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Vidéo Élections européennes : "Back to basics, retour aux fondamentaux, c'est comme ça qu'on reconstruira la gauche", affirme Benoît Hamon

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Le chef de file du mouvement Génération.s aux européennes a notamment rappelé jeudi, lors d'un débat à la Maison de la radio, que le Parti socialiste français allait être dans le groupe socialiste européen, qui négocie avec Emmanuel Macron.

"La gauche ne tient pas la digue sur la question des migrants, elle est faible. 'Back to basics', retour aux fondamentaux, c'est comme ça qu'on reconstruira la gauche et surtout qu'on donnera de la chair à un débat politique et démocratique européen qui n'a lieu qu'entre pro et anti-européens", a estimé jeudi 23 mai Benoît Hamon, tête de liste Génération.s lors du débat des élections européennes organisé par Radio France.

franceinfo : Quels sont les axes de votre politique migratoire ?

Benoît Hamon : Le seul débat qu'on a en France c'est : est-ce qu'il faut un, deux ou trois murs. C'est incroyable ! Ce dont on se protège, c'est d'enfants, de leurs parents sur des bateaux ou de jeunes en haillons et claquettes et qui veulent venir sur le territoire européen, pour lesquels on consacre une énergie, un argent et un débat politique d'un continent vieillissant, qui ne prend pas le mesure de ses atouts. Il y a déjà des frontières ! Je suis favorable à un fonds et une force de sauvetage et de recherche en mer, à une harmonisation du droit d'asile et à la remise en question la notion de "pays sûr". Car on peut venir d'un "pays sûr" et être persécuté pour son orientation sexuelle. Je souhaite que l'on remette en cause le règlement de Dublin, qui est une absurdité puisque la géographie décide de la politique. Je souhaite qu'on mette en place un visa humanitaire et que l'on arrête cette hypocrisie totale qui veut que l'on externalise les frontières en Libye au Soudan ou en Turquie, au prix d'un marchandage qui nous place entre les mains de tyrans. Moi, je suis sûr de notre force. Je ne suis pas un peureux ou un "à moitié peureux", comme on peut le voir chez les libéraux et les nationalistes.

Vous faites de la question de la transition écologique une priorité de votre programme, comme Yannick Jadot et Raphaël Glucksmann. Pourquoi n'êtes-vous pas sur une liste commune ? Auriez-vous pu être sur une liste commune avec les socialistes ?

Non, parce qu'ils vont être dans le groupe socialiste européen qui négocie avec Emmanuel Macron. C'est une information que tout le monde a, mais qui n'est pas un élément du débat politique. Pourquoi au Portugal, en Espagne, aux Pays-Bas, on assume le fait que le Parti socialiste européen va constituer un groupe commun avec Emmanuel Macron alors qu'en France, cet aspect est dissimulé ? Je n'ai aucun doute de la sincérité de Raphaël Glucksmann sur la remise en cause du libre-échange. Mais cette revendication n'avancera pas d'un pouce au sein du PSE ! Parce qu'Antonio Costa, Frans Timmermans, Pedro Sanchez ne sont pas d'accord avec lui. Vous avez le nationalisme partout aux portes de l'Europe et vous allez m'expliquer que l'indifférenciation droite-gauche peut continuer comme ça ? (…) On ne peut pas faire campagne à Paris en disant qu'on s'oppose à une orientation politique et mettre en œuvre cette orientation politique à Bruxelles.

Mais vous serez minoritaire pour renverser cette orientation politique.

On va chercher des alliés, à gauche. Est-ce que la gauche est assez forte en Europe ? Est-ce qu'elle tient la digue, sur la question des migrants par exemple ? Non. Elle est faible, il faut la reconstituer. Back to basics, retour aux fondamentaux. C'est comme ça qu'on reconstruira la gauche et qu'on redonnera de la chair à un débat politique et démocratique européen qui n'a lieu qu'entre pro et anti-européens. Moi, j'affirme qu'il y a une autre politique possible en Europe.

Pourquoi considérez-vous que 500 milliards d'euros par an est le bon chiffre à affecter à la transition écologique ?

On ne l'a pas inventé. Le consensus scientifique et économique, c'est 4% du PIB de l'Union européenne pour la transition écologique et si on vise la neutralité carbone en 2050. Cela suppose 500 milliards d'euros d'investissement par an. Une fois posé ce chiffre, on a imaginé le financement, à traités constants, en proposant que la Banque centrale européenne et la Banque européenne d'investissement, qui poserait des garanties, émettent des obligations vertes. Ce serait un moyen de répondre à tous les projets qui peuvent exister en termes de mobilité, d'isolation des logements, d'énergie renouvelable, de changement de modèle agricole. Ce chiffre-là n'est pas un chiffre de coin de table, mais il correspond au consensus scientifique économique et scientifique.

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