Municipales 2020 à Lyon : le mode d'emploi pour comprendre le scrutin dans la ville et la métropole
Les habitants des 59 communes de la métropole lyonnaise ont le droit, pour la première fois, à deux élections : les municipales et les métropolitaines. Franceinfo vous détaille le mode d'emploi de cette double élection.
"Les Lyonnais ont du mal à comprendre cette double élection, parce qu'elle est unique en France et qu'elle a lieu pour la première fois", confie à franceinfo un candidat à la métropole de Lyon. Dans leurs bureaux de vote, les habitants de la métropole lyonnaise vont découvrir, les 15 et 22 mars, non pas une mais deux urnes électorales.
Comme partout ailleurs, la première servira à élire le maire de leur commune. La seconde sera consacrée à l'élection métropolitaine, qui doit renouveler le conseil de la métropole de Lyon. Franceinfo vous explique ce qui attend les électeurs de l'agglomération lyonnaise.
Quelle est la particularité de l'élection à Lyon ?
A Lyon, comme à Marseille et à Paris, les conseillers municipaux sont élus à l'intérieur de secteurs électoraux, et non au sein d'une circonscription unique (la commune) comme dans le reste de la France. Par ailleurs, la capitale des Gaules se distingue en organisant deux élections en même temps.
Pourquoi les Lyonnais ont-ils le droit à deux scrutins ?
Les habitants de l'agglomération sont invités, en mars, à élire pour la première fois des conseillers métropolitains, en plus des conseillers municipaux. La loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, promulguée en 2014, a créé une collectivité à statut particulier, la métropole de Lyon, pour remplacer la communauté urbaine de Lyon. "A la différence des autres métropoles qui n’ont pas la qualité de collectivités territoriales, l’élection des conseillers métropolitains de Lyon est indépendante des élections municipales", détaille la préfecture du Rhône.
Cette nouvelle collectivité, qui existe officiellement depuis le 1er janvier 2015, est donc devenue l'un des principaux lieux de pouvoir, puisqu'elle a été dotée de nouvelles compétences tout en récupérant celles du Grand Lyon et du conseil général sur le territoire de la métropole. La collectivité, qui regroupe 1,3 million d'habitants et qui dispose d'un budget de 3 milliards d'euros, gère ainsi de nombreux domaines sur les 59 communes de la métropole, que ce soit pour le développement économique (tourisme, agriculture, relations internationales…), l'aménagement du territoire (transports, logement, énergie…) ou encore le cadre de vie des habitants (collecte des déchets, culture, sports…).
Comment fonctionne cette nouvelle élection pour la métropole ?
Les 150 conseillers métropolitains doivent être élus au suffrage universel direct à partir de 2020, précise la loi. Le gouvernement a fait le choix d'un scrutin de listes paritaires à deux tours avec prime majoritaire et une dose de proportionnelle. Il s'agit du type d'élection pratiqué dans les communes de plus de 1 000 habitants. Pour la métropole, il n'y a pas une, mais 14 élections pour les 14 circonscriptions de la métropole (voir la carte ci-dessous). Chaque circonscription envoie entre 7 et 17 conseillers à la métropole en fonction de son nombre d'habitants.
Si une liste obtient la majorité absolue des suffrages exprimés dès le premier tour, elle remporte l'élection et la moitié des sièges. Les autres sièges sont, eux, répartis de manière proportionnelle. Sinon, on organise un second tour avec les listes qui ont atteint la barre des 10%. La liste qui arrive en tête de ce second tour obtient la moitié des sièges. Les autres places sont là aussi distribuées de manière proportionnelle entre les listes qui ont dépassé les 5%.
Prenons par exemple la circonscription de Lyon-Ouest, qui dispose de 11 sièges. Si une liste A l'emporte avec 55% sur une liste B, la liste A récolte automatiquement 6 élus (car on arrondit à l'entier supérieur quand il y a plus de quatre sièges à distribuer). Les 5 autres sièges sont répartis entre les deux listes à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne. Soit, dans cet exemple, 4 sièges pour la liste A et 2 pour la liste B. Au final, la liste gagnante obtient donc 10 sièges, contre 2 pour la liste défaite. Le président de la métropole est ensuite élu par les conseillers métropolitains, lors d'un vote à bulletin secret.
Et pour la ville de Lyon ?
Les élections municipales ne se déroulent pas de la même façon que dans les autres communes. Les conseillers municipaux sont élus à l'intérieur de secteurs électoraux, comme à Paris et Marseille, et non au sein d'une circonscription unique. Pour Lyon, il s'agit des neuf arrondissements de la ville. Il y aura donc neuf "mini-élections municipales".
Chaque arrondissement désigne ensuite un nombre déterminé de conseillers municipaux en fonction du nombre d'habitants – de 4 pour le 1er arrondissement à 12 pour le 3e et le 8e. En même temps que les conseillers municipaux, les électeurs élisent aussi des conseillers d'arrondissement, qui figurent sur la même liste. Pour le reste, il s'agit du même type d'élection que pour la métropole de Lyon ou pour une élection municipale classique, c'est-à-dire un scrutin mixte de liste. L'ensemble des conseillers municipaux forment le conseil municipal qui aura la tâche d'élire le maire de la ville.
Qui sont les candidats ?
Pour briguer la métropole de Lyon, au moins huit candidats sont en lice. Gérard Collomb a obtenu l'investiture de La République en marche et il sera soutenu par le MoDem et l'UDI. Mais le maire sortant de Lyon, âgé de 72 ans, va devoir affronter la candidature dissidente de David Kimelfeld, son ancien premier adjoint à la mairie qui avait pris sa succession à la tête de la métropole en 2017 au moment de son départ pour le ministère de l'Intérieur. Porté par de bons sondages, le candidat écologiste Bruno Bernard est à la tête d'une liste EELV. A gauche, Renaud Payre, directeur de Sciences Po Lyon, mène une liste soutenue par le Parti socialiste, Nathalie Perrin-Gilbert présente des listes soutenues par La France insoumise dans les circonscriptions lyonnaises et Olivier Minoux représente Lutte ouvrière. Pour les Républicains, c'est François-Noël Buffet qui mènera la liste. Enfin, l'ancien élu de La France insoumise Andréa Kotarac est à la tête d'une liste du Rassemblement national.
Pour la ville de Lyon, l'ancien gymnaste Yann Cucherat a été adoubé par Gérard Collomb comme tête de liste pour LREM. La dissidence du camp LREM sera menée par Georges Képénékian, l'actuel premier adjoint du maire de Lyon. Deux autres candidats centristes tenteront d'exister : Eric Lafond (100% Citoyens) et Denis Broliquier (Les Centristes). Les écologistes ont désigné de leur côté Grégory Doucet, 46 ans et responsable au sein de l'ONG Handicap international. A gauche, Nathalie Perrin-Gilbert est à la tête d'une liste divers gauche soutenue par La France insoumise et Sandrine Runel défend une autre liste regroupant plusieurs formations, dont le Parti socialiste. Le vice-président du conseil régional, Etienne Blanc (Les Républicains) et Agnès Marion (Rassemblement national) complètent le tableau.
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