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Ce que l'on sait de l'enquête qui vise Gérard Collomb pour des soupçons de détournement de fonds publics

La justice s'intéresse aux emplois dont l'actuel maire de Lyon aurait fait bénéficier son ex-compagne, Meriem Nouri, à la mairie de la ville depuis 1995. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le maire de Lyon, ancien ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, lors d'une conférence de presse donnée à l'Hôtel de ville de Lyon, le 6 juin 2019.  (JEFF PACHOUD / AFP)

Ciel orageux pour le baron lyonnais. Des perquisitions ont été menées, mercredi 5 juin, au domicile de Gérard Collomb ainsi que dans les locaux de la mairie de Lyon. Le même jour, Le Canard enchaîné a révélé l'existence d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier (PNF) et visant l'actuel maire de la ville pour un possible "détournement de fonds publics"

Le PNF, institution judiciaire créée en 2013 et spécialisée dans la traque de la délinquance économique et financière, s'intéresse aux emplois dont l'ancien ministre de l'Intérieur aurait fait bénéficier son ex-compagne, Meriem Nouri, à la mairie depuis 1995. Cette affaire intervient dans un contexte politique délicat pour Gérard Collomb, à quelques mois des élections municipales auxquelles l'ancien locataire de la place Beauvau, réélu maire sans interruption depuis 2001, envisage de se présenter. Explications.

"Plusieurs emplois municipaux depuis plus de vingt ans", selon "Le Canard enchaîné"

D'après les magistrats, cités par Le Canard enchaîné, Gérard Collomb aurait "fait bénéficier son ex-compagne de plusieurs emplois municipaux depuis plus de vingt ans". L'hebdomadaire précise que Meriem Nouri a d'abord été recrutée à temps partiel au sein du groupe PS en 1995 alors que Gérard Collomb était maire du 9e arrondissement. En 1999, "désormais séparée du maire de Lyon, elle est embauchée en tant que contractuelle", relate le journal. Elle occupe ensuite divers emplois dans des mairies d'arrondissement, au cabinet du maire ou encore dans une bibliothèque municipale. 

Des fonctions dans lesquelles elle aurait bénéficié de "rémunérations complémentaires payées en heures supplémentaires", indique l'hebdo, précisant que l'enquête a été confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), créée à la suite de l'affaire Cahuzac en 2013. Ces investigations font suite à la remise d'un rapport provisoire de la chambre régionale des comptes d'Auvergne-Rhône-Alpes, ­consacré à la gestion de la ville de Lyon, au parquet national financier.  

Des détournements estimés à 500 000 euros

Cette enquête préliminaire a pour but de vérifier que l'ancienne compagne de Gérard Collomb, mère d'un de ses enfants, a bien occupé ses postes dans les différents services de la ville et si ses salaires et ses heures supplémentaires sont justifiés. 

Dans le cadre de cette enquête, des perquisitions ont d'abord été menées mercredi de bonne heure au domicile de Gérard Collomb, dans un immeuble cossu du 5e arrondissement de Lyon, puis à l'Hôtel de ville. Objectif : trouver des éléments de preuves sur l'irrégularité éventuelle des sommes versées à Meriem Nouri. Selon les informations du Parisien, le montant des détournements présumés au profit de cette femme entre 2009 et 2018 est estimé à 500 000 euros. 

Les recherches menées dans les locaux de la mairie de Lyon se sont terminées mercredi soir vers 19 heures, selon Le Progrès. "Au service paye de la Ville, [les enquêteurs] ont récupéré des données informatiques et ont recherché les contrats de Meriem Nouri", précise le quotidien régional. 

Ce n'est pas la première fois que le travail de cette femme dans des services municipaux agite la scène politique lyonnaise. Un observateur averti se souvient ainsi que des rumeurs d'emploi fictif avaient déjà couru lors de la campagne des municipales de 2008. 

Gérard Collomb dit n'avoir "rien à cacher"

Mardi soir, le maire de Lyon a vivement réagi après avoir pris connaissance de l'article à paraître dans Le Canard enchaîné. Dans un communiqué transmis à l'AFP, il a retracé la carrière municipale de son ancienne compagne, tout en s'indignant d'"informations tant inacceptables qu'intolérables"

Selon Gérard Collomb, Meriem Nouri est employée par la ville de Lyon dans différentes fonctions depuis 1995, "d'abord comme agent non titulaire de catégorie C puis titularisée comme agent administratif en juin 2005". Elle a été successivement affectée dans deux mairies d'arrondissement avant d'être chargée d'une "activité d'accueil et d'information de proximité sur des projets urbains" de 2009 à 2015. Pour le maire de Lyon, il n'est question d'aucun emploi fictif durant toute cette période. "On se souvient bien d'elle, elle était bien présente et même pas simple à gérer", soutient auprès du Monde le maire d'un arrondissement concerné. Depuis début 2018, Meriem Nouri a été affectée d'abord dans une bibliothèque municipale, avant d'être embauchée dans une mairie d'arrondissement où elle se trouve actuellement. 

"Je n'ai rien à cacher. Ça doit faire une petite quarantaine d'années que je suis dans la vie publique et on a beaucoup essayé de chercher des failles dans ce que nous faisions, mais nous avons toujours été d'une grande rigueur", a insisté Gérard Collomb lors d'une conférence de presse, jeudi, à Lyon. Le maire a aussi répété être "un peu étonné" de voir que "ce problème, qui date apparemment d'une vingtaine d'années, sorte juste après les européennes et juste avant les municipales". Il a cependant assuré n'être "pas inquiet" quant à l'issue de l'enquête. 

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