Carburants : "On n’est pas là pour ralentir la transition écologique mais il faut peut-être la rendre plus indolore"
Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités Territoriales auprès de la Ministre de la Cohésion des Territoires, était l'invité de franceinfo lundi 5 novembre. Il a estimé qu'il fallait "se lancer dans des solutions durables", et en finir "avec des mesurettes de court terme".
"On n’est pas là pour ralentir la transition écologique mais, effectivement, il faut peut-être la rendre plus indolore pour un certain nombre de nos concitoyens", estime Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités Territoriales auprès de la Ministre de la Cohésion des Territoires, invité de franceinfo lundi 5 novembre. "Assez des mesurettes de court terme, il faut se lancer dans des solutions durables", affirme Sébastien Lecornu, même s'il reconnaît qu'"il faut savoir entendre les incompréhensions ou les impatiences, lorsqu’elles s’expriment", alors que les protestations contre la hausse des prix du carburant se multiplient.
franceinfo : L’Élysée a demandé des mesures d’accompagnement pour les personnes contraintes d’utiliser leur véhicule pour se déplacer. Cela veut dire qu’il faut une réponse en urgence ?
Sébastien Lecornu : Non, c’est toujours la même chose : transition écologique et solidaire en même temps. Il faut tourner la page des hydrocarbures et du diesel, pour des raisons liées à la pollution de l’air, liées au réchauffement climatique, liées également à la souveraineté énergétique. Moi je suis gaulliste à la base et quand on voit que ce qui se passe au Proche et Moyen-Orient peut avoir des effets importants à la pompe, on voit bien que ces affaires d’hydrocarbures ne sont bonnes pour personne, y compris d’ailleurs pour le portefeuille des Françaises et des Français. Mais comme c’est une transition, ça veut dire qu’il faut qu’on tourne cette page. Moi j’ai 32 ans, j’aurais bien aimé qu’il y a 10 ou 15 ans, les gouvernements de l’époque, qui savaient déjà ce qui se passeraient sur les hydrocarbures, entament cette transition. Donc nous, malheureusement, il faut qu’on la fasse plus vite. Et pour la faire plus vite, il faut trouver des objectifs d’adaptation pour permettre aux plus modestes, qui sont prisonniers du déplacement par le diesel, de tourner cette page-là.
Vous ne voulez pas toucher aux taxes, mais que proposez-vous aux Français ?
Il y a des choses qui sont déjà sur la table et qu'on peut améliorer. Par exemple les chèques énergie. C’est 150 euros cette année, 200 euros l’année prochaine, pour 3,6 millions de Français, pour les aider à se déplacer et à se chauffer, qui est aussi un aspect qui rentre en ligne de compte. Il y a des primes de transition, pour changer de véhicule : 1 000 à 2 000 euros. Ça, ce sont les outils qui permettent de faire un changement, dans son domicile, dans son garage.
Après, il y a des choses qui existent pour les personnes concernées par un déplacement domicile-travail, notamment en lien avec les collectivités territoriales qui mettent en place des outils. Et le président de la République, en s’inspirant de cette philosophie, a demandé au gouvernement de faire des propositions pour justement combler un tout petit peu ces segments de population, de nos concitoyens, qui sont tenus par ces déplacements. Mais il ne faut pas de récupération politico-politicienne, il faut qu’on tourne la page de ces hydrocarbures. On n’est pas là pour ralentir la transition, mais effectivement, il faut peut-être la rendre plus indolore pour un certain nombre de nos concitoyens. Néanmoins, il faut prendre son élan et enjamber cette transition puisque si elle avait été engagée il y a 10 ou 15 ans, il y aurait beaucoup plus de véhicules hybrides, électriques ou à hydrogène dans notre pays. On est en train de prendre du retard et il faut rattraper ce retard.
Les Républicains proposent un chèque carburant prélevé sur les bénéfices des sociétés d’autoroutes, c’est faisable ?
Ça m’attriste un peu, ça ressemble à une subvention à la pollution, puisque ce serait un chèque sans condition. Et une fois de plus, c’est faire fi des difficultés liées au Proche et au Moyen-Orient : ça voudrait dire que dès qu’il y a une instabilité politique, il faudrait que le contribuable paie des subventions pour payer le carburant de l’autre côté ? Non. Il faut vraiment qu'on ait des solutions de long terme. Assez des mesurettes de court terme, il faut se lancer dans des solutions durables. Il y a une urgence sociale, elle est importante à entendre sur le pouvoir d’achat et sur les mesures d’accompagnement. Mais demandez à nos concitoyens de Saint-Martin qui ont connu Irma et Maria ou à nos concitoyens de l’Aude qui ont connu des phénomènes climatiques très puissants, le réchauffement climatique malheureusement donne aussi ses effets très directement auprès de nos concitoyens. Tout ça est lié. Je pense que nos concitoyens sont conscients de ça, donc la démagogie de nos opposants n’ira pas très loin. Mais une fois de plus, il faut savoir entendre les incompréhensions ou les impatiences, lorsqu’elle s’expriment.
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