Législatives 2024 : La gauche peut l'emporter malgré les "différences" entre les partis, estime l'ancienne ministre socialiste Marylise Lebranchu

Plusieurs partis de gauche, notamment le PS, PCF, EELV et LFI, appellent à "la constitution d’un nouveau front populaire" et à "des candidatures uniques dès le premier tour" des législatives anticipées.
Article rédigé par franceinfo
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Marylise Lebranchu, ancienne ministre de la Justice, en janvier 2017. (MARTIN BUREAU / AFP)

"Oui", la gauche peut l'emporter aux prochaines élections législatives malgré les "différences" entre les partis et malgré le "peu de temps" pour s'organiser, estime la socialiste Marylise Lebranchu, ancienne garde des Sceaux du gouvernement de Lionel Jospin, entre 2000 et 2002, présidente de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains, entre 2010 et 2012, et député sortante du Finistère.

franceinfo : Certains socialistes critiquent le Front populaire sur quelques points de divergence. Êtes-vous d'accord avec eux ?

Marylise Lebranchu : Si on avait à la fois du temps et des gros scores à gauche, on pourrait discuter de tout ça. Il y a des différences, qui se sont vues, qui ont été exprimées, en particulier par rapport au droit international appliqué au conflit israélo-palestinien, par rapport à ce qu'on devrait faire ou ne pas dire ou ne pas faire avec Monsieur Poutine. Bref, il y a eu des différences, en particulier en politique internationale. Moi je pense que compte tenu de la situation, ces différences, on peut très bien, si on prend deux heures pour chacune, les régler. Est-ce qu'on est d'accord pour Israël, Palestine, deux États ? Oui. Est-ce qu'il faut libérer les otages ? Bien évidemment. Est-ce qu'il faut faire un cessez-le-feu ? Oui. Est-ce que le Hamas est un mouvement de résistance ? Parce que c'était ça qui avait le plus choqué. Non, c'est une organisation classé terroriste. Il y a des choses simples à dire.

Il y a aussi des divergences sur la politique intérieure, par exemple sur la réforme des retraites...

La retraite à 60 ans, ce n'est pas que ça. C'est tous les critères de pénibilité qui sont tombés avec le gouvernement Macron, qu'on pourrait remettre pour que ceux qui travaillent très dur puissent partir beaucoup plus tôt que les autres. Il y a des tas de choses sur lesquelles on peut toujours être pas tout à fait complètement d'accord, mais on n'a pas le choix, on n'a pas le choix.

Vous n'avez pas le choix face à la montée de l'extrême droite ?

Les gens qui ne croient plus en la politique se sont réfugiés dans deux partis d'extrême droite, en particulier au RN. C'est extrêmement violent parce que ce parti n'a joué que sur l'immigration et l'insécurité, mais n'a pas dit à tous ces gens en colère que le Smic n'augmentera pas, qu'on ne reviendra pas sur le texte des retraites pour pouvoir faire alliance avec Les Républicains, qu'on n'ira peut-être pas aussi loin sur l'assurance chômage, mais qu'on ne saquera pas les riches et qu'on n'ira pas chercher des recettes là où elles sont. Bref, c'est un parti de droite, violemment de droite, puisque, à cette condition dure qu'il prédit à ces populations, il ajoute la haine de l'autre. Là, il y a urgence. Moi, je reste convaincue que si ces personnes en colère votent une autre fois, c'est-à-dire aux législatives prochaines, parce qu'elles n'ont pas confiance en nous, pour le Rassemblement national, alors la France est d'extrême droite pour longtemps.

Vous êtes inquiète pour ces législatives du 30 juin et du 7 juillet prochains ?

Oui, je suis inquiète, parce que c'est très difficile de bâtir un accord en quelques heures et le président de la République le savait. C'est très difficile de faire une campagne en si peu de temps. On sait même pas s'il y aura des papiers dans les imprimeries. C'est très difficile et je pense qu'on n'aura peut-être pas le temps de démontrer ce qu'est réellement le Rassemblement national, en particulier par rapport à ce qu'on appelle les classes populaires, qui sont en fait la classe des gens qui attendent un mieux-être, un progrès dans leur vie de tous les jours. On n'aura peut-être pas assez de temps. C'est pourquoi je pense que, même s'il faut passer sur quelques circonscriptions en moins, en plus, pour les uns, pour les autres, ça vaut le coup. Ça vaut vraiment le coup de tenter le meilleur accord possible pour pouvoir dire à ceux qui sont en difficulté qu'il y a de l'espoir. Or, aujourd'hui, ils n'en ont pas encore.

Pensez-vous que la gauche a des chances de l'emporter ?

Oui, quand vous regardez tous les résultats, oui, naturellement. Le Rassemblement national va empêcher le progrès. Si on réussit à faire passer ce message cette première semaine, alors peut-être que la deuxième semaine, on pourra passer l'autre message qui est de dire qui peut faire progresser les conditions de vie de la majorité des Français. C'est la gauche qui elle, justement, a dans ses tripes, dans son cœur, dans son raisonnement, le fait que les inégalités sont trop violentes et qu'au Parlement, on peut corriger ça.

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