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Les populismes en Europe (6/9) : en République tchèque, Andrej Babis, le Trump européen

À deux mois des élections européennes, franceinfo tente de comprendre la montée des populismes en Europe. En République tchèque, le Premier ministre Andrej Babis est un homme d'affaires milliardaire.

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot, édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Andrej Babis, à Bruxelles, le 21 mars 2019. (EVA PLEVIER / POOL)

En République tchèque, le Premier ministre Andrej Babis appartient à cette classe des dirigeants populistes d'Europe centrale. Son pays est membre du groupe de Visegrad, aux côtés notamment de la Hongrie et de la Pologne.

Populisme République tchèque (Monika Skolimowska/dpa/picture-alliance/Newscom/MaxPPP)

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On présente souvent Babis comme le Trump tchèque. C'est le magazine Forbes qui l'a ainsi surnommé : deuxième fortune du pays, trois milliards et demi d'euros, davantage même que Donald Trump. Babis est un magnat de l'agroalimentaire, de la chimie, des médias, avec son tentaculaire groupe Agrofert, plus de 200 entreprises, ce qui en fait le premier employeur en Tchéquie. Malin en affaires, fils d'un diplomate qui fut en charge des négociations du GATT, il a notamment vécu en France et en Suisse et aime à parler notre langue.

Un discours anti-élites et anti-migrants

Andrej Babis est entré en politique comme d'autres dirigeants populistes du continent, en surfant sur le désaveu des partis traditionnels, alors même que le pays est plutôt prospère et connaît un chômage au plus bas. Il manie un discours anti-élites, sur fond de scandales de corruption, en faisant également commerce de la peur, avec une rhétorique anti-migrants très éprouvée. Il compare ainsi l'Europe au village d'Astérix assiégé.

Son ascension est fulgurante. En 2011, Andrej Babis crée le parti ANO, qui signifie "oui" en tchèque, c'est l'acronyme d'Action des citoyens mécontents. Trois ans plus tard, il est ministre des Finances. Lors des législatives de 2017, il promet de diriger le pays comme une entreprise, distribue des beignets à ses supporteurs, fustige les bavards du Parlement... Et il gagne. Le voilà Premier ministre, les sondages lui accordent toujours un crédit confortable.

Un entrepreneur libéral, qui ne souhaite pas quitter l'Union européenne

Andrej Babis fait face à des accusations de corruption. Un comble, pour celui qui prétendait laver plus blanc. Il avait déjà perdu le portefeuille des finances en mai 2017, en raison de transactions financières douteuses. La Commission européenne pourrait désormais l'épingler pour conflit d'intérêts. Elle a suspendu les versements à son conglomérat, qui a notamment reçu quelque 82 millions d'euros de fonds européens en 2017.

Andrej Babis n'est pas un anti-européen. Pour lui, hors de question de sortir de l'Europe. Il veut surtout en changer les règles dans un sens plus libéral. Il est contre le "carcans bruxellois" et pour une Europe de libre-échange. Il incarne plutôt ce que certains chercheurs appellent le populisme entrepreneurial. Il est aussi très libéral sur des questions de société, favorable notamment au mariage des couples homosexuels.

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