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Puy-de-Dôme : que se passe-t-il à Picherande, le village qui "recommence des élections une fois par trimestre" ?

A partir du 12 octobre, les habitants de cette commune rurale peuvent déposer leur candidature en préfecture, pour intégrer le conseil municipal. Les élections sont prévues en novembre... et les électeurs connaissent par cœur le chemin des urnes.

Article rédigé par franceinfo, Fabien Magnenou
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Des élections sont de nouveau prévues à Picherande (Puy-de-Dôme), en novembre 2017. C'est le troisième scrutin local en un an. (GOOGLE MAPS / FRANCETV INFO)

"Election municipale partielle à Picherande – épisode 326" . Ainsi ironise, dans un communiqué, la préfecture du Puy-de-Dôme sur la situation de cette commune de 360 habitants, connue pour sa culture de la gentiane, dont elle est la "capitale européenne". Pour la troisième fois de l'année, des démissions en cascade au sein du conseil municipal de la commune ont contraint les autorités à organiser de nouvelles élections.

Un cinquième poste est à pourvoir lors de la prochaine élection partielle. Le scrutin est prévu en novembre. Les candidats peuvent déposer leurs dossiers à partir du jeudi 12 octobre. "On recommence des élections environ une fois par trimestre", se lamente de son côté la sous-préfecture d'Issoire à franceinfo.

Démissions en cascade et pagaille électorale

Les défections en série ont débuté le 18 février à Picherande, lorsque quatre des onze personnes composant le conseil municipal ont démissionné, puis une autre, dix jours plus tard. Une élection a été organisée les 9 et 16 avril. A peine un mois après, le 5 mai, un autre conseiller a également jeté l'éponge. Mais en l'absence de candidats, le scrutin a été annulé avant même le premier tour...

Rebelote pendant l'été, avec un scrutin prévu les 25 juin et 2 juillet. Trois candidats ont bien été élus, mais deux autres ont rapidement quitté le conseil, dont le maire lui-même, Serge Chamoux. Il a présenté sa démission début octobre. Et Picherande est revenue au point de départ. 

"Certainement un problème avec le maire"

Cette situation ubuesque est née à la fois d'une querelle de clocher et d'un manque de motivation dans la population. "Il n'y a pas une très bonne ambiance. Les gens racontent tout et n'importe quoi, ça bavasse dans tous les sens", raconte à franceinfo un habitant, bon connaisseur du dossier.

En cause, selon lui : de profonds désaccords au sein du conseil municipal. Plusieurs dossiers ont ainsi mis le feu au poudre, comme la location des biens sectionnaux (terrains communaux) ou le changement de banque pour obtenir de meilleurs taux d'emprunt. Beaucoup ont critiqué le maire, tour à tour accusé d'avoir abordé les dossiers avec amateurisme, de n'avoir rien délégué aux adjoints puis de ne pas les avoir informés des avancées en cours.

"Il y a eu un souci dès l'hiver dernier, avec des discordes en cascade et certainement un problème avec le maire. Les relations étaient mal préparées", confirme le premier adjoint Frédéric Echavidre, élu cet été et qui assure l'intérim depuis la démission de Serge Chamoux. "Des curieux venaient au conseil municipal, puis racontaient tout le lendemain. On passait pour des ânes." 

Trois personnes intéressées, selon le premier adjoint

Contacté par franceinfo, Serge Chamoux confirme "des mésententes", tout en rejetant les critiques. "Il y a maintenant une salle socio-culturelle, on a refait l'assainissement, les égoûts, les chemins", se justifie-t-il. L'ancien maire qualifie également de gageure la quête de cinq nouveaux conseillers pour terminer le mandat municipal... qui sera renouvelé en 2020. "La population est moins intéressée par les responsabilités. Les gens ne sont pas intéressés par le fait de mener deux choses à la fois", croit savoir l'ancien maire.

Le premier adjoint se veut, lui, optimiste. "Je ne suis pas inquiet du tout. Trois personnes sont déjà intéressées", affirme Frédéric Echavidre. Il souhaiterait qu'une dizaine d'habitants déposent un dossier, pour éviter que les électeurs "se sentent pris en otage" en glissant leur bulletin dans l'urne.  

"Cela peut arriver"

La crise de régime démocratique ne devrait toutefois pas compromettre l'existence de Picherande. Une fusion avec les communes voisines n'est absolument pas à l'ordre du jour. Et les autorités n'envisagent pas non plus de "nommer trois ou quatre personnes dans une délégation spéciale, afin de gérer les affaires courantes". Dans le département, des élections anticipées ont déjà eu lieu à Chalus et Saint-Jean-en-Val, avant que les choses ne rentrent dans l'ordre.

Au-delà des querelles locales, les dossiers traités dans les collectivités locales sont de plus en plus techniques, ce qui peut poser des problèmes dans les petites communes. Picherande dispose d'un budget de 800 000 euros et emploie six salariés. "Aujourd'hui, il faut être disponible pour des réunions en journée, télécharger des documents..., résume Frédéric Echavidre. Ce n'est pas toujours évident pour des retraités et les actifs ont moins de temps". Mais Picherande pourrait bientôt retrouver sa sérénité. "Nous avons eu une mauvaise passe de huit mois, mais cela peut arriver dans toutes les administrations et toutes les familles."

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