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"Beaucoup de Français séduits par Pétain n'imaginaient pas les horreurs futures" : l'appel de trois résistants et déportés contre l'extrême droite

Un texte solennel a été lu au Camp des Milles (Bouches-du-Rhône), dimanche 30 avril, à une semaine du second tour de la présidentielle.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Camp des Milles, dans les Bouches-du-Rhône. (CAVALIER MICHEL / HEMIS.FR / AFP)

Ils ont voulu marquer le coup, à l'occasion de la journée du souvenir de la déportation. Trois représentants de la Résistance et de la déportation ont estimé, dimanche 30 avril, dans un appel solennel lu au Camp des Milles (Bouches-du-Rhône), que la France ne pouvait pas prendre le "risque mortel" de l'extrême droite au second tour de l'élection présidentielle.


Journée du souvenir au camp des Milles / France 3 Paca

"Nous avons appris durement à reconnaître les visages et les masques de l'exclusion et de la haine, ont écrit trois "Grands anciens" du site mémorial du Camp de Milles, dans un texte prononcé par le président du musée, Alain Chouraqui. Comme nous reconnaissons les petits calculs, les colères dévoyées ou les aveuglements qui permettent le pire."

"Aujourd'hui, malheureusement, par-delà les mots et les faux semblants, nous les reconnaissons bien dans notre pays", indiquent Denise Toros Marter, déportée à 16 ans à Auschwitz, Sidney Chouraqui, engagé volontaire de la France libre, et le colonel Louis Monguilan, résistant, déporté à Mauthausen.

"Le danger le plus immédiat pour nos libertés"

"Nous savons bien que tous ceux qui sont attirés par les extrêmes ne sont pas eux-mêmes des extrémistes. Mais ce fut le cas aussi pour beaucoup de Français ou d'Allemands séduits un moment par Pétain ou Hitler dont ils n'imaginaient pas les horreurs futures", poursuivent-ils.

Nous ne supportons pas l'idée que les héritiers des politiques antirépublicaines que nous avons connues puissent à nouveau exercer et détourner le pouvoir républicain.

Denise Toros Marter, Sidney Chouraqui et Louis Monguilan

"C'est aujourd'hui l'extrémisme nationaliste qui risque de conquérir le pouvoir dans notre pays et qui présente donc le danger le plus immédiat pour nos libertés et pour l'unité de notre peuple", affirment-ils.

"Nous avons connu les 'diables ordinaires'"

"Peu importe que l'on nous accuse de diabolisation. Car nous avons connu les 'diables ordinaires' qui peuvent préparer l'enfer. Nous savons jusqu'où mènent l'intolérance et l'exclusion au pouvoir. Nous en connaissons la dynamique meurtrière. Pour notre pays, pour les valeurs de la République, pour nos enfants et petits-enfants, ce risque mortel ne peut pas être pris", concluent-ils.

Le Camp des Milles, près d'Aix-en-Provence, est le seul grand camp français d'internement et de déportation encore intact. Il abrite aujourd'hui un musée et un mémorial, engagé dans la lutte contre l'extrémisme.

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