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Présidentielle : "Il faut nous intégrer aux débats", plaident de jeunes électeurs toujours plus méfiants envers les politiques

Une étude de l'Institut Montaigne révèle qu'une majorité des 18-24 ans ne se sent proche d'aucun parti. Une génération défiante face à la classe politique mais très préoccupée par les questions de société et l'écologie, à l'image de jeunes Toulousains que franceinfo a rencontrés.

Article rédigé par franceinfo - Soisic Pellet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Illustration d'une jeune avec sa carte d'électrice, à Toulouse, en juin 2020. (FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS)

Les moins de 25 ans iront-ils voter à la présidentielle ? A quelques mois du premier tour, le 10 avril prochain, l'institut Montaigne publie jeudi 3 février une étude menée sur plus de 8.000 jeunes de 18 à 24 ans. Elle révèle que 64% des personnes interrogées montrent des signes de "désaffiliation politique", c'est à dire qu'ils ne se situent pas sur l'échelle gauche-droite et ne se sentent proche d'aucun parti, "soit par méconnaissance, soit par désintérêt, soit par rejet", précisent les sociologues qui ont mené cette enquête.

Camille, 21 ans, en fait partie. Cette habitante de Toulouse ne fait absolument pas confiance aux représentants des partis politiques : "J'ai peur de m'attacher à un politique et de me rendre compte quelques mois plus tard qu'il l'a harcelé quelques jeunes femmes ou alors [qu'il a eu] quelques emplois fictifs et j'ai l'impression que c'est complètement inévitable. Donc, donner ma voix à quelqu'un, c'est forcément soutenir beaucoup de choses que je n'ai pas du tout envie de soutenir. Tous en fait, même les candidats de gauche, même les candidats plutôt écolos, même ceux qui se disent anarchistes..."

"Je ne vois pas comment on peut tenir dans le milieu de la politique tel qu'il est maintenant, sans laisser de côté ses valeurs et sans être un arnaqueur."

Camille, 21 ans

à franceinfo

Des partis opportunistes

Malgré sa méfiance, Camille pense quand même aller voter en avril prochain, pour celui qui aura le programme écologique le plus important.

Mélissa, 21 ans elle aussi, attend des candidats qu'ils pensent aux étudiants. Et ce n'est pas vraiment le cas, selon elle, pour l'instant : "Pendant le Covid, on a été des oubliés. Mais quand il s'agit des élections présidentielles, on vient nous demander nos votes alors qu'on est pas forcément représentés et qu'on nous demande pas forcément ce qu'on veut."

"Il y a plein de réformes auxquelles on voudrait s'intéresser. La réforme des retraites, par exemple, on va y être soumis. Donc, on voudrait aussi qu'on nous écoute là-dessus et on n'est pas pris au sérieux."

Mélissa, 21 ans

à franceinfo

"On nous dit qu'on est trop jeune, qu'on ne comprend pas la politique et qu'on ne comprend pas tous les enjeux qu'il y a derrière ça. Mais non, il faut juste nous y intégrer aux débats", insiste Mélissa.

Des débats parfois éloignés des problématiques importantes aux yeux de cette génération. Maëlle, 19 ans, aimerait qu'on parle de "l'écologie, le droit des minorités, des thèmes d'actualité très importants". Mais elle a plutôt l'impression qu'on parle "d'économie, les intérêts personnels et des copains. Ça ne m'incite pas cette présidentielle à plus m'engager en politique. Et c'est un peu compliqué de s'y retrouver et d'être motivée." 

Des associations qui ont "plus d'impact"

Iliès préfère donc se tourner, lui, vers d'autres façons de s'engager : "Les manifestations, les regroupements, les prises de parole collectives même les associations étudiantes au sein des facultés qui peuvent avoir beaucoup plus d'impact, à mon sens, que le simple fait d'aller voter pour un parti qui ne nous représente pas." Il se rendra tout de même dans l'isoloir, lui aussi, en avril prochain mais plutôt par défaut que par conviction.

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Lors du dernier scrutin présidentiel, en 2017, le taux d'abstention au second tour avait atteint 34% chez les 18-24 ans, contre 25,3% pour l'ensemble des électeurs. Près de 9 jeunes sur 10 avaient boudé les urnes aux régionales de juin 2021.

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