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Enarque, eurosceptique, complotiste : cinq choses à savoir sur François Asselineau, qui a obtenu ses 500 signatures

Inconnu du grand public ou presque, le président de l'UPR dispose du nombre requis de signatures pour se porter candidat à l'élection présidentielle.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Une affiche de François Asselineau au sol dans les rues de Paris, le 24 janvier 2017. (AUGUSTIN LE GALL / HAYTHAM / REA)

Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Et pourtant, François Asselineau vient d'obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle. Selon le dernier décompte du Conseil constitutionnel, vendredi 10 mars, le fondateur de l'Union populaire républicaine (UPR), 59 ans, sera en mesure de solliciter les suffrages des Français le 23 avril.

En dix ans, cet inconnu du grand public est parvenu à se faire une petite place dans le paysage politique. Après ses 17 parrainages recueillis pour la présidentielle de 2012, ses 77 000 voix (0,41%) aux élections européennes de 2014 et ses 190 000 voix aux régionales de 2015, personne n'a vu venir ce petit candidat original, qui prône une sortie unilatérale de l'Union européenne, de l'euro et de l'Otan.

5 choses à savoir sur François Asselineau
5 choses à savoir sur François Asselineau 5 choses à savoir sur François Asselineau

1Il dispose d'un réseau de militants surmotivés

Pour les utilisateurs du périphérique parisien, le visage de François Asselineau est devenu incontournable. Les affiches de l'UPR recouvrent la grisaille du béton un peu partout dans la capitale, avec des slogans chocs entourant le visage du candidat. Pour se faire connaître, le président de l'UPR s'appuie sur un stratégie agressive d'affichage, grâce à une petite équipe de militants survitaminés prêts à œuvrer en pleine nuit.

"J’ai arrêté l’athlétisme pour coller des affiches, l’endurance, ça me connaît", raconte l'un d'eux à 20 Minutes. Le journal a rencontré une équipe de colleurs, qui expliquent être mobilisés quatre à cinq fois par semaine. Le parti revendique 16 000 adhérents, mais s'appuie surtout sur cette poignée de fidèles qui s'est occupée de solliciter les élus sur le terrain. Rencontrée par franceinfo, Sandrine Beaud'huin, maire de Landifay-et-Bertaignemont dans l'Aisne, se souvient d'une militante de François Asselineau littéralement "habitée", qui est parvenue à la convaincre de confier son parrainage. Jusque-là, l'élue n'avait pourtant jamais entendu le nom du candidat de l'UPR.

2Il n'hésite pas à harceler les médias

Les affiches ne suffisent pas. Pour développer sa notoriété, François Asselineau a besoin des médias. Du coup, le candidat ou son réseau de militants n'hésitent pas à solliciter les journalistes avec insistance, ou à laisser des commentaires sur les sites d'information. "Tout journaliste a subi, un jour ou l'autre, [du harcèlement] de la part de certains de ses militants", raconte sur son blog le journaliste politique Laurent de Boissieu. Jérôme Schrepf, journaliste à La Dépêche du Midi interrogé par franceinfo, raconte également l'insistance de celui qui briguait en 2013 le siège de député de Jérôme Cahuzac dans le Lot-et-Garonne : "Ses équipes appelaient deux ou trois fois par semaine."

Parfois, la persévérance porte ses fruits, comme lorsque le candidat de l'UPR est invité sur France 2 dans l'émission On n'est pas couché, de Laurent Ruquier. Mais cela ne lui suffit pas, et le candidat dénonce régulièrement "le silence des médias". Pour faire contrepoids, il tente alors d'investir la toile, en s'appuyant sur les 19 000 abonnés de sa page Facebook et les 18 000 "followers" de son compte Twitter, avec qui il organise des séances de questions-réponses. Il y diffuse aussi, via sa chaîne YouTube, des vidéos de ses conférences et des analyses face caméra. Les images peuvent paraître austères, mais elles recueillent en moyenne entre 50 000 et 500 000 vues.

3Il est diplômé de l'ENA et de HEC

Originaire de la Nièvre et du Loiret, le candidat Asselineau présente un CV digne du haut fonctionnaire classique, présent dans tous les cabinets des grands ministères. Diplômé de HEC, il l'est aussi de l'ENA, promotion Léonard de Vinci, sortie en 1985. "C'était un garçon qui était déjà original, mais sympathique, sans que l'on puisse se douter qu'il allait se tourner vers des idées extrémistes", selon Philippe Capron, directeur financier du groupe Veolia, qui a fréquenté l'élève Asselineau sur les bancs de l'ENA.

