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Pénurie de carburant : "On n’a pas le droit de mettre en danger des patients", déplore le président de la fédération des infirmiers

Daniel Guillerm décrit des situations "ubuesques" causées par la grève chez TotalEnergies et EssoExxonMobil. Selon lui, "certains patients prêtent leur voiture à l’infirmière pour qu’elle puisse travailler". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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File d'attente devant une station-service à Saint-Avold (Moselle), le 11 octobre 2022. (Bastien Munch - RADIO FRANCE)

"Le droit de grève est important, mais on n’a pas le droit de mettre en danger des patients et des vies", déplore jeudi 13 octobre sur franceinfo Daniel Guillerm, le président de la Fédération nationale des infirmiers. Il constate des cas de "ré-hospitalisations" car les infirmiers libéraux ne sont pas en capacité d’assurer la "continuité des soins" en raison des pénuries de carburant et des files d’attente à la pompe liées à la grève chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil. 

franceinfo : Les infirmiers libéraux arrivent-ils à travailler ?

Daniel Guillerm : La situation est critique dans certains territoires. On a cinq régions touchées : Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est, Occitanie et PACA. Ce sont des situations qui ne pourront pas durer sans qu’il n’y ait des ré-hospitalisations de patients. Les infirmières exercent leur travail 98% du temps au domicile des patients. Dans les zones rurales sans transport en commun, c’est particulièrement compliqué. J’ai d’ailleurs le cas dans les Hauts-de-France avec deux cabinets qui ont commencé à ré-hospitaliser des patients. Et il y a d’autres situations ubuesques. Certains patients prêtent leur voiture à l’infirmière pour qu’elle puisse travailler. Emmanuel Macron nous dit que la situation reviendra à la normale dans une dizaine de jours. Nous, c’est une question d’heure.

Comment s'adapter ?

Certains de nos patients âgés ont des visites quotidiennes, voire pluri-quotidiennes et si nous ne sommes pas en capacité de leur assurer une continuité des soins, il faudra les hospitaliser. Côtés infirmiers, on essaie de rationaliser les déplacements, d’économiser au maximum et de mutualiser si possible. On aura certainement des territoires où ce sera difficile. Le droit de grève est important, mais on n’a pas le droit de mettre en danger des patients et des vies.

Vous faites pourtant partie des professions prioritaires à la pompe…

On a l’impression d’une gestion de la pénurie chaotique, anarchique et incohérente. Certaines préfectures ont oublié de mettre la profession d’infirmière libérale dans leur liste de métiers prioritaires. Certains départements ne sélectionnent que les véhicules sérigraphiés comme le SAMU ou Taxi Ambulance alors que les infirmières libérales ont très souvent des véhicules lambda. Nous, on réclame des stations dédiées pour les professionnels soignants sur présentation d’un justificatif bien entendu. Aujourd’hui, on se retrouve parfois dans des files qui durent deux heures !

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