Cet article date de plus de deux ans.

Proposition de primaire à gauche : "Les refus nets et affirmés peuvent cacher des discussions et des négociations", selon la Fondation Jean-Jaurès

Aucun des candidats de gauche ne semblent en mesure de se qualifier pour le second tour, "c'est-à-dire qu'ils disparaissent de l'enjeu politique immédiat de l'élection présidentielle et ça, évidemment, Anne Hidalgo ne peut pas l'accepter", explique Emeric Bréhier, le directeur de l'Observatoire de la politique à la Fondation.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate du PS à l'élection présidentielle de 2022, le 22 novembre 2021. (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Anne Hidalgo donne dimanche 12 décembre le deuxième meeting de sa campagne à Perpignan, après son appel lancé aux candidats de gauche de participer à une primaire pour désigner un candidat unique. "Elle a essayé de sortir un peu le bazooka. Et pour l'instant, ça ne porte pas ses fruits", explique Emeric Bréhier, le directeur de l'Observatoire de la politique à la Fondation Jean-Jaurès, groupe de réflexion marqué à gauche, dimanche sur franceinfo. Il affirme cependant que "les refus nets et affirmés peuvent cacher des discussions et des négociations".

>> Présidentielle : de l'atonie à la zizanie, la semaine qui a remis la gauche sous le feu des projecteurs

franceinfo : Anne Hidalgo n'a essuyé que des refus à sa proposition de primaire. Que peut-elle encore tenter pour convaincre ?

Emeric Bréhier : Pas grand-chose pour être très honnête. Elle a essayé de sortir un peu le bazooka. Et pour l'instant, ça ne porte pas ses fruits. Il faut néanmoins faire toujours attention parce que les refus nets et affirmés peuvent cacher des discussions et des négociations qui peuvent se poursuivre. Mais tout ça vient un peu tard et je pense que c'est ce qui explique la force des refus de Jadot, de Mélenchon et de Roussel à la proposition d'Anne Hidalgo.

Est-ce que ça ne ressemble pas aussi à un premier pas vers un retrait de sa candidature ?

Il est encore bien trop tôt pour le dire. Et puis, si d'aventure elle devait choisir cette solution, il y aurait des déflagrations au sein de son propre parti. Donc la chose n'est pas si évidente que ça. Cela cache simplement la prise de conscience du fait qu'aujourd'hui, les candidats dits de gauche ont du mal à percer et qu'aucun d'entre eux n'est en mesure de se qualifier pour le second tour, c'est à dire qu'ils disparaissent de l'enjeu politique immédiat de l'élection présidentielle. Et ça, évidemment, Anne Hidalgo ne peut pas l'accepter et c'est bien normal. Donc elle essaye de tout faire pour que ce soit un peu différent.

Les écologistes s’étaient retirés en 2017 au profit de Benoît Hamon. L’ascenseur pourrait-il être renvoyé à présent ?

Non, la situation est un peu différente. Si on se souvient bien, les écologistes quand ils se retirent de la course à la présidentielle, ils sont crédités de 1 % des intentions de vote. C'est encore plus faible que ce qui est aujourd'hui donné à Anne Hidalgo. Et Jadot n'est pas à 10 %. S'il était à 10, 11, 12, la question se poserait dans des termes totalement différents.

"Aujourd'hui, c'est une bataille de forces politiques qui sont à un niveau extrêmement faible et bas. Et c'est ce qui, paradoxalement, ne favorise pas le rassemblement."

Emeric Bréhier, directeur de l'Observatoire de la politique à la Fondation Jean-Jaurès

à franceinfo

Anne Hidalgo donne ce dimanche un meeting à Perpignan, fief du Rassemblement National. Est-ce utopiste de tenter de chasser sur les terres du RN ?

Ce n’est pas utopiste parce qu'il faut bien le faire. Ce devrait être le cœur de l'électorat de gauche. Là où il y a une petite question quand même, c'est que si on va dans une ville dirigée par le Rassemblement national, c'est qu'on en fait son objectif politique principal. Or, pour affronter le Rassemblement national, il faut quand même être suffisamment haut. Celui qui aujourd'hui est le plus haut pour concurrencer le Front national, ce n'est pas Anne Hidalgo, ce n'est pas Jadot, ni Mélenchon. C'est Emmanuel Macron. Et d'ailleurs, une bonne partie des électeurs qui ont voté au premier tour socialiste lors des dernières régionales, et notamment pour la présidente de région Carole Delga en Occitanie, aujourd'hui, une grande partie d'entre eux disent vouloir voter dès le premier tour pour Macron. Donc, il y a une espèce de signe un peu paradoxal dans le fait d'aller faire ce deuxième meeting à Perpignan.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.