Entrée des Pays-Bas au capital d'Air France-KLM : "Il y a encore une défiance du côté néerlandais sur la stratégie du groupe", selon la CFDT
Le secrétaire général de la CFDT d'Air France, Christophe Dewatine, s'étonne, mercredi sur franceinfo, d'une participation "en catimini" de la part de l'État néerlandais.
Le gouvernement néerlandais a secrètement acheté, mardi 26 février, pour près de 700 millions d'euros d'actions Air France-KLM, une alliance franco-néerlandaise. Les parts appartenant aux Pays-Bas ont grimpé en flèche pour atteindre 13%, égalant presque les 14,3% d'actions appartenant à l'État français. Un geste "inamical et surprenant", selon Bercy. Christophe Dewatine, secrétaire général de la CFDT d'Air France, était l'invité de franceinfo mercredi 27 février.
franceinfo : Quelle a été votre première réaction en découvrant cette part de participation de l'État néerlandais ?
Christophe Dewatine : Une grande surprise. On a découvert ça hier [mardi] dans des articles de presse. On avait l'impression que le bras de fer entre Benjamin Smith et Pieter Elbers s'était atténué avec l'acceptation du projet de gouvernance par le conseil d'administration du groupe Air France-KLM. On avait l'impression d'en sortir avec un compromis accepté par l'ensemble des parties prenantes.
Qu'est-ce qui vous interroge le plus ?
On n'a pas d'opposition à ce que les États rentrent au capital du groupe, on est même plutôt favorables à cet état de fait. On peut se poser la question : pourquoi le faire en catimini ? Ça tend à dire, quand même, que les différences d'appréciation sur la stratégie portée par Ben Smith ne sont pas complètement gommées et qu'il y a encore une défiance du côté néerlandais sur la stratégie du groupe Air France-KLM. C'est une manière de dire 'on veut peser sur la stratégie'. Si l'État néerlandais rentre au conseil d'administration du groupe Air France-KLM dans un état d'esprit d'apaisement, de soutien au transport aérien européen, on n'y voit pas de problème. Or, la manière dont cela a été fait ne nous donne pas l'impression que c'est une prise de participation capitalistique pour apporter son soutien à la stratégie du groupe.
Croyez-vous à la version néerlandaise qui avance que l'idée était de protéger, de sauver l'aéroport d'Amsterdam ?
Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a jamais eu de volonté de la part des directions qui se sont succédées au sein du groupe d'arrêter l'aéroport. Je ne suis pas là pour évoquer les positions politiques, je veux évoquer la situation des salariés d'Air France. Si la présence de l'État dans une entreprise privée, à hauteur de 14% d'un côté et 14% de l'autre, préservait l'emploi, ça se saurait. Ce qui préserve l'emploi, c'est la stratégie de conquête d'Air France-KLM et le développement du transport aérien tel qu'il semble être porté aujourd'hui. On n'a pas eu de retour d'inquiétude des salariés, mais il y a des questionnements.
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