À Montreuil, avec les indécis du second tour : "Quand j'imagine voter Macron pour éliminer Le Pen, j'ai les larmes aux yeux"

A deux jours du second tour de l'élection présidentielle, certains électeurs ne savent toujours pas pour qui voter ou même s'ils vont aller voter. Pour la plupart, le débat de l'entre-deux-tours, mercredi, n'a pas été convaincant. C'est ce qu'a constaté franceinfo à Montreuil, en Seine-Saint Denis, département où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour. Le maire communiste de la ville a appelé à voter pour Emmanuel Macron mais plusieurs habitants, eux, hésitent encore.

Autour de la place du marché de la Croix de Chavaux, les affiches en faveur du candidat de La France insoumise sont toujours en place. C'est pour lui que Philippe a voté au premier tour, sans hésiter. Là, il se dit "très, très, très indécis" pour le second tour. "Je sais que je ne vais pas voter pour Marine Le Pen. En revanche, je ne sais pas si je vais m'abstenir ou si je vais aller glisser un bulletin 'Emmanuel Macron' dans l'urne", confie-t-il.

Attendre la dernière minute

Le débat de mercredi soir n'a pas aidé Philippe à se décider. "C'était un débat de chiffonniers, déplore ce Montreuillois. J'avais l'impression d'être au café du commerce et de voir deux militants s'entredéchirer. Ils étaient à la limite de se jeter à la gorge. C'était pitoyable", déplore-t-il.

Emmanuel Macron ne met absolument pas d'eau dans son vin. Il veut accélérer des réformes qui ont déjà porté Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Je n'ai pas forcément envie de soutenir ça.

Philippe, un habitant de Montreuil

à franceinfo

Un peu plus loin, Salomé, 20 ans, affirme qu'elle prendra sa décision "devant l'urne". Pour cette animatrice d'école, "aucun des programmes des deux candidats ne peut rejoindre le programme" de Benoît Hamon, pour qui elle a voté au premier tour. "C'est assez compliqué à gérer, confie-t-elle. Honnêtement, je ne sais pas si je vais glisser un bulletin dans l'urne ou pas. C'est la première fois que je me retrouve face à ce genre de problème".

La collègue de Salomé, Cassandre, est dans la même situation. "J'ai voté Mélenchon donc il a fallu d'abord encaisser la déception, explique la jeune femme de 33 ans. Je suis extrêmement divisée. Les deux me sont viscéralement impossibles à concevoir. Je vais essayer de faire un choix, certainement à la dernière minute. Quand j'imagine voter Macron pour éliminer Le Pen, j'ai franchement les larmes aux yeux."

"Ni l'un ni l'autre!"

À Montreuil, il y a aussi ceux qui ont fait le choix de l'abstention. Et qui l'assument. "Ni l'un ni l'autre !", lance Alain, un intermittent du spectacle qui a choisi François Asselineau le 23 avril dernier. "On pourrait penser que ça va faire le jeu du Front national de s'abstenir et qu'il faut mettre un maximum de chances pour éviter que le Front national ne passe, reconnaît-il. Néanmoins, pour moi, il n'y a pas de choix".

Greg, lui, avait voté pour Philippe Pouton. Ce jeune travailleur social de 28 ans ne veut pas "choisir entre la peste et le choléra" même s'il admet que "c'est un peu facile à dire". Pour lui, "il y a plein d'autres manières de lutter contre le FN dans la rue". 

Mettre tous les cinq ans un bulletin anti-FN dans l'urne, cela ne fait pas avancer les choses, au contraire.

Greg, un habitant de Montreuil

à franceinfo

Selon les derniers sondages Ipsos Sopra Steria (2 mai) et Odoxa (5 mai) pour franceinfo, 25% des électeurs devraient s'abstenir au second tour de la présidentielle dimanche.