Réflexion faite : du bon usage de la colère
Le mouvement de contestation des "gilets" jaunes se poursuit. Personne ne sait quand cette colère va retomber. Analyse de "la colère" avec Martin Legros, rédacteur en chef de "Philosophie Magazine" et invité du Soir 3.
"La colère est une passion, c'est un sentiment d'irritation contre ce qui nous blesse", expose Martin Legros, rédacteur en chef de "Philosophie Magazine", qui vient expliquer le sentiment de colère dans la rubrique "Réflexion faite" du Soir 3. "Mais la colère est une passion 'active'. Si la colère est quelque chose d'instinctif (...) elle suppose une délibération. Pour Sénèque, 'la colère ne naît que là où il y a place pour la raison'. Je dois d'abord constater, comprendre intellectuellement que j'ai subi une offense ou une injustice pour ensuite me mettre en mouvement, quitte à être emporté par ce mouvement. (...) Mais cet emportement a besoin du consentement de l'esprit", ajoute-t-il.
La colère différente de la haine
Est-ce que la colère peut être utile ? "Aristote se demandait s'il pouvait y avoir de justes colères. (...) Un homme qui s'emporterait à tout-va se discrédite, mais un homme qui ne réagirait jamais à l'offense serait inhumain et lâche par rapport à lui-même. La colère devait être juste dans ses causes, mais modérée dans ses effets selon Aristote. C'est ce qui distingue la colère de la haine. La haine vise à vaincre l'autre, la colère cherche à faire connaître un préjudice et une situation", précise Martin Legros, qui conclut en citant Aristote : "La colère est le désir douloureux de se venger publiquement d'un mépris manifesté publiquement à notre endroit ou à l'égard des nôtres, ce mépris n'étant pas justifié".
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