"Programme commun", "Front populaire"... On vous explique ces expressions et leur place dans l'histoire de la gauche

Depuis l'annonce lundi d'un "nouveau front populaire" contre l'extrême droite aux législatives, plusieurs expressions reviennent dans la bouche de certains politiques.
Article rédigé par franceinfo
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Une manifestration de femmes militantes du Parti communiste, le 30 mai 1936 à Paris. (AFP)

Les principaux partis de gauche ont annoncé lundi 10 juin un nouvel accord pour les élections législatives. Un "nouveau front populaire" selon les mots du communiqué, signé par les socialistes, les écologistes, les communistes et les insoumis. Ils parlent aussi de "programme commun". Des références à des épisodes passés de la gauche, comme le Front populaire en 1936.

Le Front populaire, une parenthèse courte faite d'acquis sociaux

C'est une alliance des partis de gauche en réaction à la marche du 6 février 1934 à Paris, un défilé antiparlementaire de ligues d'extrême droite. Ce jour-là, les manifestant s'approchent de l'Assemblée nationale, la marche tourne à l'émeute et le bilan est lourd : près de 20 morts et 2 000 blessés. L'épisode est vécu comme une onde de choc après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en Allemagne. Les socialistes de Léon Blum et les communistes de Maurice Thorez, pourtant très opposés à l'époque, défilent rapidement ensemble contre le danger du fascisme. Le parti radical, plus centriste, s'y joint par la suite. C'est pour "sauver la République" que cette idée de Front populaire émerge. Elle déborde largement du cadre des partis, jusqu'aux syndicats, associations et organisations sportives ou culturelles.

"C'est une référence mythique à gauche, car c'est un moment d'union qui est arrivé alors que la désunion était très forte entre les Radicaux, les Socialistes et les Communistes", explique à franceinfo l'historien Jean Vigreux, auteur de L'Histoire du Front populaire, aux éditions Tallandier. 

Un programme commun est mis sur pied en 1935 avec ce mantra : "Pour le pain, la paix et la liberté". Aux législatives de mai 1936, il n'y a pas de candidature unique de la gauche au premier tour, mais le Front populaire se réalise au second tour et la gauche remporte 57% des voix. Les socialistes remportent le plus de sièges, et Léon Blum prend la tête du gouvernement.

C'est aussi le bilan du Front populaire qui est mis en avant. Dès son arrivée au pouvoir, Léon Blum réunit pour la première fois les syndicats et le patronat. Ensemble, ils signent les accords de Matignon, un texte pour sortir d'un mouvement de grève et d'occupation d'usines inédit dans le pays. Réduction du temps de travail à 40 heures par semaine, création des congés payés : cette parenthèse est courte et deux ans plus tard, c'est la fin de l'aventure. En 1938, face à la peur des mouvements de grève et à la fuite des capitaux, le radical Edouard Daladier prend la tête du gouvernement, repart au centre droit et revient sur plusieurs acquis, notamment sur le temps de travail.

Le programme commun, socle de l'élection de Mitterrand en 1981

En plus du Front populaire, un autre terme revient beaucoup ces dernières heures : le programme commun. C'est un autre terme très symbolique de la gauche, encore utilisé mardi par l'insoumise Manon Aubry sur franceinfo. Il évoque un programme élaboré par le Parti communiste et le Parti socialiste en 1972, basé notamment sur des nationalisations. Ce "logiciel" guide les deux partis et permet un candidat unique de la gauche à la présidentielle de 1974. Il est ensuite renégocié et en 1981, François Mitterrand devient le premier président de gauche de la Ve République. Mais il ne résistera pas au "tournant de la rigueur", deux ans plus tard en 1983.

"Ce terme inscrit ce qui est en train de se passer dans une histoire, un moment où les socialistes et communistes se sont compris", appuie le docteur en histoire contemporaine Christophe Batardy. Celui-ci indique également que, comme pour le Front populaire, pendant la période du Programme commun, entre 1972 et 1981, il n'y a pas eu de logique de candidatures communes à gauche aux élections législatives, en 1973, 1978 et 1981. "Depuis 1958, il n'y a qu'en 2022 qu'il y eut des candidatures communes à gauche dès le premier tour", rappelle-t-il, avec la Nupes.

La gauche plurielle, mise sur pied en 1997

Enfin, une autre alliance de partis de gauche a existé entre 1997 et 2002, c'est ce qu'on appelle la gauche plurielle. Elle est conclue en quelques semaines à l'occasion des législatives de 1997, après une dissolution de l'Assemblée nationale par le président Jacques Chirac. L'alliance rassemble à l'époque le Parti communiste, le Parti socialiste, le Parti radical de gauche, le Mouvement des citoyens et Les Verts. Il n'y avait cette fois pas de programme commun, mais un accord électoral qui prévoit des candidatures uniques dès le premier tour, ou à défaut l'engagement de se désister pour le candidat le mieux placé au deuxième tour. Après la victoire de la gauche plurielle aux législatives, Lionel Jospin, alors premier secrétaire du PS, est nommé Premier ministre.

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