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Régionales en Bretagne : un duel fratricide entre deux héritiers de Jean-Yves Le Drian

Parmi les cinq candidats qui se disputeront la tête de la région les 20 et 27 juin, deux fidèles de l'ancien président de région : le président sortant, Loïg Chesnais-Girard, sous bannière socialiste, et son vice-président à l’environnement, Thierry Burlot, sous étiquette LREM-Modem-UDI.

Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Thierry Burlot (G), candidat aux prochaines élections régionales en Bretagne, et le président de région sortant Loïg Chesnais-Girard (D) , du Parti socialiste français (PS). (FRED TANNEAU / AFP)

C'est l'une des régions où le scrutin des élections régionales, les 20 et 27 juin prochain, est le plus incertain. En Bretagne, jusqu'à cinq candidats sont en position de se qualifier pour le second tour. En cause : un duel fratricide entre deux héritiers de Jean-Yves Le Drian. Loïg Chesnais-Girard, socialiste, comme l'ancien patron, et soutenu par le PS... et l'un de ses vice-présidents, adoubé par La République en marche, Thierry Burlot.

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Racontée par Loïg Chesnais-Girard, le président de la région, à qui Jean-Yves Le Drian avait laissé les clés en 2017, c'est une histoire de trahison : "Nous avons tout voté ensemble, tout fait ensemble, et manifestement, des forces extérieures à la Bretagne en ont décidé autrement."

Dans le viseur, l'état-major de La République en marche, le clan breton au Parlement, et même l'Elysée. Cette candidature est-elle téléguidée ? Thierry Burlot, le vice-président supposé félon, dément. "Ce n'est absolument pas téléguidé, enfin, attendez, on est assez grands quand même", s'agace-t-il.

"Je vous rappelle que Loïg Chesnais-Girard n'a pas été élu par les Bretons et les Bretonnes, c'est Jean-Yves Le Drian, et qu'aujourd'hui, c'est l'heure de vérité."

Thierry Burlot, candidat MoDem-UDI-LREM

à franceinfo

"C'est l'héritage peut-être de Jean-Yves Le Drian qui se joue dans cette élection, ajoute Thierry Burlot. Est-ce qu'on suit la trajectoire que Jean-Yves Le Drian avait posée ou est-ce que par des alliances politiques, on porte un autre projet ? Je crois que c'est ça, le sujet."

Dans une région où la question du modèle agricole est cruciale, l'alliance en question, c'est celle du socialiste sortant avec Europe Écologie-Les Verts. Sa tête de liste, Claire Desmares-Poirrier, l'assure : "Je n'échange pas avec Loïg Chesnais-Girard. Il y a beaucoup de 'on dit' mais en fait, il ne se passe pas grand chose." Mais elle poursuit : "Oui, d'une manière ou d'une autre, je pense qu'il faudra qu'on s'allie. Le simple fait que, déjà il ait fait la rupture avec la macronie, pour notre territoire, c'est une révolution."

Richard Ferrand dans la liste des marcheurs

À un an de la présidentielle, Emmanuel Macon refuse de capituler à concilier respect de l'environnement et croissance. Là où ailleurs, la majorité présidentielle prétend faire barrage à l'extrême droite, en Bretagne, elle se voudrait le rempart contre une vision de l'écologie jugée dogmatique. Sur la liste de Thierry Burlot, soutenue par La République en marche, on retrouve par exemple Jonathan Guémas, la plume d'Emmanuel Macron, celui qui écrit ses discours, mais surtout Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale. Et pour Isabelle Le Callennec, la candidate Les Républicains, en fait c'est lui qui tente de capter l'héritage : "Richard Ferrand est derrière cette candidature de Thierry Burlot."

"Certes, il y a fait son meilleur score en 2017, mais la Bretagne n'appartient pas à Monsieur Macron."

Isabelle Le Callennec, candidate Les Républicains

à franceinfo

Pour l'instant elle refuse de parler d'alliance de second tour, elle espère profiter de la division. Et c'est le cas aussi de Gilles Pennelle, le candidat du Rassemblement national. "Les enfants de Jean-Yves Le Drian se déchirent, estime-t-il. Je ne vois pas comment ils pourraient se réconcilier demain pour proposer un projet cohérent aux Bretons. Dans ce paysage politique morcelé, éclaté, le Rassemblement national a toute sa place."

Jean-Yves Le Drian ne voulait pas de cette division. Il n'a toujours pas officiellement apporté son soutien au candidat soutenu par le parti présidentiel.

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