Municipales : le spectre du vote sanction s'éloigne
Selon un sondage Ipsos/Steria pour France 3 et "Le Monde", 80% des Français affirment qu'ils voteront avant tout en fonction d'enjeux locaux. Décryptage.
Cette question se pose à chaque scrutin intermédiaire : les électeurs vont-ils voter en fonction d'enjeux nationaux ou locaux ? Les municipales des 23 et 30 mars n'échappent pas à la règle. L'opposition, UMP et Front national en tête, appelle à sanctionner le gouvernement. La majorité fait profil bas, et mise sur les questions locales.
Qu'en pensent les principaux intéressés ? Selon un sondage Ipsos/Steria pour France 3 et Le Monde, publié jeudi 20 mars, 80% des Français voteront "avant tout en fonction des enjeux de leur commune". Explications.
La "relocalisation du scrutin"
Une élection qui intervient deux ans après la présidentielle, un chef de l'Etat plus impopulaire que jamais... "Tous les ingrédients étaient réunis pour un vote sanction comme aux municipales de 2008", explique Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos. Pourtant, seuls 17% des Français se déplaceront "avant tout pour manifester leur opposition au président de la République et au gouvernement", d'après le sondage.
Comment l'expliquer ? "L'effet de méfiance de plus en plus accentué à l’égard de la scène politique nationale provoque une relocalisation du scrutin municipal", analyse Brice Teinturier, qui rappelle que "seuls 8% des Français font confiance aux partis politiques".
L'UMP, empêtrée dans les affaires, "n'est pas aujourd'hui porteuse d'une espérance suffisante pour structurer un vote sanction", observe le sondeur. Enfin, sur le terrain, les candidats font campagne sur des enjeux concrets et locaux, pour "accrocher les électeurs". "On retrouvera peut-être un vote sanction à l'occasion des élections européennes. Mais pour ces municipales, il y a une relocalisation du scrutin", résume Brice Teinturier.
Le "bon gestionnaire" plutôt que le "bâtisseur"
Parmi les différents enjeux locaux, le plus cité par les sondés est "l'évolution des impôts locaux", devant "la qualité de vie en général", et "la situation financière" de la commune.
Brice Teinturier y voit une conséquence de la hausse de la fiscalité observée depuis 2012. "Le modèle attendu de leadership est aujourd'hui plus proche du maire bon gestionnaire que du maire bâtisseur", observe-t-il. La sécurité se classe quatrième. "Nous sommes dans une forme de retour aux fondamentaux, avec un désir de bien vivre, d'être protégé, et d'avoir un maire soucieux des finances de la commune", résume-t-il.
Sondage réalisé sur internet du 11 au 14 mars 2014 auprès de 1 006 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française.
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