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Viande de cheval : la Cour des comptes avait alerté bien avant

Le quotidien régional Le Télégramme révèle dans son édition de samedi que la Cour des comptes avait alerté, dans un rapport publié en juillet 2013, sur l'existence de "nombreux écueils dans la gestion de cette filière" équine. Le rapport évoquait des problèmes de traçabilité et de sécurité sanitaire notamment, avant même que n'éclate le scandale de la viande vendue comme du bœuf chez Spanghero.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (De nombreuses irrégularités dans la filière équine selon la Cour des comptes © Reuters/Charles Platiau)

L'alerte avait été lancée bien avant le scandale. C'est ce que révèle, dans son édition de samedi, le quotidien régional Le Télégramme , à propos de la filière équine. En effet, un relevé d'observations provisoires, rendu en juillet 2013 par la Cour des comptes, soulignait de "nombreux écueils dans la gestion de cette filière ".

Ce document, fruit d'un travail de plusieurs mois, et d'un rapport de la Brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP) datant de mai 2012, "montre des conditions de traçabilité et un suivi sanitaire défaillants, voire inexistants ". Au début de l'année 2013, la société Spanghero, basée à Castelnaudary (Aude), était éclaboussée par le scandale de la viande de cheval vendue comme du bœuf.

Plusieurs pratiques montrées du doigt

Dans son rapport, la Cour des comptes évoque de nombreuses pratiques suspectes, et potentiellement dangereuses en vue de la consommation par l'homme. Par exemple, "des cas d'abattage en France de chevaux volés en Espagne, de chevaux pour lesquels il était impossible d'identifier le dernier propriétaire, de carnet sanitaire falsifié, de chevaux impropres à la consommation mis sur le marché "...

"La traçabilité de cette filière apparaît peu fiable" (Cour des comptes)

La Cour des comptes pointait aussi le rôle des courtiers, qui a éclaté au grand jour lors de l'affaire Spanghero : "Ces rapports mettaient en exergue, bien avant les scandales sanitaires récents, les dérives potentielles de l'industrie agro-alimentaire. Ils ciblaient notamment le rôle des courtiers et donnaient l'exemple d'opérateurs vendant des produits destinés à l'alimentation animale à un courtier qui, ensuite, les revendait (cinq fois plus cher), sous la dénomination 'parure', à un atelier de produits transformés ". La sentence tombe ensuite : "Si les enquêtes (de la BNEVP) avaient été plus largement diffusées, cela aurait permis une prise en compte plus précoce d'infractions et de risques ".

Et maintenant ?

La publication de ces "observations" par la Cour des comptes n'est pas restée sans réponse. Toujours selon Le Télégramme , la Direction générale de l'alimentation (DGAL) a pris la peine de répondre, dans un document d'une vingtaine de pages, aux griefs formulés. Elle conteste notamment que les résultats des enquêtes dans la filière soient minorées : "Ils sont utilisés en interne lors de formations [...] ainsi qu'en externe puisqu'ils sont systématiquement présentés aux filières professionnelles concernées ".

Cela étant, le choc causé par l'affaire de la viande de cheval vendue comme du bœuf montre bien à quel point le sujet a fait une entrée choc dans le débat ; les différentes alertes ont été, sinon minorées, du moins peu médiatisées. Après ce document de juillet 2013, la Cour des comptes avait rendu public, en février dernier, un rapport complet sur la sécurité alimentaire en France.

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