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Robin Reda, un UMP "normal" élu maire de Juvisy à 22 ans

Avec 52,57% des voix, il a remporté les élections municipales à Juvisy-sur-Orge dès le premier tour. La ville était gérée par la gauche depuis 43 ans. Francetv info a rencontré le nouveau maire, un des plus jeunes de France.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Robin Reda, le nouveau maire UMP de Juvisy-sur-Orge (Essonne), dans une rue de la ville, mardi 25 mars 2014.  (VIOLAINE JAUSSENT / FRANCETV INFO)

"Je n'ai jamais eu autant d'amis !" Depuis dimanche 23 mars, la notoriété de Robin Reda a bondi. Sa liste UMP est non seulement arrivée en tête des municipales à Juvisy-sur-Orge (Essonne), mais a en plus remporté l'élection dès le premier tour (52,57%). Une double-performance : à 22 ans, Robin Reda va devenir l'un des plus jeunes maires de France. Dans le même temps, il fait basculer à droite une ville de 15 000 habitants gérée par la gauche depuis 43 ans. Deux jours après le scrutin, le nouvel élu est toujours surpris par son propre score : "Je pensais gagner, mais d'une courte tête." Son téléphone ne cesse de sonner. "C'est pire que le Nouvel An !", s'exclame-t-il.

"Bonjour !", "Bravo !" : dans les rues de Juvisy, mardi, les habitants félicitent leur futur maire. Il serre des mains, s'arrête pour discuter. Avec ses petites lunettes noires, sa mèche blonde plaqué sur le côté droit et son long manteau noir, il a l'allure d'un jeune premier. Il sera diplômé de Sciences Po Paris en avril. "C'est bizarre d'être reconnu et salué", confesse-t-il. Robin Reda attribue pourtant son succès à sa proximité avec les Juvisiens, proximité qui, selon lui, a fait défaut au maire sortant. Elu depuis 1998, Etienne Chaufour était candidat à sa propre succession sous l'étiquette du Parti radical de gauche. Il n'a obtenu que 32,94% des suffrages dimanche.

"Il y a sans doute des choses que l'on aurait pu, que l'on aurait dû mieux faire, mais ce vote est une sanction nationale claire", a déclaré dimanche soir Etienne Chaufour au Parisien (article pour abonnés). Pour Robin Reda, la gauche a déçu au niveau national, mais aussi sur le plan local. Le maire sortant aurait réagi trop tard à l'épineux dossier de la Poste. Depuis fin février, le courrier n'est plus trié à Juvisy-sur-Orge, mais à Viry-Châtillon, commune voisine. Robin Reda estime que cette délocalisation met les services publics en danger. Il a axé sa campagne sur ce thème. "J'ai rencontré les dirigeants de la Poste concernés avant d'être élu. Organiser un nouveau rendez-vous avec eux sera une de mes premières actions en tant que maire", promet-il.

Son modèle : Jacques Chirac

Dans la liste des premières mesures également : la sécurité. Robin Reda veut renforcer la présence policière à la gare de Juvisy, où transitent chaque jour 60 000 passagers, et doubler les effectifs de la police municipale. Un classique pour un maire de droite. Comme il le dit lui-même, il a fait "ses classes à l'UMP". Il s'est engagé en 2008. Depuis, à chaque élection, il se mobilise pour faire campagne. Il a gravi les échelons du parti et, à 22 ans, est déjà devenu un apparatchik de l'UMP. Un parcours logique selon lui : "Depuis tout petit, je suis passionné de politique." Son modèle, c'est Jacques Chirac. "C'est la figure politique avec laquelle j'ai grandi. Son image de bon vivant, proche des gens, a marqué les Français. Il m'inspire."

Mais pour se lancer à l'assaut de la ville où il a grandi et vit toujours, il fallait un déclic. Il l'a eu lors d'un "café politique" avec Nathalie Kosciusko-Morizet. "C'était à Longjumeau [ville dont elle était maire entre 2008 et 2013]. Nous étions dix autour d'elle. Elle venait d'être secrétaire d'Etat. Pourtant, elle nous parlait comme à des amis réunis autour d'un café. A ce moment-là, j'ai compris que la proximité était aussi possible pour les politiques. Cela m'a donné le culot d'en être." C'est à cette dernière, et à Georges Tron, président de la fédération UMP de l'Essonne, qu'il dévoile ses ambitions pour Juvisy-sur-Orge. "On a parlé pendant deux heures de mon projet pour la ville. Ils l'ont validé et m'ont apporté leur soutien", raconte-t-il.

Une image de proximité peaufinée

Robin Reda donne le top départ de sa campagne électorale dès le 1er mars 2013. Il démarre tôt pour se faire connaître : son jeune âge l'empêche d'être une figure politique locale. Pour, aussi, avoir le temps de peaufiner son image de politique proche de la population. "La campagne était longue. Il a eu le temps de faire des progrès. Au début, il avait des difficultés, reconnaît sa colistière et future première adjointe, Isabelle Guinot-Michelet. Mais il n'a jamais fait semblant." "C'est quelqu'un de très correct, mais je ne me fais pas d'illusion. Son image de proximité, c'est une posture", dénonce de son côté Mounia Benaili, la candidate du Front de gauche. Arrivée en 3e position dimanche, avec 14,48% des voix, elle sera élue d'opposition.

"Robin Reda a beaucoup été attaqué sur son âge. Mais pour moi, son plus gros défaut, c'est qu'il est de droite", poursuit Mounia Benaili, elle-même jeune candidate de 35 ans. "Son âge n'a pas posé de problème dans notre équipe, car dans sa tête, il n'a pas 22 ans, mais beaucoup plus, explique Isabelle Guinot-Michelet, quinquagénaire. Il nous insuffle beaucoup de force." Robin Reda, lui, considère sa jeunesse comme un atout : "On peut se coucher tard et se lever tôt sans être très fatigué. En période de campagne électorale, c'est pratique." Il estime cependant qu'il doit encore acquérir de l'expérience. "Pendant ce mandat, je vais aussi apprendre à être maire." "Contrairement à d'autres candidats, au sein de l'UMP et ailleurs, je n'ai pas voulu faire de ma jeunesse un phénomène médiatique", précise-t-il. Il juge que cette discrétion, appréciée des Juvisiens, lui a permis de gagner l'élection, et il souhaite continuer sur cette ligne.

"Je veux rester un Juvisien 'normal'"

"Je ne vais pas changer mes habitudes. Je veux rester un Juvisien 'normal', sans vouloir reprendre le vocabulaire d'un président socialiste", glisse-t-il avec un sourire. Il reprend pourtant à son compte une autre expression chère à la gauche : la démocratie participative."Je veux qu'elle existe à Juvisy. Pendant la campagne, j'ai organisé de nombreuses réunions d'appartements. Je souhaite continuer, en organisant des réunions de quartiers tous les trimestres", indique-t-il. "Je ne veux pas devenir quelqu'un d'inaccessible. Le pari qu'ont fait les gens en m'élisant, malgré mon jeune âge, m'oblige à des responsabilités que je dois respecter."

Un pari difficile. A Juvisy-sur-Orge, le bâtiment de la mairie est une grande maison bourgeoise qui surplombe la ville. Les administrés ne s'y rendent pas : ils sont reçus dans une annexe, en centre-ville. Tout un symbole, que Robin Reda veut essayer de changer. "C'est certainement un cadre de travail agréable, avec une belle vue sur la ville. Mais c'est trop éloigné des Juvisiens."

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