Au technicentre SNCF de Bischheim, "on fait du neuf avec de l'ancien pour trois fois moins cher"
Les rénovations effectuées dans le centre de maintenance de Bischheim, dans le Bas-Rhin, permettent aux rames et motrices de TGV de reprendre les rails pendant 15 à 20 ans supplémentaires.
C'est déjà l'heure des réservations d'été si vous devez prendre le train ! La SNCF a commencé à mettre en vente, la dernière semaine de mars, les billets sur la période du 26 juin au 1er septembre. Si elle peut compter en théorie sur une flotte de 411 TGV pour transporter les voyageurs, de nombreuses rames sont vieillissantes. Un vaste plan a donc été lancé pour les rénover de A à Z et en reconvertir certaines en Ouigo, le modèle low cost de la grande vitesse.
Ce travail est mené par les équipes des technicentres de Hellemes dans le Nord, et de Bischheim près de Strasbourg, où s'est rendu franceinfo. Dans le centre de maintenance du Bas-Rhin, "c'est une quarantaine de rames qui passent annuellement", explique Alain Praxmarer, le directeur. Ici, un millier d'agents SNCF, d'intérimaires et de sous-traitants travaillent dans de vastes entrepôts à remonter pièce par pièce des TGV.
Pour chaque rame, c'est une transformation qui coûte entre 40 et 60 000 heures de travail.
Alain Praxmarer
directeur du technicentre de Bischheimà franceinfo
Toutes les rames sont d'abord entièrement désossées puis examinées sous la moindre couture. Des drones servent même de renfort pour certaines tâches. "Pour voir éventuellement en sortie de rame s'il n'y a personne qui a oublié quelque chose, voir au niveau chaudronnerie s'il y a des fissures", explique Michael Materne, expert SNCF en sécurité électronique. "Tout ce qu'un opérateur peut voir quand il est debout sur la caisse, nous on peut le voir avec le drone", poursuit-il.
Chaudronniers, électriciens... une trentaine de métiers interviennent sur les caisses des TGV aux allures de carcasses. Elles passent ensuite à la phase garnissage, c'est-à-dire l'aménagement intérieur des sièges à l'éclairage. Ces transformations colossales, que les rames soient reconfigurées en Ouigo ou en Océane plus luxueuses qui circulent sur la ligne Paris-Bordeaux, cela reste une bonne affaire pour la compagnie ferroviaire. "On est à 10 millions d'euros. On fait du neuf avec de l'ancien pour trois fois moins cher", résume Mathieu Kister, chargé d'une partie du projet rénovation. Le voyageur, quant à lui, ne doit y voir que du feu. "Le but est d'avoir les mêmes coloris, les mêmes sièges pour que le client ne se rende pas forcement compte quand il rentre dans la rame que c'est une rame neuve ou rénovée", explique sa collègue Séverine Lebot.
Renforcer la sécurité
Outre les voitures pour les voyageurs, il faut aussi évidemment rénover les motrices. Les locomotives des TGV ont déjà parcouru huit millions de kilomètres en moyenne. L'objectif, notamment, est de renforcer les dispositifs de protection. "Il faut savoir que l'on a pratiquement un choc par jour avec des sangliers, des biches", rapporte Benoît Lamey. L'ingénieur et les équipes du technicentre "travaillent déjà sur les matériaux pour avoir une matière qui va absorber l'énergie du choc". L'emplacement des équipements de sécurité est aussi au cœur des réflexions. "On a des antennes qui sont situées à l'avant du train et le but ce serait de la reculer derrière une étrave métallique, un chasse obstacle en fait qui permettrait de ne pas casser ces équipements de sécurité", détaille Benoît Lamey.
Les opérations de rénovation complète durent autour de 130 jours en moyenne. À terme, la SNCF espère réduire les délais. Les TGV qui sortent du technicentre de Bischheim peuvent ensuite reprendre les rails pendant 15 à 20 ans supplémentaires.
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