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Portiques de sécurité pour les trains Thalys : "C'est inorganisé au possible"

Un mois après l'inauguration des premiers portiques de sécurité sur les quais de la gare du Nord, francetv info a demandé à des usagers ce qu'ils pensaient du dispositif.

Article rédigé par Marthe Ronteix
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des passagers arrivent sur le quai du Thalys à la gare du Nord, le 17 décembre 2015. (MAXPPP)

Depuis le 21 décembre 2015, la gare du Nord à Paris et celle de Lille-Europe (Nord) sont équipées de portiques de sécurité aux abords des quais du Thalys. Ces dispositifs, voulus par Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie, également chargée des Transports, ont été mis en place après les attentats du 13 novembre. Mais un mois après leur installation, le bilan est plutôt mitigé. En cause ? Les retards chroniques d'une quinzaine de minutes sur les trains Thalys, selon Europe 1, et une efficacité limitée.

"Avant, je pouvais arriver 5 à 10 minutes avant le départ de mon train. Mais vendredi dernier, je suis venue 30 minutes à l'avance et c'était juste, raconte Laurence, une jeune Grenobloise habituée du Thalys, qui travaille à Bruxelles (Belgique). Je ne vois pas comment ils peuvent faire passer des centaines de voyageurs en si peu de temps à travers les portiques."

"La France n'a pas les moyens de ses ambitions"

Pourtant, une centaine d'agents ont été déployés pour assurer cette nouvelle mission autour de sept portiques installés sur deux quais. Ils sont chargés de contrôler les bagages (passés au rayon X) et les passagers. Mais il semble que ce dispositif ne soit pas suffisant pour absorber le flux de voyageurs en partance Bruxelles, Amsterdam (Pays-Bas) ou Cologne (Allemagne), les trois principales destinations du Thalys.

"Nous n'arrivons pas à contrôler tous les passagers en 20 minutes et nous faisons un mix entre les contrôles systématiques et les contrôles aléatoires", a reconnu Rachel Picard, la directrice générale de Voyages SNCF interrogée par La Tribune. "C'est inorganisé au possible et les agents sont trop peu nombreux. Ce matin, j'ai attendu 45 minutes. La France n'a pas les moyens de ses ambitions", confirme Morgan, urologue dans un hôpital parisien.

"Je m'attendais à des contrôles drastiques"

Aux yeux de cet usager, ces contrôles sont bien trop laxistes pour être efficaces. "Soit on fait les choses correctement, soit on ne les fait pas du tout, plaide-t-il. Comment voulez-vous garantir la sécurité des passagers avec ce type de contrôle au portique alors qu'à l'aéroport le même contrôle est beaucoup plus complet ?" Le médecin ne décolère pas.

S'ils ralentissent les passagers, ces dispositifs de sécurité ne les rassurent pas pour autant. "Je m’attendais à des contrôles drastiques comme à l’aéroport et à des contrôles pendant tout le trajet, mais ça n'a pas été le cas du tout, s'étonne Paola, une étudiante de 24 ans qui a passé le week-end à Amsterdam (Pays-Bas). D'ailleurs, vendredi dernier, la queue était horrible à cause d'un bagage oublié. Et comme on a attendu une heure et que c’était bien le bazar, on n’est pas passés sous les portiques et ils n’ont contrôlé personne."

Laurence juge aussi le dispositif dérisoire "puisqu'il y a des contrôles à Paris mais qu'une fois arrivé à Bruxelles, il n'y a plus rien". Car la sécurité des trains est laissée à l'appréciation de chaque pays une fois la frontière franchie. En Belgique et aux Pays-Bas, seuls des contrôles aléatoires sont mis en place pour le moment.

"Qui va payer pour l'installation des portiques ?"

La plupart des habitués du Thalys empruntent la ligne Paris-Bruxelles pour des voyages d'affaire réguliers. Et ces usagers apprécient le confort du train. Mais pour Laurence, ce standing commence à se dégrader. "Si je prends le train plutôt que l'avion, c'est parce qu'il n'y a pas de restrictions pour les bagages et pas d'attente, explique-t-elle. Et puis j'aime bien le Thalys parce qu'il est confortable et généralement à l'heure. Mais si je perds autant de temps, je vais sans doute me rabattre sur la voiture, peut-être le covoiturage."  

Cette habituée craint aussi une augmentation des tarifs. "Qui va payer pour l'installation des portiques ? s'interroge Laurence. On va sans doute le ressentir dans le prix des billets. Parfois, l'avion est moins cher que le train donc je risque d'abandonner le Thalys si les prix, déjà élevés, augmentent."

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