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Grands aéroports taxés au nom du climat : "Nécessairement, il y aura une inflation sur les prix des billets", prévient le président de l'Union des aéroports français

La nouvelle taxe prévue par le gouvernement concerne les aéroports de Paris, Nice, Marseille et Lyon.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Thomas Juin, président de l’Union des Aéroports Français (UAF), et directeur de l’aéroport de La Rochelle (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Nécessairement, il y aura une conséquence, une inflation sur les prix des billets", a prévenu Thomas Juin, président de l'Union des aéroports français, jeudi 28 septembre sur franceinfo. Au nom de la transition écologique, le budget 2024 prévoit en effet une nouvelle taxe sur les concessions d'autoroute et les grands aéroports, à partir d'un certain niveau de chiffre d'affaires. Cela concerne les aéroports parisiens et ceux de Nice, Marseille et Lyon. "Quand vous avez une fiscalité qui augmente d'une telle ampleur, à un moment donné, il y a une répercussion sur le passager", a estimé Thomas Juin. Cette taxe sur les grands aéroports pourrait également avoir des conséquences sur la vitesse avec laquelle le secteur va s'engager dans le décarbonation, selon lui. "Ce n'est pas une forme de chantage", s'est-il défendu. "Les aéroports ne font pas de surprofits" et "doivent assumer des investissements extrêmement importants", a-t-il justifié.

>> Budget 2024 : le groupe Aéroports de Paris va répercuter la nouvelle taxe annoncée par le gouvernement sur les compagnies aériennes

franceinfo : Au final, c'est le passager qui risque de mettre la main à la poche ?

Thomas Juin : Nécessairement, quand vous avez une fiscalité qui augmente d'une telle ampleur, à un moment donné il y a une répercussion sur le passager. Il faut savoir que le passager paye l'essentiel, au final, des coûts qu'il peut y avoir dans le secteur. Ça lui retombe dessus !

Ça sera une hausse de combien ?

Je ne peux pas vous le dire aujourd'hui puisqu'on est dans un secteur très régulé. Nous ne pouvons pas augmenter non plus comme on le souhaite. Cela doit être validé notamment par l'Autorité de régulation des transports. Mais en tout cas, nécessairement, il y aura une conséquence, une inflation sur les prix des billets qui ont déjà augmenté de 22% en un an compte tenu de l'inflation des coûts, à la suite de à la crise sanitaire.

Comme les sociétés d'autoroutes, vous allez contester cette mesure devant le Conseil d'État ?

Nous ne sommes pas sur le même régime que les sociétés d'autoroutes. Il y a pour nous une possibilité en effet de répercuter sur les compagnies aériennes tout d'abord, puis les compagnies pourront répercuter sur les passagers. Si nous devions faire un recours, ce sera décidé dans quelques jours, c'est sur le texte lui-même.

Cette taxe intervient à un moment où le secteur est en forte croissance. Vous ne pouvez pas l'absorber ?

Il y a deux ans, nous étions tous en train de voir comment le secteur allait se remettre. Il se remet en effet peu à peu, mais il faut savoir qu'en 2023, nous ne serons toujours pas au niveau de 2019 sur l'ensemble des aéroports français. Il faut raison garder. Nous sommes dans un secteur éminemment international, où il y a une compétition très forte. Toute fiscalité supplémentaire mise sur un secteur en particulier en France, nécessairement, nous préoccupe.

Vous êtes susceptible de réduire vos investissements prévus initailement pour décarboner le secteur ?

Il y a une feuille de route pour la transition énergétique qui a été remise au gouvernement en ce début d'année. Nous sommes d'ailleurs le premier secteur à avoir remis cette feuille de route. Elle prévoit en effet des investissements considérables, tant publics que privés.

"Une telle mesure va conduire les aéroports à réviser une partie de leurs investissements et ceci pourrait avoir des conséquences sur la vitesse à laquelle la décarbonation peut avoir lieu."

Thomas Juin, président de l'Union des aéroports français

à franceinfo

Ce n'est pas une forme de chantage à l'écologie ?

Ce n'est pas une forme de chantage. Il faut savoir que les aéroports ne font pas de superprofits. Les aéroports doivent assumer des investissements extrêmement importants, non seulement dans la transition énergétique, mais également dans leur modernisation. Ce n'est pas un chantage, c'est simplement que face à une mesure d'une telle ampleur, les aéroports sont en train de regarder dans quelle mesure ils vont pouvoir confirmer la vitesse dans laquelle ils s'étaient fixés pour décarboner leurs activités. On est sur une activité qui demande de très gros investissements et nous avons besoin de visibilité, de confiance, de sérénité. Une telle mesure n'est pas un très bon signal envoyé aux investisseurs privés dont nous avons besoin pour assumer nos investissements.

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