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Vidéo "Gilets jaunes" : le mouvement va coûter de "deux à quatre milliards d'euros" à l'économie française, selon le Medef

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Article rédigé par franceinfo
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Selon le vice-président et porte-parole du Medef Fabrice Le Saché, invité lundi sur franceinfo, l'ensemble du mouvement des "gilets jaunes" pourrait coûter de 0,1% à 0,2% de PIB.

Deux jours après un nouveau samedi de mobilisation des "gilets jaunes" marqué par de nombreuses violences sur les Champs Elysées à Paris, le vice-président et porte-parole du Medef Fabrice Le Saché affirme lundi 18 mars sur franceinfo que l'ensemble que "ce mouvement va coûter cher à l'économie puisqu'on estime entre 0,1% et 0,2% de PIB, ça représente 2 à 4 milliards d'euros".

franceinfo : Quelle est la réaction du Medef après les violences en marge de la manifestation des "gilets jaunes" samedi à Paris ?

Fabrice Le Saché : Notre première réaction, c'est celle de citoyens et on tient à exprimer toute notre solidarité à l'égard des forces de l'ordre qui font face à une ultra violence. Il faut que ces forces de l'ordre sachent que face à eux il y a peut-être des milliers de casseurs mais nous, nous sommes des millions à construire ce pays. Notre deuxième réaction, c'est la consternation face à l'absurdité de ces actions violentes. Lorsqu'on s'en prend au Fouquet's, on ne s'en prend pas à un symbole, on s'en prend à un outil de travail. Qui ce matin va être face aux salariés devant la casse qui a eu lieu samedi, l'annulation des réservations, les sous-traitants du Fouquet's ? Parce que j'entends ici ou là, sur les réseaux sociaux, "Ce n'est que le Fouquets, ce ne sont que des magasins de luxe". Mais les magasins de luxe, l'industrie de la mode, c'est 40 000 emplois dans notre pays, c'est 2 500 entreprises, c'est une de nos premières exportations, c'est de la fabrication en France.

Certains manifestants justifient ces violences en disant qu'elles s'attaquent à des symboles du capitalisme et de l'argent roi. Qu'en pensez-vous ?

On meurt de cette caricature. On a besoin des entreprises. On a besoin des grandes entreprises. Les 100 plus grands groupes français emploient 2 millions de personnes dans ce pays. Donc je ne sais pas ce qu'on cherche à faire mais c'est un peu marquer des buts contre son camp et il faut sortir de cette spirale assez rapidement. Je ne sais pas si c'est le grand capitalisme. Mais les cafetiers, les kiosquiers, les commerçants qui sont dans les rues adjacentes des Champs-Elysées, l'ensemble des commerçants parisiens et puis tous les commerçants des centres villes de France puisqu'il y a plusieurs villes qui sont touchées : c'est sur l'ensemble du territoire qu'on trouve ces problèmes, et on n'est pas dans le grand capital.

Avez-vous chiffré les conséquences des manifestations des "gilets jaunes" ?

On sait déjà que ce mouvement va coûter cher à l'économie puisqu'on estime entre 0,1% et 0,2% de baisse du PIB, cela représente 2 à 4 milliards d'euros. Tout le monde comprend que c'est une destruction de richesses et que derrière ça il y a des contrats qui sont perdus par les entreprises, il y a des emplois qui sont supprimés, il y a des innovations qui ne seront pas financées. Je veux bien qu'on dise qu'on est dans des chiffres et qu'on dise que c'est toujours abstrait, mais il y a des réalités derrière qui se cachent, des réalités humaines et on en a les coûts immédiatement sur le terrain. Et puis ce sont quand même 50 000 personnes qui sont au chômage partiel avec cette crise.
C'est vraiment dommage parce que c'est un moment où l'économie repartait, on est à un taux historiquement bas de chômage, 8,8%. Cela fait dix ans qu'on n'a pas connu ce chômage bas. Cette année on va avoir 1,5% de croissance, l'Allemagne 1%. Le nombre d'apprentis augmente. Donc il y a des choses qui se passent bien dans ce pays. Il fallait accélérer, il faut continuer les réformes sur la fiscalité notamment. Vous savez qu'on est le pays avec le plus de prélèvements obligatoires d'Europe, des pays de l'OCDE, une fiscalité très forte sur les entreprises. (…) Il ne faut pas être idéologique. Nous, on n'est pas idéologiques au Medef, on est pragmatiques, on n'est pas contre la fiscalité mais il faut une fiscalité intelligente qui ne soit pas assise sur les facteurs de production mais qui frappe, qui grève les entreprises une fois la richesse créée.

Avez-vous des solutions pour répondre aux revendications des "gilets jaunes" ?

[C'est] le pouvoir d'achat qui motive aussi cette crise des "gilets jaunes" et il faut s'en sortir. Au lieu de toujours se tourner vers le gouvernement, nous aussi on a des responsabilités et des solutions. Au Medef on a annoncé un plan de neuf milliards d'euros, c'était Action logement, il y a quelques semaines. Pour la mobilité, les entreprises versent plus de huit milliards d'euros sous forme du versement transport. La moitié des transports franciliens sont financés par les entreprises. Donc il y a peut-être quelque chose à faire pour réorienter une partie de ce flux vers les zones rurales. Vous savez que dans les zones rurales, les salariés utilisent leur voiture. Ils font plus de 20-30 kilomètres, ça dépend des zones, par jour. Donc on a des solutions pragmatiques, opérationnelles à proposer, et demain, le président du Medef présentera les 40 propositions issues des 133 grands débats qu'on a organisés avec la CPME et les chambres de commerce.

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