Quatre questions sur Orange Bank, la banque qui veut bouleverser le secteur
L'opérateur téléphonique souhaite conquérir deux millions de clients d'ici dix ans.
"On est prêts. Et c'est le bon moment pour faire décoller une nouvelle banque." Dans les colonnes du Parisien, Stéphane Richard affiche sa confiance. Le PDG de l'opérateur téléphonique Orange détaille comment il compte s'implanter dans l'univers de la banque avec Orange Bank, lancée jeudi 2 novembre.
Une "banque vraiment gratuite (...), sans astérisques qui renvoient à des frais cachés" selon le patron du géant de la téléphonie. De quoi révolutionner le marché ? Franceinfo récapitule.
En quoi consiste l'offre d'Orange ?
Enclenché en 2016 avec l'acquisition des activités bancaires de Groupama, le lancement d'Orange Bank a pris son temps : d'abord évoqué pour début 2017, il a ensuite été annoncé pour juillet puis repoussé au 2 novembre.
Finalement, Orange Bank s'inscrit à la fois dans la lignée des banques en ligne type Boursorama Banque ou ING Direct, et dans la celle des néobanques comme C-Zam ou N26, qui proposent d'ouvrir rapidement des comptes courants à des prix cassés.
En pratique, Orange Bank propose à ses clients de créer gratuitement un compte courant lié à une carte bancaire, elle aussi mise à disposition gratuitement. La banque ne prélève pas de frais de tenue de compte si le client effectue au moins trois paiements ou retraits d'argent liquide par mois. Dans le cas contraire, il faudra payer cinq euros.
L'application mobile devra permettre les paiements sans contact dans la limite de 600 euros par opération, de mettre à jour immédiatement le solde du compte, de désactiver ou d'activer sa carte en un clic, de personnaliser son code secret ou de modifier ses plafonds de retraits et de paiement en temps réel. Pour attirer les curieux, Orange Bank offre également 80 euros lors de la création d'un compte, et 120 euros si vous êtes déjà abonné(e) Orange.
Est-elle vraiment gratuite ?
Si vous utilisez votre carte bancaire uniquement en France ou en Europe, la réponse est plutôt oui. Les retraits dans les distributeurs automatiques de billets de n'importe quelle banque de la zone euro sont effectivement gratuits, tout comme les frais d'ouverture et de clôture d'un compte, indique l'entreprise (PDF).
Plusieurs services restent en revanche payants. Les paiements par carte ou les retraits d'espèces hors zone euro, qu'il vous faudra activer préalablement, vous coûteront ainsi 2% du montant de la transaction. Le remplacement de votre carte bancaire avant expiration, et en dehors des cas de dysfonctionnement, vous coûtera également 10 euros.
Les virements en dehors de la zone Sepa (c'est-à-dire tous les pays de l'UE, même hors zone euro, plus Monaco, la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège, l'Islande et Saint-Marin) sont également facturés. L'émission d'un tel virement coûtera 25 euros, et la réception 15 euros. Des "frais de change" de 14 euros seront également appliqués sur les virements émis ou reçus dans d'autres monnaies que l'euro.
Enfin, Orange facturera cinq euros chaque opération que le client peut réaliser lui-même si elle est effectuée par un de ses conseillers (par chat, téléphone, courrier ou par un conseiller en boutique).
Et en cas de découvert ?
Là non plus, ça ne sera pas gratuit. Les frais d'agios facturés en cas de dépenses dans le cadre d'un découvert autorisé seront de 8%. Un taux "plutôt dans la moyenne basse du marché" selon Le Parisien, qui relève qu'Orange Bank ne facture aucune "commission d'intervention" en cas de dépassement de ce découvert autorisé.
Attention tout de même, si vous continuez à dépenser en dehors de la limite autorisée, les intérêts grimperont à 16%. Orange Bank facture aussi les chèques rejetés faute de provision (30 euros si le chèque est inférieur à 50 euros, et 50 euros au-dessus), ou encore 20 euros les rejets de prélèvement.
Quelles sont les ambitions d'Orange ?
Avec sa politique commerciale agressive, Orange Bank vise, selon son directeur général André Coisne, "deux millions de clients en dix ans", soit environ 25% du marché de la banque en ligne.
Pour arriver à cet objectif, l'entreprise est prête à perdre de l'argent : le projet devrait représenter un coût annuel de l'ordre de 100 millions d'euros pour Orange avant qu'il n'atteigne l'équilibre, attendu d'ici environ cinq ou sept ans. Mais Orange a les reins solides financièrement : ces 100 millions de dépenses par an constituent en effet un montant modique au regard des 7,5 milliards d'euros investis chaque année, relève Le Monde (article abonnés).
L'opérateur téléphonique ne devrait toutefois pas rester seul bien longtemps sur ce secteur. Le Parisien indique ainsi que le patron de SFR, Patrick Drahi, pourrait lui aussi lancer une banque en 2019.
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