des suffrages. Le socialiste Jean-Pierre Masseret, le président sortant de la Lorraine, arrive en troisième position avec seulement 16,11%.
Episode 2 : le PS appelle ses candidats au retrait
Afin de "faire barrage républicain" au FN, le PS a décidé, dimanche soir, à l'issue de son bureau politique, de retirer ses listes dans les régions "à risque Front national [et] où la gauche ne devance pas la droite" : Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Dans les deux premières régions, les candidats obéissent, sans trop broncher. Masseret résiste. Lundi matin, Jean-Christophe Cambadélis s'avance pourtant à annoncer le retrait du candidat en Acal, sur RTL.
Episode 3 : Jean-Pierre Masseret maintient sa liste
"Je ne me retire pas. Je n'ai pas du tout l'intention de ne pas tenir compte de l'intérêt porté au Parti socialiste dans la région Acal", a fait savoir le candidat à francetv info, lundi matin. "J'ai été informé de la déclaration de Jean-Christophe Cambadélis il y a vingt minutes. Et j'ai été plutôt surpris, car il n'a pas cherché à me contacter", affirme la tête de liste.
Episode 4 : la gauche lâche Masseret
Il n'aura "pas l'étiquette socialiste", annonce d'abord Corinne Narassiguin, la porte-parole du PS. "Jean-Pierre Masseret dit qu'il veut rester, mais il faut que tous les candidats soient d'accord avec lui pour déposer la liste" avant la date limite, mardi à 18 heures, ajoute la porte-parole du PS : "Le Bureau national a pris une décision unanime, c'est une question de principe."
Si l'eurodéputé Edouard Martin a promis de "voter Masseret", plusieurs ténors socialistes du Grand Est se sont rapidement désolidarisés de lui, à l'instar du maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, et de celui de Metz, Dominique Gros. Le président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein, ou l'ancienne ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, ont aussi abondé en ce sens. Le PRG, allié aux écologistes au premier tour, appelle à voter pour Philippe Richert.
Episode 5 : Masseret dépose sa liste
"La liste a été déposée", a déclaré lundi après-midi la députée Paola Zanetti, numéro un de la liste PS en Moselle. A l'issue d'une longue réunion dans la matinée, dans une ambiance tendue, avec ses têtes de listes départementales à son QG près de Metz, Jean-Pierre Masseret l'avait annoncé. "Je serai accusé de tous les maux, mais je suis ferme sur mes convictions", a-t-il assuré, en s'interrogeant : "Pourquoi faudrait-il maintenant que nous abandonnions, alors que 50% de nos concitoyens ne se sont pas encore exprimés ?"
"Nous considérons que les électeurs de gauche qui se sont exprimés ont besoin demain d'être représentés dans la nouvelle assemblée territoriale", a ajouté le sénateur de Moselle, à la tête du conseil régional de Lorraine depuis 2004. Selon cet ex-secrétaire d'État aux anciens combattants dans le gouvernement Jospin, "c'est l'affrontement avec le FN qui fera reculer ce parti, pas l'évitement ! L'évitement a toujours conduit à plus de FN".
Episode 6 : Valls et le PS appellent à voter Richert
"Quand il en va de la République, il faut être désintéressé, il faut être à la hauteur des événements. Quand on aime ce pays, on va droit au but et on appelle à voter pour Les Républicains", déclare Manuel Valls, sur TF1, lundi soir. "La gauche est rassemblée et peut l'emporter dans toutes les autres régions", souligne le chef de la majorité, qui ne s'était pas exprimé depuis le premier tour. Interrogé sur le cas particulier de Jean-Pierre Masseret, Manuel Valls lui demande de "ne pas s'accrocher".
De la même façon, Jean-Christophe Cambadélis appelle à voter "pour que l'autre gagne". "Je dis à Jean-Pierre Masseret qui rêve que monsieur Richert lui propose un accord, je lui dis que les responsables des Républicains de l'Est sont terrorisés par la pression de Sarkozy et n'accepteront aucun accord", a expliqué le premier secrétaire du PS. Donc, si Masseret se maintient, il fera "passer Philippot". "Je ne crois pas que Jean-Pierre Masseret, après une vie consacrée à la gauche, souhaite à 71 ans terminer par la victoire de monsieur Philippot", a-t-il conclu.
Episode 7 : le PS fait pression sur chaque colistier
Faute de parvenir à faire fléchir la tête de liste, l'état-major du Parti socialiste et le gouvernement font minutieusement pression, mardi 8 décembre, sur les 189 colistiers de Jean-Pierre Masseret. Car "si la moitié des colistiers renoncent, soit 95 noms, c'est l'ensemble de la liste qui sera invalidée", rappelle L'Obs.
Du coup, chaque colistier est joint par téléphone pour qu'il retire sa candidature. Contactée par francetv info, Pernelle Richardot, tête de liste dans le Bas-Rhin, tente de convaincre chacun d'eux. "Je n'ai aucun plaisir à faire ce que je fais, et de voir des colistiers venir en larmes signer leur propre retrait. Mais il faut faire barrage à l'extrême droite", explique-t-elle.
Episode 8 : Masseret confirme le maintien de sa liste
Le PS perd sa course contre la montre. Mardi à 18 heures, 83 colistiers indiquent vouloir se retirer. En préfecture, seuls 71 retraits de candidatures sont officiellement enregistrés sur 189. Un chiffre insuffisant pour obtenir le retrait de la liste Masseret. Dans une conférence de presse à 19 heures, Jean-Pierre Masseret confirme qu'il maintient sa liste dans le Grand Est et promet de mener le combat "jusqu'au bout". Selon nos informations, le PS lui a retiré son investiture dans la matinée.
Il y aura donc une triangulaire dans le Grand Est entre la liste FN de Florian Philippot, celle de droite de Philippe Richert et celle de gauche de Jean-Pierre Masseret.
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