Education : un internat pour les tout-petits
Notre immersion du vendredi avec la vie d'un pensionnat. Un type de pensionnat très rare en France puisqu'il accueille des enfants âgés de 4 à 12 ans. Alors, qui sont ces tout-petits ? Pourquoi les parents les confient-ils à cet internat ? Direction Paris dans le 15e arr.
Ils sont toujours les premiers le lundi matin devant les grilles de l'école. 55 élèves de la maternelle au CM2 qui vivent ici toute la semaine, sans IGUFS parents. Le plus jeune, Cameron, sa première année de pensionnat. Comme lui, Nathan, 6 ans, est arrivé au mois de septembre. Et Marine-Océane, 8 ans, vit à l'internat depuis 2 ans. Ce sont des élèves comme les autres jusqu'à 16H30. A la fin des cours, eux, vont rester à l'école. Pour Marine-Océane et sa copine Shaïna, ce n'est pas toujours de gaieté de coeur.
Je n'aime pas l'internat.
Pourquoi.
Parce qu'on ne peut pas voir sa maman.
Moi j'aime beaucoup l'internat parce qu'on joue, on a sport.
Je préfère rester avec ma maman.
Pourquoi tu es ici.
Je sais pas.
Peut-être que ta mère doit travailler pour avoir plus d'argent.
C'est Régine et Louis qui s'occupent de l'internat. A peine arrivé, Nathan commence déjà à réclamer sa mère.
C'est dans trois dodos, ce soir, demain et après-demain. Après tu vois maman.
Ils sont la parce que leurs parents travaillent la nuit. Qu'ils ont des petits boulots ou qu'ils ont du mal à s'en sortir. Alors très vite, les enfants apprennent l'autonomie.
Je ne fais pas pour toi, tu le sais, tu dois faire comme un grand. Commence à te déshabiller et tes affaires dans le sac de linge sale. Dépêche-toi, comme d'habitude.
Cameron, le plus petit, se débrouille déjà comme un chef. Se déshabiller, se laver tout seul. Autant d'occasions qui les aident à grandir.
Tu vas mettre ton pyjama.
Et tous n'ont pas le même rythme.
Non, tu le mets à l'envers.
Au bout du couloir, un autre univers, celui des filles.
Elles ont pris plus le pli que les garçons.
J'ai envie que tu me coiffes.
Comment s'est passée ta journée.
Bien.
Le soir, avec la fatigue, apparaissent les coups de blues et les petits chagrins.
Tu peux faire un beau dessin à maman. Allez file, va laver les dents. Allez, on fait un bisou. A demain.
A tout à l'heure. J'arrive pas à dormir.
Tu comptes les moutons.
Sans ma maman, j'arrive pas bien a dormir. Je la vois que le samedi.
Tu fais quoi quand tu retrouves ta maman.
Je suis contente.
Les filles savent que Régine n'est pas la pour remplacer leur maman.
Tu vas me manquer.
Mais je suis là, je suis à côté de toi.
Elle travaille pour nous, pour nous bien élever.
Ces enfants sont d'autant plus attachés à leurs parents. Ne pas les voir au quotidien, ne pas les voir en permanence, ils débordent d'amour pour leurs parents. On essaie de compenser mais on compensera jamais. Ça va aller, maman va vite rentrer a la maison. Pleurs.
Sois pas triste. A demain les garçons.
Quand Cameron s'endort, sa maman commence sa journée. Elle a mis toutes ses économies dans ce restaurant, elle finit à 2H du matin, impossible pour elle de garder ses enfants. Elle a choisi l'internat pour Cameron et sa soeur, ça lui coûte 600 E par enfant et par mois.
C'est eux qui me donnent de la force quand je me réveille, je me dis que je n'ai pas droit à l'erreur.
Vous vous devez de réussir pour eux ? obligatoirement. Je leur dis que c'est dur.
Elle vous encourage.
Un sacrifice pour elle mais elle est sûre que l'internat est la meilleure solution pour Cameron. Le lendemain, réveil à 7H.
Allez, on se prépare.
En 15 minutes, il faut faire son lit, s'habiller. Une toilette de chat, un petit déjeuner vite avalé, le temps de quelques confidences avec la directrice. Elle leur fournit un cadre sécurisant.
C'est une confiance entre les enfants et les adultes. Les adultes ont toujours été fiables et quand ils le sont, on ressort solide.
C'est repartit pour une journée de classe. Pour rentrer à la maison, il faudra attendre vendredi soir.
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