C'était quelqu'un de pas nécessairement comme tout le monde, un peu bizarre, un peu atypique, un peu précieux.

Philippe Capron

à franceinfo

François Asselineau connaît ensuite une carrière sans surprise pour un énarque, de l'Inspection des finances aux cabinets ministériels des gouvernements de droite. Entre 1993 et 1997, il travaille ainsi au côté de Gérard Longuet à l'Industrie ou de Hervé de Charette aux Affaires étrangères. Puis il devient directeur de cabinet de Françoise de Panafieu au ministère du Tourisme. "Cela m’a offert une solide expérience des allées du pouvoir",  se vante-t-il aujourd'hui auprès du Bien public.

En toute modestie, j’ai aujourd’hui plus d’expérience dans ce domaine que la plupart des autres candidats à la présidentielle.

François Asselineau

à franceinfo

François Asselineau, alors directeur de cabinet de Françoise de Panafieu au ministère du Tourisme, le 27 juin 1995. (NICOLAS TAVERNIER / REA)

Après ses expériences ministérielles, il fait un bout de route avec la droite souverainiste de Charles Pasqua. Il se fait alors élire conseiller de Paris en 2001, où il brille "par ses absences", selon Marie-France Coquard, qui était élue sur la même liste tibériste que lui. "Je garde de mauvais souvenirs de ce mandat, c'était de la politique politicienne", raconte de son côté François Asselineau.

4Il défend des théories complotistes

En 2015, à l'occasion d'un portrait dressé pour les élections régionales, François Asselineau confiait déjà à franceinfo ses espoirs présidentiels. Il espérait pouvoir se présenter en 2017 pour pouvoir dénoncer au grand jour "l'atmosphère de mensonge, de duplicité, d'escroquerie du peuple français" qu'il a pu découvrir "dans les allées du pouvoir". Les propos du candidat se nourrissent régulièrement de complotisme avec, comme cible récurrente, les Etats-Unis. Le candidat considère que la main de l'oncle Sam tient toutes les ficelles.

A l'écouter, les Américains seraient responsables de la construction européenne, du redécoupage des régions françaises, voire des attentats islamistes. En 2015, il citait ainsi un rapport de l'organisation Human Rights Watch, selon laquelle le FBI a "encouragé, poussé et parfois même payé" des musulmans américains pour les inciter à commettre des attentats. "Je ne dis pas que c'est forcément le cas ici, mais ce n'est pas exclu et on ne débat pas de ça", expliquait-il.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la Bourgogne-Franche-Comté a la taille de la Virginie occidentale, la Normandie a celle du Maryland, l'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes a celle de la Caroline du Sud.

François Asselineau

à franceinfo

"François Asselineau est, avec Jacques Cheminade, l'entrepreneur politique qui a le mieux compris ce qu'il pouvait tirer du complotisme, explique à franceinfo Rudy Reichstadt, le fondateur du site Conspiracy Watch. Je ne pense pas qu'il soit dingue, mais qu'il utilise le complotisme parce qu'il a compris que c'est ce qui marche sur internet."

5Il se prend pour le général de Gaulle

"Ni de droite, ni de gauche, ni extrême", l'UPR se veut inclassable, même si son programme le rapproche de la droite, voire de l’ultra-droite. Mais lui se félicite de voir que le ministère de l'Intérieur a classé son parti dans la catégorie "divers". Pour brouiller les pistes, il assure à L'Opinion que les adhérents de l’UPR viennent souvent de la gauche. Dans cette logique de dépassement des partis, François Asselineau en vient souvent à citer le général de Gaulle. Il en profite alors pour parler de l'indépendance de la France afin d'insister sur ses propositions axées autour de la sortie de l'Union européenne et de l'Otan.

Prenant toujours le général de Gaulle en exemple, il se qualifie auprès de franceinfo comme "honnête", "courageux" et "rebelle". A l'image de l'ancien président de la République, François Asselineau croit d'ailleurs en son destin d'homme d'Etat. A ce sujet, Marie-France Coquard se remémore "un ego assez prononcé" de son collègue au Conseil de Paris. De son côté, le candidat a raconté un échange éclairant avec Charles Pasqua :

– Vous ne pouvez pas avoir raison seul contre tout le monde ! lui aurait dit Pasqua.

– Et De Gaulle alors ?, répond François Asselineau.

– Vous n'êtes pas De Gaulle !

– Qu'est-ce que vous en savez ?"

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