Théâtre : le débat Mitterrand-Chirac de 1988 rejoué pour éclairer le duel présidentiel de 2017

A la veille du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle, les comédiens Jacques Weber et François Morel, remontent le temps. Ils jouent à partir de mardi 2 mai et jusqu’au dimanche 7 mai, au théâtre de l’Atelier à Paris, le débat de 1988 entre François Mitterrand et Jacques Chirac.

Des répliques ciselées

Jacques Weber, dans le rôle de François Mitterrand et François Morel, dans le costume de Jacques Chirac, déroulent des dialogues entrés dans l'histoire. "Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre et vous n'êtes pas le président de la République. Nous sommes deux candidats à égalité. Vous me permettrez donc de vous appeler M. Mitterrand", avait lancé Jacques Chirac, le 28 avril 1988 lors du face à face télévisé de la présidentielle. François Mitterrand avait alors répliqué : "Mais vous avez tout à fait raison, M. le Premier ministre."   

Le duel ne pouvait que séduire l’homme de théâtre qu’est Jacques Weber. "Il ne s'agit pas d'une pièce de théâtre, mais d'un objet de théâtre."

Il y a une tension entre deux personnages, une dramaturgie, un enjeu important sur le plan de l'Histoire et sur le plan de l'intimité de ces deux hommes.

Jacques Weber

franceinfo

Deux hommes sont sur scène, Jacques Chirac et François Mitterrand, deux monstres de la politique qu'il faut évidemment éviter de caricaturer. Il n'est pas question d'imitation, explique François Morel, qui s'inspire, en revanche, "du tempérament très physique" de son personnage, plus "sanguin" que son adversaire. "Jacques Chirac bouge plus, il s'exprime plus avec ses mains que François Mitterrand", explique-t-il. Toutefois, le comédien ne se prive pas de rappeler au public quelques tics de langage que Jacques Chirac pouvait avoir.  

La récurrence des grandes questions

Près de trente ans après, les thèmes du débat Mitterrand-Chirac demeurent d’une étonnante actualité. "Le premier problème qui est abordé, c'est la place du Front national. Il est ensuite question de l'immigration, de l'Europe, du chômage", rappelle Jacques Weber, pour montrer la récurrence des thèmes abordés, hier comme aujourd'hui.  

Pour François Morel, jouer le débat de 1988 peut aider à réfléchir dans l’entre-deux-tours de 2017. La pièce parle "de la dignité de la politique, de l'ambition des politiques et cela doit encourager à aller voter dimanche prochain", juge le comédien. 

La dernière représentation de la pièce est prévue le dimanche 7 mai à 16h, avec Magali Rosenzweig, dans le rôle de la journaliste Michèle Cotta, qui animait le débat du 28 avril 1988, aux côtés d'Elie Vannier.