Départementales : le PS peut-il sauver l’honneur lors des triangulaires ?
278 triangulaires, autant d’occasions pour le PS de tenter d’enrayer la défaite qui s’annonce. Mais est-ce seulement possible ?
Le PS sauvera-t-il sa peau lors des triangulaires ? Mardi soir, 4075 binômes de candidats aux élections départementales ont confirmé leur présence au second tour. Parmi eux, des centaines s’apprêtent à affronter deux autres paires d’aspirants-conseillers départementaux. En tout, ce sont 278 cantons qui sont concernés par une triangulaire. Le Front national (FN), comme s’il fallait encore confirmer sa puissance électorale, participera à 273 d'entre elles.
L’UMP se frotte les mains, certaine qu’une vague bleue déferlera sur les départements dimanche. Mais elle devrait peut-être prêter davantage attention à ces scrutins particuliers, où ses candidats croisent le fer avec les deux autres principales forces politiques du pays. Le PS, présent dans 207 triangulaires et en première position dans 88 d’entre elles, pourra-t-il sauver quelques meubles ?
Oui, car il pourrait bénéficier du report des voix de la gauche jusque-là divisée
Décrié par les députés de gauche jusque dans sa propre majorité, le pouvoir socialiste n’avait aucune chance de rassembler son camp lors des départementales. La gauche est souvent partie divisée entre candidatures du Front de gauche, d'Europe-Ecologie Les Verts ou du parti communiste. C’est l’une des raisons de ses difficultés.
Mais au cours des triangulaires, cet éclatement pourrait prendre fin, temporairement du moins. "Quand l’écart (entre les binômes en ballotage, ndlr) est faible, le report des voix des listes non-qualifiées pour le second tour est crucial, explique Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et spécialiste du comportement électoral. Or, le FN est un parti unique qui ne fait pas d’alliances, hormis avec des partis locaux comme la Ligue du sud, et l’UMP a déjà fait campagne avec ses alliés du centre-droit, rassemblés au sein de l’UDI."
La gauche, elle, peut encore panser ses plaies et faire barrage à la droite voire à l’extrême droite. Un puissant facteur de rassemblement. "La gauche s’est présentée dispersée, tout particulièrement dans le Sud Ouest, énonce Martial Foucault. Elle peut donc se rassembler au second tour et ainsi sauver des départements." En Gironde, par exemple, le second tour se jouera lors d'une triangulaire dans 9 des 33 cantons. Le PS devrait en remporter 8, bien que la droite soit arrivée en pole position dans cinq d'entre eux au premier tour.
Oui, car les électeurs de gauche pourraient se remobiliser
La peur de l’extrême droite est un facteur de mobilisation puissant. Elle pourrait déclencher un autre phénomène favorable au PS : la mobilisation de l’électorat abstentionniste entre les deux tours.
"Toute triangulaire, ou presque, a un effet positif sur la participation, reprend Martial Foucault. Or, l’électorat qui s’est le moins déplacé au premier tour est celui de gauche." Selon une enquête Ipsos, les électeurs de François Hollande au premier tour de l’élection présidentielle se sont davantage abstenus le 22 mars (51%) que ceux de Nicolas Sarkozy (44%) ou ceux de Marine Le Pen (42%). Cet électorat a besoin d’une bonne raison pour se mobiliser. Et faire barrage à la droite ou au FN lors d'une triangulaire en est une bonne. "Dans un contexte de forte défiance vis-à-vis de la politique, sentir que sa voix est susceptible de faire la différence est très mobilisateur", ajoute le politologue.
Non, car l’ampleur de la défaite est trop importante
Mais les socialistes ne se voilent pas la face. Même en sauvant la Nièvre, la Gironde et d’autres départements particulièrement concernés par des triangulaires, le Parti socialiste ne ferait que limiter l’ampleur d’une défaite de toute façon historique. Les socialistes et leurs alliés ont été éliminés dans 524 cantons (sur 2054) dès le premier tour.
Dimanche, le PS pourrait voir basculer plusieurs bastions historiques ou départements symboliques. Dès le premier tour, il a perdu le contrôle sur son fief du Nord, éliminé de la compétition dans 23 cantons sur les 41 en jeu. Il est aussi particulièrement mal en point dans le tout proche Pas-de-Calais, dans l’Essonne du Premier ministre Manuel Valls et en Corrèze à laquelle François Hollande est très attaché. La situation est telle que la Seine-Saint-Denis, département socialiste par excellence, jamais tombé aux mains de la droite, a été cité comme proie potentielle de de l’UMP. Quoi qu’il se passe dans ces triangulaires, le PS restera le grand perdant de ces élections.
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