Cet article date de plus de trois ans.

Infographies Régionales 2021 : quelle est l'assiduité de vos conseillers régionaux ?

Article rédigé par franceinfo - "L'Œil du 20 heures"
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le conseil régional des Hauts-de-France, à Lille, le 16 janvier 2014. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

En moyenne, ces élus sont présents à 86% des assemblées plénières, mais une dizaine de conseillers régionaux affichent un taux d'absence supérieur à 60%.

L'heure du bilan a sonné pour les conseillers régionaux. A quelques jours des élections régionales, organisées les dimanches 20 et 27 juin, l'équipe de "L'Œil du 20 heures" de France 2 s'est intéressée à l'assiduité des élus de ces puissantes collectivités. Alors, qui sont les bons et les mauvais élèves ? Quel parti obtient le bonnet d'âne ? Y a-t-il des spécificités régionales ? Vous pouvez consulter le taux de présence de vos conseillers régionaux dans le moteur de recherche ci-dessous.

Toutes les données de ce tableau sont issues des procès-verbaux des assemblées plénières organisées plusieurs fois dans l'année durant ce dernier mandat par les conseils régionaux de l'Hexagone. Les élus y débattent des grandes orientations de la politique locale et votent les principaux textes de la collectivité, comme le budget. Chaque conseiller doit signer un document pour signifier sa présence. D'autres séances, en commission permanente ou thématique, sont aussi organisées, mais elles n'ont pas été prises en compte dans notre calcul.

Toutes les régions ont-elles joué le jeu de la transparence ? Non. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur, dirigée par Renaud Muselier (Les Républicains), a refusé de communiquer ses données, empêchant le calcul de l'assiduité de ses élus. Nous avons saisi la Commission d'accès aux documents administratifs à la suite de ce refus.

Certaines données doivent aussi être interprétées avec précaution. Il s'agit notamment du cas des conseillers régionaux qui n'ont pas réalisé l'ensemble de leur mandat en raison, par exemple, d'un remplacement ou d'une démission. De plus, le taux d'absence des conseillers régionaux signalés par un astérisque a été affecté par des raisons personnelles ou de santé.

Quelques conseillers régionaux particulièrement absents

Si la moyenne générale de l'assiduité des conseillers régionaux est plutôt bonne (86% de présence), quelques élus font fortement baisser ce chiffre. Une dizaine de conseillers régionaux passent en effet sous la barre des 40% de présence aux séances plénières alors qu'ils ont effectué l'ensemble de leur mandat.

Plusieurs d'entre eux ont accepté de nous donner les raisons de cet absentéisme chronique. "On a beaucoup de déplacements", explique ainsi Dominique Bilde, conseillère régionale du Rassemblement national dans la région Grand Est et également députée européenne depuis 2014. "Mais j’ai toujours travaillé mes dossiers", assure-t-elle, citant sa participation au sein de la commission économique. Comme elle, Gérard Trémège, conseiller régional (Les Républicains) d'Occitanie, doit aussi jongler avec un autre mandat, celui de maire de Tarbes. Une double casquette qui expliquerait son absence régulière aux séances plénières, selon son entourage.

Julie Gnuva, conseillère régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes (Les Républicains) justifie, elle, son absence par sa fonction de cheffe d'entreprise. "J’ai dû arbitrer. Ma valeur ajoutée n’était pas dans l’hémicycle à attendre que la séance plénière se passe", affirme-t-elle. Dans l'entourage de Camille de Rocca Serra, conseiller territorial (Les Républicains) de Corse, on pointe plutôt du doigt l'épidémie de Covid-19. Enfin, Jean-Yves Le Drian, conseiller régional de Bretagne et ministre des Affaires étrangères, n'a pas souhaité nous répondre, malgré une présence très rare aux séances plénières.

Un taux de présence moyen par région presque toujours au-dessus de 80%

Les régions se retrouvent globalement dans un mouchoir de poche concernant l'assiduité moyenne de leurs conseillers. Les régions Bretagne et Centre-Val de Loire font bonne figure, avec un taux de présence dépassant les 90%, et presque toutes les autres régions se maintiennent au-dessus des 80%. Une exception cependant : la région Grand Est, où l'assiduité ne s'élève qu'à 76%. Une contre-performance qui s'explique en partie par le format des séances lors de la crise liée au Covid-19, où seulement un tiers des élus pouvait siéger dans l'hémicycle. Contactée, la région a fourni des chiffres ajustés qui établissent l'assiduité moyenne de ses conseillers régionaux à 84%.

En 2015, les équipes de "L'Œil du 20 heures" et franceinfo avaient déjà relevé les compteurs dans les hémicycles régionaux, nous permettant ainsi de faire la comparaison. Toutefois, il est difficile de dégager une tendance nationale, chaque région présentant des évolutions différentes. Certaines ont amélioré leurs chiffres (Bretagne, Hauts-de-France), d'autres ont vu leur situation se dégrader (Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est). 

La droite et l'extrême droite moins assidues

Analyser l'assiduité des conseillers régionaux selon leur appartenance politique reste complexe, tant les contextes politiques varient d'une région à une autre. Mais en observant la tendance politique des 100 élus les moins présents au sein de leur hémicycle, on note que les conseillers régionaux de droite et d'extrême droite sont surreprésentés, avec près de 70% de l'échantillon.

Des mécanismes de sanctions imparfaits

En raison de leurs absences régulières, certains de ces élus ont vu leur indemnité rabotée. Depuis le début de la dernière mandature, plusieurs régions ont voté la mise en place de mécanismes instaurant des retenues d'indemnités en cas d'absences injustifiées. "Tout conseiller régional qui comptabilise, au terme d’un semestre échu, plus de 30% d’absences non justifiées, voit son indemnité mensuelle réduite à due proportion dans la limite de 50% sur le semestre suivant", explique le règlement de la région Bretagne depuis 2016. En Ile-de-France également, des sanctions similaires prévues en 2016 ont été renforcées en 2018 : "Désormais, la sanction financière s’appliquera dès la première absence injustifiée d’un élu, au prorata du nombre de réunions auquel il devait assister."

Mais de nombreux élus justifient leurs absences, échappant ainsi aux mesures de rétorsion. C'est par exemple le cas de Gérald Darmanin, dont le taux de présence dans l'hémicycle des Hauts-de-France a chuté lorsqu'il est devenu ministre. Ainsi, il est à 56% en fin de mandat. Cependant, le locataire de la place Beauvau n'a fait l'objet d'aucune sanction par la région. Autre illustration : Roland Jourdain, conseiller régional de Bretagne mais aussi navigateur, qui comptabilise un taux d'assiduité de 62%. "Il m’arrive souvent d’aller en mer, j’étais en course, en préparation du Vendée Globe. L’année 2020 a été compliquée, je suivais quand même les dossiers", explique-t-il à "L'Œil du 20 heures".

Des documents transmis par la région Occitanie permettent de relativiser la portée de ces sanctions. A titre d'exemple, sur la période allant de janvier 2016 à avril 2017, un élu étant également député, attendu à 26 conseils régionaux, n'a été présent qu'à 12 séances (46% d'assiduité). Mais 13 de ses absences étant justifiées, il n'a pas été concerné par les retenues sur son indemnité.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.